Tributaires des tourments de l'Eglise, les artistes religieux français durent se confronter à une pénurie de commandes après 1880, les uns s'éloignèrent du domaine religieux, les autres se contentèrent de maigres contrats sporadiques dans les églises rurales. Jacques Pauthe ? grande figure du décor religieux entre 1865 et 1880 ? secondé par son fils Paul, obtint grâce à d'heureuses conjectures plusieurs commandes dans le Tarn. Celles-ci liées pour la plupart à l'épiscopat albigeois de Mgr Ramadié ? protecteur et mécène de l'artiste depuis 1865 ? conférèrent les dernières lettres de noblesse à une carrière entièrement consacrée à l'Eglise. Déjà très actif dans le département par son origine castraise, Pauthe y entreprit quatre derniers décors relativement importants aux alentours des années 1880. Un contrat obtenu pour l'église st Jean de Vénès en 1875, deux autres consécutifs pour la chapelle de l'institut st Etienne de Valence d'Albigeois en 1880-1881 et pour l'église N-D du Lac de Puylaurens la même année. La dernière réalisation tarnaise dans l'église St Pierre de Peyregoux synthétise par bien des aspects l'art des Pauthe mais symbolise aussi la fin d'une époque autant au point de vue religieux qu'artistique. Elle cristallise de façon éloquente la manière de Jacques Pauthe et les aspirations de Paul dans un même programme ; ceci en révèle forcément son originalité mais aussi sa valeur historique.
[...] Aujourd'hui redécouvert pour leur indéniable qualité, l'ensemble iconographique de Pauthe père et fils mérite une attention particulière, dans les considérations artistiques bien sûr, mais aussi dans la réflexion historique et sociologique des campagnes tarnaises de la fin du XIXe siècle. Samuel TOUTAIN Doctorant en histoire/histoire de l'art On peut consulter la synthèse d'E. Amiot-Seigner dan son livre la peinture religieuse en France 1873-1879 qui met en évidence la pénurie après cette période malgré la caractère élitiste et parisien qu'elle développe de l'art religieux. [...]
[...] L'artiste a aussi employé plusieurs figures du dôme du Val de Grâce peint par Pierre Mignard (1612- 1695) en 1663 comme l'archange ou encore st Jean Baptiste. C'est en définitive une composition de haute facture unique dans la carrière de Pauthe, certainement la plus réussie de toute l'église de Peyregoux. Le XVIIIe siècle et le XIXe siècle C'est assurément dans l'art religieux du XVIIIe siècle que Jacques Pauthe a le plus amplement puisé[9]. Les peintures de Jouvenet (1644-1717) semblent avoir eu un grand attrait sur Pauthe qui en reprendra plusieurs tout au long de sa carrière. [...]
[...] Pour le choix de l'artiste, on doit citer ici en premier lieu le curé Ginestet, desservant de Peyregoux dès 1875, qui officia peu après dans la paroisse st Jean de Vénès. L'église de cette dernière, parée en 1875 d'un décor intégral par Jacques Pauthe, fut manifestement un vecteur déterminant pour les peintures de Peyregoux. En cette période où la relation épistolaire et les contacts au sein du clergé étaient extrêmement forts, il est probable que Ginestet eut vent des plus récentes créations des Pauthe dans le Tarn en 1880 et 1881[5]. [...]
[...] Ces caractéristiques s'accroîtront d'ailleurs dans ses productions après Peyregoux ; s'agit-il d'une demande du clergé pour un art religieux populaire ou bien d'une volonté manifeste de l'artiste engendré par les mutations de l'Eglise, de la France et des nouveaux enjeux sociaux ? Rafraîchies par Combettes vers 1900[12] et restaurées à nouveau à l'orée du XXIe siècle, les peintures de Pauthe dans l'église de Peyregoux sont un témoignage inestimable en qualité d'art mémoire et dans sa représentation particulière de la spiritualité. [...]
[...] La scène, st Pierre et st Jean guérissant un boiteux, peinte dans le chœur, est aussi reprise du même ouvrage. C'est sans doute dans l'œuvre d'Hyppolite Flandrin que Pauthe a repris les grands anges glorificateurs aux phylactères présents dans le chœur et le transept. Par deux fois Pauthe décidera de copier les frises exécutées à st Vincent de Paul par Flandrin, la première à Navès vers 1850 et dans la chapelle de l'institut st Etienne de Valence d'Albigeois[10]. Considéré comme le grand artiste chrétien français du XIXe siècle par la majorité du clergé, il ne fut pourtant qu'assez peu gravé et copié par les artistes notamment par la sobriété presque austère de ses compositions religieuses Innovation et personnalisation : valeur dans l'œuvre de Pauthe Perspectives ornementales et figuratives aliénées : un ensemble abouti La particularité du décor de cet édifice en plus de la dualité des esthétiques réside dans l'abondance des motifs ornementaux créés autour des sujets. [...]
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