Depuis longtemps, l'Orient est représenté dans l'imaginaire européen comme le lieu de fantaisie, plein d'êtres exotiques, de souvenirs et de paysages obsédants, d'expéditions extraordinaires. L'Orient correspond en fait à l'ensemble des pays situés à l'Est de l'Europe et aussi à certains pays du bassin méditerranéen ou du Sud de l'Europe centrale.
L'orientalisme peut se définir comme la connaissance de l'histoire, de la civilisation, des langues, de la littérature, et des Beaux arts des peuples orientaux. En peinture, c'est un courant artistique qui prend naissance au XIXe siècle, dans le contexte des voyages, rendus de plus en plus aisés par la navigation à vapeur et le chemin de fer. Ce courant s'intéresse plus particulièrement aux pays du sud de l'Europe, puisque c'est là que l'Europe possède le plus de colonies.
Le critère d'appréciation de la peinture orientaliste est d'abord celui de la vraisemblance, mais il est fortement lié aussi aux sentiments qu'éprouve l'artiste face à ces paysages, ces êtres jusqu'alors quasiment inconnus.
Il y a comme une sorte d'engouement pour l'Orient au XIXe siècle. Maurice Barrès en 1923 écrit : « Je n'y vais pas chercher des couleurs et des images, mais un enrichissement de l'âme. ». Cet engouement se manifeste dans la littérature avec des oeuvres comme Un Voyage en Orient (1851) de Gérard de Nerval, le Roman de la Momie (1857) de Théophile Gautier (une fresque littéraire sur une Egypte idéalisé), Salammbô (1862) de Gustave Flaubert, écrit après un voyage en Turquie et en Egypte en 1849-51. Mais l'attrait pour l'Orient semble prendre tout son sens dans les peintures magistrales et dépaysantes d'artistes comme Delacroix, Gérôme et Ingres (ce dernier n'ayant pourtant jamais visité l'Orient).
Les circonstances historiques engendrent cette exploration des territoires. En effet, l'Europe s'implante progressivement, au détriment de l'Empire ottoman, sur les bords de la Méditerranée. Théophile Gautier en 1845 parle ainsi de « ce beau lac bleu dont nous possédons aujourd'hui les deux rives ». La colonisation de l'Afrique commence dans les années 1830 et se poursuit jusqu'en 1910. Napoléon III organise de grandes expéditions. De 1830 à 1875, l'Algérie est conquise. Cette implantation se fait par les diplomates ou par les soldats, mais aussi par les savants. Le rôle des artistes est donc à replacer dans ce contexte de colonisation.
Faut-il pour autant considérer ces oeuvres orientalistes comme l'expression d'un « art colonial »?
→ Tout d'abord l'orientalisme se veut réaliste. Il s'agit de décrire les paysages, les us et coutumes de l'Orient le plus fidèlement possible.
→ Mais ce courant artistique devient vite le refuge des fantasmes des Occidentaux. En effet, les scènes de harem, hammam, les femmes séduisantes, abondent dans les représentations orientalistes.
→ Ainsi, il semble donc que l'Occident se soit approprié l'Orient. Mais dans quelle mesure alors ce mouvement est-il lié au passé colonial ?
[...] Tout y conduit : aussi bien sur le plan politique, avec la volonté de restauration monarchique et religieuse, que sur le plan littéraire, avec le rôle de personnalités comme Chateaubriand, et que sur le plan artistique avec l'orientation des commandes officielles. Ces circonstances ont donc un effet sur la représentation de l'Orient. En effet, les croisades légitiment l'offensive du monde chrétien. Certains peintres ont même traité les deux sujets : d'une part les croisades du Moyen Age et de l'autre les expéditions en Orient, comme Delacroix, Schnetz ou Robert-Fleury. A l'exposition coloniale de 1931, une galerie est même construite pour ces œuvres. Celle-ci est très populaire auprès des visiteurs. Elle retrace le début du rayonnement français qui conduit jusqu'à Lyautey. [...]
[...] Les peintres orientalistes représentaient ces femmes, plutôt minces, dotées de séduisantes courbes. Elles sont souvent représentées en train de boire du thé ou du café avec à l'occasion une coupe de fruits près d'elles, mais jamais en train de manger un vrai repas, pas même de grignoter des pâtisseries. Cette oisiveté évoque d'ailleurs d'une façon frappante l'existence des femmes de la bonne société occidentale à la même époque. CF. œuvre d'Eugène Giraud, nommée Intérieur de harem égyptien (femmes se prélassent, femme de droite indolente, parées de bijoux, présence du thé . [...]
[...] En effet, d'après Léonce Bénédite, qui fut conservateur au Musée du Luxembourg à partir de 1892, la vocation des artistes qui se sont rendus en Orient fut toujours d' apporter à l'art un afflux nouveau d'impressions inédites et fortes Mais il fut aussi question selon lui de servir les intérêts les plus immédiats du pays, en entreprenant, par le prestige de l'art, la fascination de l'image, la propagande la plus efficace en faveur des nouveaux empires qui prolongent notre patrie au-delà des mers Il s'agit de faire connaître l'image des pays colonisés, mais aussi de mettre en valeur les patrimoines locaux. L'exposition coloniale de 1931 exposera toutes ces œuvres orientalistes, en inaugurant le musée des Colonies en lisière du bois de Vincennes. Il deviendra en 1935 le musée de la France d'outre-mer, où le passé orientaliste tiendra une grande place. [...]
[...] Elle travaille avec des reproductions d'œuvres du XIXe siècle, elle en isole les figures féminines avec ironie. Ainsi, Double Action Series for Oriental Fantasies, est une installation contenant trois tableaux représentant systématiquement le même fragment du Marché d'esclaves de Gérôme. Cette œuvre est censée remettre en question la vision des peintres orientalistes du XIXe siècle et la femme image qu'ils avaient créée. Bibliographie L'univers des orientalistes, Gérard-Georges Lemarire Les orientalistes peintres voyageurs, Lynne Thornton Les Orientalistes, Christine Peltre, Hazan Les peintres orientalistes, Michelle Verrier, Flammarion L'orientalisme. [...]
[...] Celle-ci est en partie due au développement de la science ethnographique. L'ouvrage du savant anglais Edward William Lane, Account of the Manners and Customs of the Modern Egyptians (Etude des manières et des coutumes des Egyptiens modernes), paraît en 1836 et trouve un réel écho dans le milieu artistique. Lane fait un voyage en Egypte après avoir étudié l'arabe et s'installe au Caire, loin du quartier franc. Il dit en effet dans l'introduction de son ouvrage : J'ai vécu comme ils vivent. [...]
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