L'exposition Sous le soleil, exactement. Le paysage en Provence, du classicisme à la modernité (1750-1920) propose une synthèse de la peinture en Provence, depuis la fin du dix-huitième siècle jusqu'au début du vingtième en s'intéressant principalement au paysage et à la lumière à travers les mouvements artistiques du classicisme, du naturalisme, de l'impressionnisme et du cubisme.
Actuellement au Musée des Beaux-Arts de Montréal, elle regroupe quelques 200 oeuvres, dont 154 tableaux, de plus de soixante artistes. Outre Vincent Van Gogh et Paul Cézanne dont plusieurs oeuvres ont fait l'objet de prêts exceptionnels, figurent Hubert Robert, Joseph Vernet, Émile Loubon, Claude Monet, Auguste Renoir, Paul Signac, Albert Marquet, Charles Camoin, André Derain, Raoul Dufy et Georges Braque.
Cette exposition permet de retracer le paysage provençal de 1750 à 1920, en montrant l'attrait du Midi qui développa un genre pictural grâce à l'école de Marseille.
[...] Dans les années 1880, Cézanne à l'Estaque puis à Aix ou Van Gogh en Arles et à Saint Rémy faisaient figurent d'exception en quittant Paris pour la Provence dont ils allaient faire les hauts lieux du néo-impressionnisme. En 1905, c'est le critique Louis Vauxcelles qui nous rappelle que les peintres subissent l'attrait du Midi : ils y ont tous filé, semblables à une bande d'oiseaux migrateurs. De l'impressionnisme au pointillisme, du synthétisme d'un Gauguin à l'expressionnisme d'un Van Gogh, d'un fauvisme comme celui de Derain aux premières toiles cubistes de Braque, tout l'art moderne semble s'accrocher sur les rives méditerranéennes, et il apparaît alors Paul Cézanne, moteur de cet attrait pour le Midi. [...]
[...] il rêvait de jouer un rôle équivalent à celui tenu par Loubon auprès de la génération précédente. Ce grand bourgeois réussit un rapprochement exemplaire du public et des artistes, qu'ils côtoient dans leurs ateliers, dans une expérience nouvelle ayant le Cercle artistique pour champ d'action. Les peintres y apportent leurs esquisses et commentent leur travail à la bourgeoisie locale. Cette sollicitude étouffe la productivité artistique locale. Les artistiques manquent d'autonomie et passent au second rang. L'exposition de 1882 est révélatrice d'un état d'esprit ambigu. [...]
[...] C'est avec ses ingrédients qu'il impose la vision de la Provence au Salon de Paris. Emile Loubon transmet à ses élèves, l'image abrupte, son goût pour les contours découpés, une palette lumineuse et des ombres dansantes. Exploitant les effets de texture, il donne à la peinture le moyen d'associer le toucher et la vue. En 1859, le triomphe de Mirèio apporte la légitimité qui manquait aux tableaux de Loubon. Frédéric Mistral, qui désigne la Provence comme l'empire du soleil la révèle dans un excès : Mireille, épuisée, meurt, frappée d'insolation en traversant la Crau immense et pierreuse Autant Loubon, jouant un rôle unificateur, avait su donner avec souplesse une direction, un programme, insuffler un idéal à l'école marseillaise si vivante, si enthousiaste dans les années soixante, amoureuse du soleil, lancée avec ardeur dans l'étude des types et des sites du midi, autant la dispersion des chefs et l'éclatement des initiatives caractérisent la création des années quatre-vingts. [...]
[...] Plus vieux de quelques années, Jean-Joseph Kapeller (1702-1790) avait déjà mis en place cette façon de travailler, dans des tableaux un peu «vénitiens où le détail n'empêche pas la grandeur. Charles-François GRENIER de LACROIX, dit LACROIX de MARSEILLE (1782) VUE D'UN PORT MÉDITERRANÉEN IMAGINAIRE. Avec leurs rochers clairs ou sombres, leurs masses abruptes et leur ligne d'horizon lointaine, Les gorges d'Ollioules que peint Hubert Robert en 1783 domine un espace plus grand (le tableau ne fait pas partie de l'exposition de Montréal). [...]
[...] En 1888, l'Association des artistes marseillais organise une exposition de leurs œuvres et se détache du Cercle artistique. Mais ces manifestations se privent de l'exemple de la création nationale et refusent les peintres étrangers à la région. La décentralisation poussée jusqu'au protectionnisme, limite en Provence l'horizon des peintres marseillais. En fait, nul n'était mieux placé qu'un artiste pour se mettre à la tête du mouvement local, à l'instar de Loubon. Une délégation de peintres marseillais prospecte un chef de file. Courdouan été trop vieillissant et n'avait plus l'énergie, ni le goût d'un organisateur. [...]
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