Né en 1871 au sein d'une famille de banquiers belges, Adolphe Stoclet, est devenu ingénieur civil des chemins de fer et vit à Vienne au début du XXe siècle où il mène à bien un projet ferroviaire. Mécène, amateur d'art, c'est là qu'il rencontre l'un des maîtres de la Sécession viennoise et l'architecte de son futur palais, dont il partage les conceptions artistiques et les goûts avant-gardistes : Joseph Hoffmann.
Vienne, capitale impériale de l'Autriche – Hongrie, s'affirme alors, dans « l'international balance of cultural power », comme un foyer de la modernité sceptique et de l'élégance culturelle, et s'y concentre de nombreux artistes majeurs. Un réseau d'intellectuels et de familles de la grande bourgeoisie libérale y constitue, par le biais de salons inspirés de ceux de la fins des lumières, du mécénat, des chroniques journalistiques et des sociétés culturelles, un espace public singulier, lieu d'un extraordinaire foisonnement d'innovations dans le domaine des sciences et des arts.
Dans le domaine des arts appliqués, le point de départ de la modernité viennoise peut se dater précisément en 1897, lorsque Gustav Klimt, à la tête d'un groupe d'artiste déclenche la révolte contre le monde de l'art traditionnel lorsqu'il s'exclut de la Société des artistes viennoise, institution « vieillotte » et bien établie, pour fonder une nouvelle association d'artiste, la Sécession, et proclame le « Printemps Sacré » (Ver Sacrum).
Sezession (néologisme allemand formé à partir du latin, littéralement Sécession) est le nom générique qui désigne plusieurs mouvements artistiques rattachés à l'Art nouveau qui virent le jour pendant la dernière décennie du XXe siècle dans le Reich allemand et en Autriche. Il faut distinguer plusieurs Sécessions : une à Berlin (en 1892), une à Munich (en 1894) et enfin, une à Vienne (en 1897).
La première Sécession, en effet, a lieu dans l'Allemagne de Bismarck en proie, dans le domaine des arts, à l'historicisme et à l'académisme. À Berlin, en 1892, un groupe se forme alors autour de Fritz von Uhde, Wilhelm Trübner, Franz von Stuck et Arnold Böcklin, pour refuser le conformisme qui s'est peu à peu installé dans la conception artistique, mais leur mouvement reste pictural. La revue Pan est créée en 1895 et leur offre un terrain d'expression.
À partir de 1894, La Sécession se développe à Munich autour d'Endell, Riemerschmid et Behrens : Elle se formalise avec la création dans cette ville de la revue Jugend (1896), qui donne son nom au Jugendstil, style produit par les Sécessions en Allemagne. On doit aux Munichois une Exposition internationale d'arts appliqués, qui se tient dans leur ville en 1899. Celle-ci marque réellement l'entrée de l'Allemagne dans le grand mouvement européen de l'Art Nouveau.
[...] Jusque dans les moindres détails de l'intérieur Cette construction abrite l'un des plus beaux et des plus riches intérieurs réalisé en Europe au début du 20e siècle. L'aile gauche, dominée par la tour, est réservée aux propriétaires. Dans la partie droite sont situés les locaux de service. Les espaces intérieurs ont visiblement été composés comme une suite soignée d'effets interactifs. Tous les moyens artistiques ont été mis en œuvre pour réussir : conception de la forme de l'espace, proportions et rythme, lumière du jour et artificielle, couleurs et traitement des surfaces. [...]
[...] La partie résidentielle du Palais Stoclet est parallèle à l'avenue. Joseph Hoffmann composa l'ensemble des espaces du palais et du jardin par rapport à un axe central orienté nord-sud. A l'avancée en hémicycle de la façade sur rue répond l'abside située à l'extrémité sud du jardin, au bout d'une allée bordée de palissades ; l'hémicycle est répété sur la façade arrière du palais. Cet axe central constitue un axe de vue remarquable, depuis l'extrémité du jardin jusqu'à l'avenue et à travers le palais. [...]
[...] Le noir, le blanc, le bleu et le jaune composent également les couleurs du tapis, dont les motifs pointillistes a parait-il été choisi pour qu'on ne voit pas les miettes tombées par terre au cours des repas. Au premier étage, dans la chambre des parents, les murs sont occupés par des armoires encastrées entre les panneaux de palissandre. Les tables et les sièges sont dans les mêmes matériaux. L'ensemble est complété par deux fauteuils capitonnés en cuir placés près de la porte-fenêtre. Les extrémités des têtes de lit sont couronnées par des statuettes sculptées. [...]
[...] Les Stoclet sont de grands collectionneurs, passionnés d'art indien et bouddhique dont ils possèdent de nombreuses pièces. Cette passion pour l'Extrême-Orient, Klimt veut en tenir compte pour créer l'environnement qui sera propice aux objets d'art. La frise Stoclet sera le résultat de cette synthèse entre formes et contenu, de cette assimilation de l'art oriental et des souvenirs qu'il a gardé de la décoration des églises de Ravenne. Les personnages principaux de la frise en mosaïque se trouvent à proximité de la fenêtre, en sorte que celui qui entre dans la pièce doit d'abord parcourir toute la longueur de la frise du regard avant de les apercevoir. [...]
[...] Les vêtements des personnages sont comme des compositions de surfaces abstraites qui offrent un vif contraste avec l'aspect figuratif de l'expression du visage. L'arbre de Vie qui peut guérir les païens, selon Apocalypse, ce symbole de l'Age d'or qu'utilisera plus tard Matisse pour décorer sa fameuse chapelle de Vence, est pour Klimt un symbole qui réunit tous les thèmes qui lui sont chers, de la fleur à la femme, de la destruction de la végétation au renouveau des saisons. Il occupe tout l'espace de la frise. Arbres, femmes, se retrouvent confondus dans un monde où l'on danse, où l'on s'aime. [...]
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