Oeuvres d'art et collage chez Polke et Bodzianowski

Résumé du document

Seront analysés ici dans leurs rapports au morceau, au collage, à l'assemblage les oeuvres de deux artistes dont la culture, l'histoire, la géographie et la société furent et sont toujours morcelés : Sigmar Polke et Cezary Bodzianowski. En effet, à la fois pour des raisons similaires et totalement opposées, les habitants de l'Allemagne et de la Pologne ont eu un pays et une société morcelée, divisés par des idéologies et/ou des occupants différents. Dans ces moments de division et de séparation, nombreux ont été les créateurs à se plonger dans des époques où une culture forte unissait le pays, ou à chercher de quoi étaient composées leurs souffrances (Tadeusz Kantor en Pologne, Rainer W. Fassbinder en Allemagne par exemple). Même si leurs travaux ne semblent pas faire état de la spécificité de leurs pays d'origine, Sigmar Polke et Cezary Bodzianowski, en tant que troisième génération sont nourris de cette histoire qu'ils ont beaucoup brassée dans leurs travaux. Paradoxalement, la vidéo de Cezary Bodzianowski, bien plus récente puisqu'elle est de 32 ans plus récente que la toile de Sigmar Polke, semble grâce à une distance relativement plus grande avec l'histoire, y avoir davantage partie liée

Extraits

[...] Tout d'abord, il s'agit d'une topologie de flux, de circulations et d'échanges à plusieurs échelles de distance, à l'ère du capitalisme mondial intégré. Une image du lieu d'alunissage de Surveyor-1, une diffusion américaine de sa fuite/conquête vers l'espace pour appuyer sa domination culturelle et technique sur le marché mondial. Une topographie est recomposée : celle des lieux des USA, de Pasadena, de la projection des désirs d'une partie de l'humanité en orbite et de la propagation des mythes américains sur le monde. [...]

[...] Ou plus notable, après avoir fixé à son manteau et son chapeau de nombreuses petites annonces, il s'était posté en face de l'université de Varsovie, en invitant chacun à détacher l'annonce de son choix. Au centre Pompidou est projeté une vidéo de l'action réalisée dans un bois des alentours de Lodz, où l'artiste était traqué par des personnalités issues de différentes institutions artistiques, armés de fusils automatiques à peinture, ou "painballs". La vidéo suit les "chasseurs", qui sont des commissaires d'expositions, des galeristes, des critiques d'art tout de treillis vêtus et armés pour "repeindre" l'artiste en lui tirant dessus. Il est à noter que ce genre d'engins, bien qu'inoffensif, est assez douloureux. [...]

[...] Le rocher au premier plan à gauche fait 15,0 cm de haut et 30,8 cm de long. Les points lumineux sont des réflexions du soleil Décomposition des éléments et des signifiants En s'attachant à ne montrer que la juxtaposition d'une photographie et de sa légende sur une toile Sigmar Polke pointe un double manque que sent à son époque Barthes dans 'Rhétorique de l'image' et 'La chambre claire', après Brecht et Benjamin : la photographie sans légende, le document non documenté. [...]

[...] au moyen d'un petit écran. L'information et la communication, la peinture et la photographie, le texte et l'image, plusieurs types de représentation évoqués en une peinture qui figure les champs de recherche ultérieurs de Sigmar Polke. Le collage de différentes techniques de reproductions, d'images et de séries de différentes périodes et la confusion des échelles et des espaces par la frontalité se retrouvent très bien dans ses séries sur la révolution française. Sans-titre (vidéo, 2000) Avec cette vidéo, Bodzianowski peut montrer l'une de ses nombreuses mises en situations où il intervient directement, pour se coller à la réalité. [...]

[...] Or l'on sait qu'un troisième sens est largement suggéré, voire indiqué dans la co-présence d'un texte et d'une photographie. La remise à plat opérée ici ré-assemble des éléments, qui en tant que séparés par une double frontalité indiquent eux-mêmes leur statut. Deux natures de signifiants différentes se renvoient à leurs natures complémentaires. La photographie est ici donnée comme reproduction à l'identique et sélection arbitraire d'une partie du champ du visible, pouvant être agrandie jusqu'à l'abstraction ainsi qu'un film contemporain de l'œuvre, ‘Blow-up' d'Antonioni qui s'emploiera à démontrer la quantité d'abstractions picturales qu'elle contient. [...]