L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée p. 150-157, Walter Benjamin (1991), marchandisation, aura des oeuvres d'art, valeur cultuelle, mutation de l'art, cinéma, photographie, unicité, art authentique
Walter Benjamin (1892-1940) est un écrivain et philosophe allemand actif entre les première et deuxième guerres mondiales, une époque où la mécanisation et la marchandisation deviennent de plus en plus présentes dans tous les domaines, y compris celui de l'art. Dans son ouvrage L'Oeuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée, W. Benjamin explique la perte d'aura des oeuvres d'art suite à leur reproduction mécanisée, mais explore aussi la question du cinéma en tant qu'art, celui-ci étant déterminé par sa reproductibilité. Dans une société où l'art était défini par sa valeur cultuelle, l'auteur se pose alors la question des mutations de l'art suite à ses évolutions techniques et en particulier celle de la place du cinéma dans l'art.
[...] Le reste des œuvres était donc unique, pour l'éternité, l'art se devait alors d'être de « valeurs éternelles » La reproductibilité de nos jours avec le cas du film. Walter Benjamin écrit que nous sommes dans une époque sans précédent de reproductibilité mécanisée pour les œuvres d'art et exemplifie son affirmation avec le film, dont la reproductibilité est inhérente. Il nous explique ensuite que le film, étant un assemblage d'images à volonté retouchables, a une caractéristique essentielle qui est sa perfectibilité, caractéristique totalement absente dans l'art grec, les œuvres étant faites d'un seul bloc. [...]
[...] Walter Benjamin évoque la dispute du 19e siècle entre la photographie et la peinture. Il met en évidence le bouleversement dans l'art qu'a impliqué cette nouvelle technique et la positionne comme une sorte de transition vers le cinéma, dont la théorisation est encore plus complexe que celle de la photographie. En citant Abel Gance, Séverin-Mars, Alexandre Arnoux, et Franz Werfel, W. Benjamin nous montre la volonté des théoriciens cinématographiques à faire entrer du sacral, voire du surnaturel dans le cinéma, comme pour en prouver l'importance et la portée artistique. [...]
[...] La valeur d'éternité « Tout le reste restait unique et techniquement irreproductible. Aussi, ces œuvres devaient-elles être faites pour l'éternité. Les Grecs se voyaient contraints, de par la situation même de leur technique, de créer un art de “valeurs éternelles “. » L'auteur nous explique que cette valeur éternelle est due à l'absence de procédé de reproduction mécanisée, toute œuvre devant donc être faite pour l'éternité. En plus du caractère irreproductible des œuvres, s'ajoute leur absence de perfectibilité. En effet, étant faites d'une seule pièce, les sculptures ne pouvaient pas être retouchées. [...]
[...] L'aspect perfectible de la performance rend impossible son aura, car elle sera jouée et rejouée, de manières différentes. Aussi, Walter Benjamin nous donne un exemple dès le début de l'extrait qui illustre cette notion de perfectibilité : « Pour monter son Opinion Publique, film de 3000 mètres, Chaplin en tourne Le film est donc l'œuvre d'art la plus perfectible, et cette perfectibilité procède directement de son renoncement radical à toute “valeur d'éternité “ . » On comprend donc que cette perfectibilité qui donne à la performance l'aspect de test est à l'origine de la remise en cause de la valeur d'éternité qui était présente chez les Grecs ; les images du film sont à volonté retouchables tandis que les sculptures grecques, faites tout d'une pièce, sont quasiment impossibles à modifier. [...]
[...] Opinion publique et La Ruée vers l'or : deux longs métrages réalisés par Charles Chaplin respectivement en 1923 et 1925. Abel Gance : (1889-1981) réalisateur, producteur et scénariste français de films muets, appartient à l'impressionnisme cinématographique. Séverin-Mars : (1873-1921) Armand-Jean de Malafayde, acteur et cinéaste français. Alexandre Arnoux : (1884-1973) romancier, critique et scénariste français. Reinhardt : (1873-1943) Maximilien Goldman, dit Max, metteur en scène de théâtre et cinéaste autrichien, affirme l'autonomie du metteur en scène. Franz Werfel : (1890-1945) Écrivain autrichien. Luigi Pirandello : (1867-1936) Écrivain italien, participe au renouvellement de la dramaturgie moderne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture