Sciences humaines et arts, Nouveau rapport à l'objet, art des années 1960, Robert Rauschenberg, tachisme, objets du quotidien, Nouveaux Réalistes, néo-dada, pop art, élitisme, culture consumériste, culture populaire, Pierre Restany
Les années 1960 sonnent le glas de l'expressionnisme abstrait, que représentaient de grands artistes reconnus comme Jackson Pollock. Dès les années 1950, et définitivement en 1964 lorsque Robert Rauschenberg remporte contre toute attente le prix de la Biennale de Venise, le rapport à l'art à la fois romantique - dans le lyrisme d'une expression personnelle de l'artiste - et impulsif - dans l'exaltation du geste créateur et les "excès du tachisme", dira Pierre Restany - qui prévalaient jusque-là s'écroule, remplacé par une idéologie contraire et montante. Désormais un artiste, telle la pellicule blanche qui couvre et voile la surface de Hoarfrost de Rauschenberg, se considère comme "filtre" du réel, sélectionnant des éléments du quotidien qui, par son simple choix, deviennent artistiques.
[...] C'est ainsi que le revendiquent surtout les Nouveaux Réalistes. Dans la montée d'une contestation qui deviendra « soixante- huitarde », d'ouvrages contestant d'ores et déjà la société de consommation, la superficialité d'une apparence séduisante ne convainc plus toujours. Le collage de Rosenquist President Elect mais aussi le dé- coll/age de Wolf Vostell Ihr Kandidat renouent avec une expression politique populaire, le premier assimilant le sourire médiatique de Kennedy avec une voiture tout aussi photogénique ; le second « décollant » l'image du politicien en reflétant, peut-être, l'attitude désabusée de celui qui a déchiré l'affiche du candidat, en pleine rue (d'où l'interpellation Ihr, « votre »). [...]
[...] Néanmoins, cet intérêt renouvelé pour l'objet et ses implications protéiformes ne sont pas sans induire des tensions. Les affichistes français (Hains, Villeglé), partisans d'une reproduction fidèle de ce qu'ils ont trouvé déjà déchiré, ne laissent à l'artiste qu'un rôle de « crible », et refusent la retouche que peut pratiquer Wolf Vostell, dans une vision peut-être plus traditionnelle du rôle de l'artiste. De même les accusations de « fétichisme » se multiplient, des Nouveaux Réalistes français aux pop artists américains à qui Restany reproche, à l'issue de l'exposition « Le Nouveau Réalisme à Paris et à New York » de 1961, de « céd à la magie de l'objet ». [...]
[...] L'art après 1945 - Le nouveau rapport à l'objet dans l'art des années 1960 Les années 1960 sonnent le glas de l'expressionnisme abstrait, que représentaient de grands artistes reconnus comme Jackson Pollock. Dès les années 1950, et définitivement en 1964 lorsque Robert Rauschenberg remporte contre toute attente le prix de la Biennale de Venise, le rapport à l'art à la fois romantique – dans le lyrisme d'une expression personnelle de l'Artiste – et impulsif – dans l'exaltation du geste créateur et les « excès du tachisme », dira Pierre Restany – qui prévalaient jusque-là s'écroule, remplacé par une idéologie contraire et montante. [...]
[...] Par ailleurs, entre ces deux extrêmes, pourrait-on dire, de l'objet totalement intégré dans l'art (combine) et de l'entreprise artistique entièrement phagocytée par l'objet industriel (ready-made), se trouvent des degrés intermédiaires au nombre desquels le collage d'éléments tout faits, très pratiqué par le pop ; l'assemblage, qui pourrait être son équivalent sur le mode de la sculpture, telle la Roue de bicyclette montée sur un tabouret par Duchamp en 1913 ; enfin l'already-made, qui consiste à reproduire sur toile un objet bidimensionnel conçu par l'artiste comme étant déjà de la peinture, comme les Auvents sur Madison Avenue peint par Ellsworth Kelly. L'objet investit l'art au point de l'informer parfois directement : c'est le cas des shaped canvas taillées en fonction de l'objet qu'elles accueillent. [...]
[...] L'appropriation matérielle va de pair avec l'appropriation intellectuelle, la réflexion sur la culture en général et les significations des procédés « pop », même si on les défend contre l'ancien élitisme de la culture. C'est donc moins sur l'objet, finalement, qu'il y a lieu de s'interroger, que sur la place de l'homme face à lui, ce qu'illustre par exemple la démarche de Klein dans les anthropométries, où le corps humain devient pinceau, objet, mais pinceau autonome que l'artiste n'a plus à manipuler, et en même temps corps réifié, dépersonnalisé et simple support de la couleur, le bleu IKB. [...]
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