Le mot « art » est susceptible d'emplois si variés qu'il est à l'évidence impossible de le définir par l'énumération des objets auxquels il s'applique : je puis parler d'art d'un rugbyman aussi bien que de celui d'un peintre, et rien ne peut m'obliger, a priori, à convenir qu'il s'agit là de deux mots différents. Aussi l'utilisation du mot « art » est-elle fréquemment l'objet d'un débat (la bande dessinée est-elle un art ? La photographie ? La pop musique ?...). Que l'on n'aille pas dire qu'il existe au moins un certain nombre d'objets (selon la liste la plus courante des beaux-arts, architecture, peinture, sculpture, musique, danse, pantomime, littérature..) pour lesquels l'emploi du mot est indiscutable et qui peuvent servir de critères : je peux très bien, m'appuyant sur Hegel (« L'architecture est l'art le plus pauvre quant à l'expression des idées. » Esthétique PUF 1953), refuser de considérer l'architecture comme un art, et, me fondant sur la notion de plaisir gratuit, considérer tel cuisinier comme un grand artiste ; il ne s'agit pas d'un mauvais emploi du mot, comme si j'employais le mot table pour désigner un chat, car tout le monde comprendra ce que je veux dire.
[...] Paradoxes et problèmes Loin d'être une solution, cette définition permet seulement de soulever plusieurs problèmes. Les paradoxes kantiens, en effet, s'appuient sur le fait que nous effectuons une double opération quand nous employons le mot art : une désignation ceci est une œuvre d'art ressemble à ceci est une table d'où une certaine objectivité et un jugement ceci est une œuvre d'art ressemble à ceci me convient d'où une indéniable subjectivité Cette contradiction de l'universel et du particulier, que Kant situe dans le jugement, nous pouvons aussi bien le voir dans l'œuvre elle-même : quoi de plus profondément individualisé que les créations d'un artiste et comment peuvent-elles prétendre s'imposer à tous ? [...]
[...] La notion d'art L'art, les arts quelques définitions En guise d'introduction : le mot et les choses Le mot art est susceptible d'emplois si variés qu'il est à l'évidence impossible de le définir par l'énumération des objets auxquels il s'applique : je puis parler d'art d'un rugbyman aussi bien que de celui d'un peintre, et rien ne peut m'obliger, a priori, à convenir qu'il s'agit là de deux mots différents. Aussi l'utilisation du mot art est-elle fréquemment l'objet d'un débat (la bande dessinée est-elle un art ? la photographie ? la pop musique ? . [...]
[...] Esthétique PUF 1953), refuser de considérer l'architecture comme un art, et, me fondant sur la notion de plaisir gratuit, considérer tel cuisinier comme un grand artiste ; il ne s'agit pas d'un mauvais emploi du mot, comme si j'employais le mot table pour désigner un chat, car tout le monde comprendra ce que je veux dire. Les controverses auxquelles peut prêter cet emploi montrent assez qu'il inclut un jugement : une simple désignation ne se discute pas ; l'usage du mot art ressemble donc à celui de mot comme bon ou vrai d'une façon que nous tenterons d'analyser. [...]
[...] ( Le Geste et la Parole LEROI-GOURHAN, Albin Michel). Ces premières traces d'un comportement esthétique permettent d'en dégager les caractéristiques essentielles : C'est une humanisation du monde sensible (la conscience humaine s'approprie des objets de la nature) Cette vision réfléchie ne correspond pourtant pas à une connaissance théorique (elle a un aspect magique ou préscientifique Ce comportement ne vise aucune utilité pratique immédiate : ses produits représentent simplement une confrontation de la conscience au monde des objets naturels. Ces caractères originels peuvent être généralisés, car ils font d'emblée apparaître les principales conclusions de l'analyse par Kant du jugement esthétique. [...]
[...] (Critique de la faculté de juger PUF 1955). Ce jugement est ainsi une sorte de retour de l'esprit sur lui- même à propos d'un objet, ce qui laisse de côté à la fois les caractères utilitaires de l'objet et sa véritable nature : la connaissance de cette véritable nature s'exprimerait dans un concept, alors qu'au contraire, le principe déterminant du jugement esthétique n'est pas le concept, mais le sentiment (que donne le sens intime) de cette harmonie entre l'agencement des parties d'un objet et le jeu des facultés mentales produit d'un plaisir que nous jugeons universellement communicable puisqu'il n'est lié à aucun intérêt particulier (c'est la finalité du jugement de goût) sans que nous puissions cependant dire pourquoi (jugement sans concept) ; cette visée de l'universalité qui ne s'appuie sur aucun concept est appelée par Kant finalité formelle que l'on exprime souvent par la formule le beau est une finalité sans fin pour souligner le caractère délibérément paradoxal de l'analyse de Kant. [...]
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