L'inauguration du Musée du quai Branly, au printemps 2006 a suscité débats et polémiques. Présenté comme un projet humaniste destiné à ouvrir à l' « autre » un public désabusé par la « monoculture » ambiante, tout en réparant le tort fait lors de la colonisation aux populations d'Asie, d'Afrique et d'Asie, le musée est critiqué par ses détracteurs comme un projet raciste, une nouvelle insulte faite à des peuples spoliés par des collectionneurs peu scrupuleux.
L'objectif est ambitieux, trop peut-être. Le tapage médiatique qui a accompagné la naissance du « bébé » de Chirac et la manière dont a été « vendu » le projet ont pu paraître surfaits aux yeux de certains.
Porté sur les fonds baptismaux par un président en fin de mandat, on peut se demander ce que cache ce projet et la ténacité avec laquelle il est défendu par un discours empreint de générosité voire de contrition.
Ses défenseurs lui font porter un message d'une lourde portée et le décalage entre les fonctions traditionnelles d'un musée et le rôle que l'on cherche à faire jouer à celui-ci interroge. Ce n'est toutefois pas un cas unique, bien des musées sont victimes d'une tension inhérente à leur nature, entre les objectifs de présentation neutre, et celui d'instrument politique, porteur d'un message qu'ils poursuivent simultanément.
De nombreuses questions sont posées, ou ne le sont pas, par ce débat autour de la création du Musée des arts premiers. Ici justement, affleure une problématique qui ne se limite pas au cas d'espèce.
Pourquoi l'ouverture d'un Musée, évènement somme toute assez banal, devient-il le prétexte à tant de discours ?
Il ne suffit pas de dire il y a manipulation, et il y en a du côté des détracteurs comme des défenseurs, mais de s'interroger sur ce que la manipulation du discours reflète de notre société.
Hommage ou outrage, on pense d'emblée, aux peuples premiers. Mais l'idée de la manipulation du discours nous amène à considérer le fait que c'est peut-être l'ensemble de la société qui se trouve ainsi infantilisée par un Etat qui, sous couvert d'un discours humaniste et rappelant haut et fort sa mission éducative, ne cherche peut-être pas tout simplement à éluder certaines questions épineuses. En d'autres termes, la création d'un musée ne pourrait-elle pas servir de placebo, servir à dissimuler l'inaction sur des sujets importants comme l'intégration, les relations avec les anciennes colonies ? (...)
[...] Ils soulignent l'hypocrisie du discours séducteur qui viserait à endormir les esprits trop crédules de manière à mieux dissimuler les pièces, trébuchantes et sonnantes celles-là, qui tintent dans les antichambres du musée du quai Branly. Une enquête approfondie de la manière dont ont été distribués les marchés permettrait de faire le jour sur ce problème. De la conception architecturale futuriste confiée à Jean Nouvel à la construction prise en charge par Lafarge Plâtres des achats à la livraison précise André Gat responsable des ventes de l'entreprise. Si la presse économique s'est intéressée de près à l'évènement c'est qu'il doit y avoir des sommes importantes en jeu. [...]
[...] Ce n'est d'ailleurs pas une critique mais un constat : certaine valeurs méritent d'être conservées. Ce qui n'empêche que chacun a le droit, en son âme et conscience, de se demander lesquelles. L'idée du déclin est porteuse d'un message politique et peut de ce fait justifier des prises de positions, des décisions, des mesures, en général conservatrices. Ici peut apparaître un paradoxe car l'idée affirmée est justement celle de la tolérance et de l'ouverture au monde qui sont en général considérées comme des valeurs plutôt progressistes. [...]
[...] Le Musée Branly Hommage ou outrage ? L'inauguration du Musée du quai Branly, au printemps 2006 a suscité débats et polémiques. Présenté comme un projet humaniste destiné à ouvrir à l' autre un public désabusé par la monoculture ambiante, tout en réparant le tort fait lors de la colonisation aux populations d'Asie, d'Afrique et d'Asie, le musée est critiqué par ses détracteurs comme un projet raciste, une nouvelle insulte faite à des peuples spoliés par des collectionneurs peu scrupuleux. L'objectif est ambitieux, trop peut-être. [...]
[...] Venons en maintenant à la question qui en découle, celle de la pseudo réparation d'un dommage faite par les puissances coloniales européennes aux peuplades d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. Pourquoi créer un nouveau musée quai Branly alors que le musée de l'Homme remplissait déjà plus ou moins la mission qui lui est assignée ? Pourquoi pas, d'ailleurs, un musée des arts premiers dans une capitale africaine ou asiatique ? On a choisi d'insister, avec le choix du nom du Musée, sur l'adresse. [...]
[...] Mais met aussi l'accent sur un pillage qui se perpétuerait encore aujourd'hui. Il ne s'agirait plus alors simplement de présenter au public des œuvres arrachées à leurs lieux d'origine dans un passé lointain mais de couvrir un trafic qui se déroulerait actuellement. Si la critique s'avérait fondée, le maquillage de l'opération en une entreprise humaniste de reconnaissance et de repentir ne ferait qu'ajouter l'outrage à la spoliation. Déjà en 1995 Claude Lévi-Strauss évoquant ses explorations de l'Amérique dans les années 1930 avait honte d'aller prendre à ces hommes, si démunis de tout, un petit ustensile, dont la perte constitue pour eux un manque irréparable Les remords du père de l'anthropologie brésilienne n'ont peut-être pas servi de leçon. [...]
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