La mosaïque des colombes buvant a été trouvée à la villa Hadriana. L'œuvre est en bon état de conservation, seules quelques légères restaurations ont été effectuées à l'époque antique, que l'on peut surtout remarquer sur le fond. Les tesselles ont une taille de 1 à 2 mm, elles vont jusqu'à 5 mm sur la bordure et la technique employée est l'opus vermiculatum, technique couramment employée pour les scènes figurées. On parle donc d'emblemata vermiculata pour cette œuvre, motif central qui constitue à elle seule un tableau, imitant de très près la peinture. La mosaïque représente quatre oiseaux, trois colombes blanches, et un quatrième, au plumage brun, de la même espèce, qui sont posés au-dessus d'un vase d'or rempli de liquide. L'un des oiseaux boit dans la coupe, tandis qu'un autre, dont le plumage se reflète dans l'eau, s'épluche. Les deux colombes de gauche ont la tête dressée, et regardent de deux cotés opposés. Le récipient est posé sur un socle rectangulaire plat et étroit de couleur claire, il est bordé par une bande d'oves et se compose d'une panse ornée d'un personnage ailé, surmonté d'une anse visible, et de trois pieds en forme de bobine. Un cordon de perles et pirouette polychrome sur fond noir encadre l'image, cette frise est interrompue aux quatre angles par une rosette. A une certaine distance de la scène centrale, un encadrement extérieur en trois parties à fond sombre entourait autrefois le sol, sans doute à équidistance des murs de la salle. Entre les deux cordons de perles dont les couleurs sont assez faibles, on voyait, à l'origine, une frise composée de palmettes et de fleurons alternés de deux types, comportant des feuilles soit lobées soit pointues avec des pistils s'en échappant.
[...] En fait, les styles sont souvent assez différents, ce qui fait que l'on ne peut concevoir un type commun du motif des colombes buvant. Cependant, grâce au texte de Pline, nous pouvons mettre en relation, de manière explicite et directe, cette référence textuelle et cette œuvre, la mosaïque des colombes de la ville d'Hadrien. Interprétation et datation Selon Pline, la mosaïque se trouvait à l'origine à Pergame, et elle constituait le centre d'un pavement de tesselles ou étaient représentés les restes d'un repas tombé à terre, en trompe-l'œil : plusieurs interprétations ont été avancées pour cette iconographie particulière. [...]
[...] Le motif des colombes qui se sont emparées du bassin, désormais inutile pour les hôtes, a lui aussi ce sens. Le choix de ces deux sujets correspond aussi à des personnages mythologiques, Bacchus et Aphrodite, qui sont évoqués symboliquement : l'abondance et la variété des restes évoquent le luxe du repas et donc le caractère dionysiaque, alors que les colombes sont liées à Aphrodite à qui elles étaient consacrées, représentant souvent son cortège. Pour Hadrien, ce lien qui existait à l'origine de la composition a été perdu puisqu'il ne reste plus à la villa que le motif des colombes, de plus, on ne sait pas si la pièce ou a été retrouvée la mosaïque était une salle de festin. [...]
[...] Cependant quelques détails peuvent laisser penser le contraire : le reflet dans l'eau n'est pas celui de la colombe en train de boire tel que l'indique Pline, et le terme de canthare pour désigner le vase est faux, mais il est possible que cet élément soit un ajout tardif sur le manuscrit. On peut donc aussi penser que la mosaïque est une réplique très fidèle de l'original cité par Pline, datant du II ème siècle après JC : Hadrien aurait ainsi voulu posséder une reproduction d'une œuvre connue par les textes, et pouvoir ainsi contempler un chef d'œuvre de la période qu affectionnait, à travers une réplique parfaite. [...]
[...] Pline l'ancien attribue donc l'œuvre des colombes à Sosos de Pergame, mosaïste sûrement très connu, puisqu'il est mentionné par Pline, il faut aussi ajouter que c'est le seul mosaïste cité dans les textes antiques, ce qui révèle son importance. Cependant, on connaît ce motif dés le IV ème siècle avant JC, sur des reliefs funéraires, Sosos n'en est donc pas le créateur. En effet, le motif des colombes est un motif récurrent dans l'histoire de l'art, et ceci dès l'antiquité, et pendant de nombreux siècles, on peut citer des pavements antiques (Ostie, Rome, Amphipolis, Délos, Alexandrie, Pompéi, Cnossos, Autun, Malte ou des mosaïques murales à la fin de l'antiquité (Rome et Ravenne). [...]
[...] La mosaïque se trouve aujourd'hui au Musée du Capitole de Rome. En effet, elle a été découverte en 1737 dans une des salles de l'Académie par des fouilleurs au service de Mgr Giuseppe Alessandro Furietti qui sera promut, par la suite, cardinal. Ses héritiers vendirent la mosaïque et trois statues, en 1765, pour écus, au Pape Clément XIII, qui la remit aux Musées Capitolins. Plusieurs parties de la bordure sont conservées dans diverses collections et musées : c'est lors de la découverte de l'œuvre qu'elles furent détachées du tableau central, et données ou vendues à des collectionneurs. [...]
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