L'œuvre que nous étudions est traditionnellement intitulée monument chorégique de Lysicrate. Elle prend la forme d'une tholos de dix mètres de haut montée sur une base carrée de deux mètres quatre-vingt-treize de large. Sa construction, faite à Athènes en 335-334 avant Jésus-Christ, a nécessité du marbre de Poros pour la base, et du marbre d'Hymette et du Pentélique pour la tholos. Une inscription située sur l'architrave nous permet d'affirmer que cet édifice a été commandité par un certain Lysicrate. En revanche l'artiste nous demeure inconnu. Son état de conservation, après une restauration effectuée au XIXème siècle par l'Ecole française d'Athènes, est plutôt bon.
[...] En premier lieu on constate que Dionysos est représenté sous les traits d'un jeune éphèbe gracile, or auparavant il était toujours présenté comme un homme d'âge mûr. Cette figuration est caractéristique de l'abandon par certains sculpteurs du IVe siècle avant Jésus-Christ de la représentation du corps athlétique idéalisé. En outre, ce relief est d'autant plus remarquable qu'il est le premier à présenter le dieu du vin totalement nu. On remarque aussi que le sculpteur fait faire de nombreuses enjambées à ses personnages, ce qui n'est pas sans rappeler les recherches que Léocharès a faites sur ce mouvement. [...]
[...] Au-dessus se trouve une architrave sur laquelle est gravée l'inscription suivante Lysicrate, fils de Lysithède, était chorège ; la tribu d'Akamantis a gagné la victoire avec un chœur de garçons ; Théon a joué de la flûte ; Lysiade a entraîné le chœur ; Euainetos était archonte Voici le détail de l'inscription : Juste après, une frise continue se déroule, figurant des scènes de combats entre un homme nu et des dauphins, ainsi qu'un homme allongé entouré de silènes (sorte de satyres). On peut noter que les figures de la frise sont très espacées et que le fond est complètement lisse. Juste au-dessus, on observe des denticules. [...]
[...] Aujourd'hui on nomme ce chemin la rue des trépieds Le monument de Lysicrate est donc l'un de ces édifices qui portaient le trépied de la victoire. Pour preuve voici un dessin de l'archéologue Pierre Amandry qui montre que le monument portait un trépied sur son toit : Le trépied était encastré dans les cavités situées à côté des trois gros rinceaux massifs du toit. Le fleuron participait à magnifier le trépied. On peut dire que, même si beaucoup de monuments chorégiques étaient édifiés, il était rare qu'ils prennent une forme aussi monumentale que celui de Lysicrate. [...]
[...] Ces monuments étaient en réalité des œuvres commémoratives, et jamais leurs inscriptions ne mentionnaient le nom d'une divinité. Le monument de Lysicrate est donc un édifice civil, représentatif d'une pratique athénienne. Néanmoins, ce monument ne peut se limiter à cette observation. Il est en réalité surtout représentatif de changements effectués dans l'art au IVe siècle avant notre ère. En effet, à cette époque, les formes et les styles mis en place dans la première partie du classicisme vont se régénérer. En architecture on construit des édifices beaucoup plus variés, qu'il s'agisse de temples ou d'édifices publics. [...]
[...] L'inscription située sur l'architrave est un indice fondamental pour comprendre la fonction du monument de Lysicrate. En effet elle nous indique que Lysicrate était un chorège qui a remporté la victoire avec un chœur de garçons de la tribu d'Akamantis. Un chorège, à Athènes, était un homme choisi parmi les plus riches citoyens, et hommes libres de la cité pour financer un chœur dithyrambique qui participait aux dionysies. Les dionysies étaient des concours de chants théâtraux, annuels, dédiés à Dionysos. [...]
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