L'œuvre que nous avons à étudier, intitulée Monogram, est la plus célèbre de cette série de Combines, certainement l'œuvre la plus connue de l'artiste américain, et celle qui a créé l'un de ses plus gros scandales. Il ne s'agit pas d'une œuvre ordinaire, ce n'est pas une simple toile qui s'entendrait dans le sens courant du terme… Elle est en réalité constituée certes d'une toile, mais celle-ci est disposée horizontalement sur des roulettes, et recouverte de débris divers tels que peinture, morceaux de magazines, papiers imprimés, balle de tennis, reproductions de chefs d'œuvre de l'histoire de l'art, allusions énigmatiques de toutes sortes, collages… Sur cette toile se trouve une chèvre angora empaillée, dont le museau est recouvert de tâches de peinture multicolores, et dont le corps est entouré d'un pneu avec la surface peinte en blanc. Cette œuvre est de taille monumentale, puisque la toile est un carré de 106,6 centimètres de côté, au sol, et que l'œuvre atteint, avec la chèvre, 163,8 centimètres de haut. Selon certains analystes, Rauschenberg aurait donné de telles dimensions à son œuvre afin d'envahir l'espace du spectateur.
La deuxième œuvre que nous avons à étudier est intitulée La Douche ou Détrompe l'œil, et date de 1963. A cette date là, Spoerri, à l'origine danseur et acteur suisse, est déjà reconnu pour son travail de plasticien. Il a en effet rejoint le groupe des Nouveaux Réalistes depuis sa fondation, trois ans plus tôt, par Yves Klein et Pierre Restany, et est également proche du groupe Fluxus. Dès 1960, Daniel Issak Feinstein dit Spoerri, ami de Jean Tinguely, commence à inventer le concept de tableau-piège. L'artiste en a donné la définition suivante : « Des objets trouvés au hasard en ordre ou en désordre (sur des tables, dans des boîtes, dans des tiroirs, etc.) sont fixés ("piégés") tels quels. Seul le plan est changé dès lors que le résultat est appelé tableau : ce qui était à l'horizontale est mis à la verticale. Par exemple, les restes d'un repas sont fixés sur la table même où le repas a été consommé, et la table est accrochée au mur. » Parallèlement à cette période typiquement néo-réaliste, Spoerri se lance dans la pratique d'œuvres qu'il appelle Détrompe l'œil, et dans lesquelles il combine et assemble un tableau classique, illusionniste, et des objets issus du quotidien. C'est le cas de La Douche. Il a en effet acheté ou récupéré une toile tout à fait ordinaire, représentant un paysage, sur un marché aux puces, et y a ajouté un vrai robinet, une vraie pomme de douche et un vrai tuyau les reliant.
[...] On peut donc imaginer ainsi l'association entre la chèvre et le pneu la ceinturant, association qui émanerait alors des souvenirs d'enfance de l'artiste. Mais d'autres commentateurs vont encore plus loin. Pour eux, il convient de savoir que les premières chèvres angoras, originaires de Turquie, ont été importées au Texas dans les années 1870, et que c'est à cette date-là que le grand-père de Robert Rauschenberg rejoint les Etats-Unis. Il s'installe en Louisiane, c'est-à-dire pas très loin de l'Etat du Texas. [...]
[...] On peut aussi distinguer les deux œuvres en ce qui concerne le point de vue utilisé. En effet, le point de vue du spectateur pour chacune des œuvres est différent. Pour La Douche, il est le même que celui que l'on peut avoir en observant une toile classique, c'est-à-dire un point de vue direct. En revanche, pour la Combine, le point de vue de l'observant est nouveau, inattendu. Car on se trouve en une sorte d'effet de contre-plongée par rapport à la toile support et aux objets qui y sont disposés. [...]
[...] Nous pouvons le supposer chez Rauschenberg, mais n'en sommes pas certains. Nous avons en effet évoqué plus haut la possible contestation de la société de consommation, de la multiplication des déchets (matérialisée par le pâturage de débris qui entoure la chèvre, et par le pneu qui la ceinture), et du risque qu'elle pourrait représenter sur l'espèce humaine et animale. Néanmoins, cela reste une supposition. A cela vient s'ajouter l'utilisation d'une même gamme de couleurs. Il s'agit de la gamme du gris et du vert chez Spoerri (la douche, métallique, se fondant presque dans la toile, aux tons verts et gris elle aussi), et de la gamme du noir/marron/beige dans Monogram. [...]
[...] C'est le cas de La Douche. Il a en effet acheté ou récupéré une toile tout à fait ordinaire, représentant un paysage, sur un marché aux puces, et y a ajouté un vrai robinet, une vraie pomme de douche et un vrai tuyau les reliant. La toile représente un paysage romantique, une vallée des Alpes dans laquelle se trouve un torrent qui coule en direction du spectateur. Malicieux, Spoerri a fixé le robinet à l'endroit où coule le torrent, et la pomme de douche au-dessus, dans le ciel, là d'où pourrait provenir la pluie. [...]
[...] Analyse de Détrompe l'œil (La Douche), de Daniel Spoerri La deuxième œuvre que nous avons à étudier est intitulée La Douche ou Détrompe l'œil, et date de 1963. A cette date-là, Spoerri, à l'origine danseur et acteur suisse, est déjà reconnu pour son travail de plasticien. Il a en effet rejoint le groupe des Nouveaux Réalistes depuis sa fondation, trois ans plus tôt, par Yves Klein et Pierre Restany, et est également proche du groupe Fluxus. Dès 1960, Daniel Issak Feinstein dit Spoerri, ami de Jean Tinguely, commence à inventer le concept de tableau-piège. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture