Durant tout le XVIè siècle, de grands changements sont opérés dans la liturgie
catholique. En effet, dès 1512, le Pape, les cardinaux, les archevêques, les évêques et les
abbés se réunissent à plusieurs reprises afin de réformer cette liturgie. Cette période
appelée « Contre-réforme » est donc marquée par les différentes sessions de réunion des
Pères de l'Église, c'est-à-dire par le Concile de Trente (1545-1563). Abordant plusieurs
domaines de la religion catholique, ce n'est pourtant qu'en 1562 que le domaine musical
sera étudié. Cette réforme musicale visait notamment dans les Messes à une véritable
intelligibilité du texte, à la présence d'aucun élément profane ainsi qu'à la notion de
réception par les fidèles. De même, il fallait bannir de l'Église toute musique contenant,
dans le chant ou dans le jeu de l'orgue, quelque chose de lascif ou d'impur. La musique de
l'époque devait donc être une musique d'une grande simplicité. Cependant les musiciens
de l'époque ont-ils réellement suivi ces nouvelles règles de composition?
L'étude d'un exemple tel que celui de Palestrina (1525-1594) avec la Missa
Assumpta est Maria pourra donc nous aider à répondre à cette question. En effet, la Rome
de Palestrina est le centre spirituel et intellectuel de la « Contre-réforme » menée par
l'Église catholique. Même si le compositeur n'en n'est pas l'acteur central dépeint par la
légende (Palestrina aurait sauvé la polyphonie de la liturgie grâce à la présentation de l'une
de ses messes, qui ne serait autre que la Messe du Pape Marcel, aux Saints Pères du
Concile), la réforme musicale est au coeur de sa vie professionnelle et artistique. Il a
d'ailleurs été chargé de la tâche d'épurer la musique liturgique en rétablissant l'authenticité
du chant grégorien d'origine (tâche qu'il n'a pas pu mener à bien).
Composée précisément dans ce contexte, la Missa Assumpta est Maria est l'une de ces
quelques cent messes publiées entre 1554 et 1601. Celle-ci a été réalisée à partir d'un
cantus firmus provenant d'une antienne. D'ailleurs Palestrina s'est également servi de cette
antienne pour créer une chanson du même nom.
Dans cette analyse nous nous poserons donc la question de savoir si dans la Messe
Assumpta est Maria, Palestrina applique les idées de la Contre-Réforme.
Pour essayer d'y répondre, nous étudierons deux parties de cette messe : le Kyrie et le
Gloria.
[...] La basse, elle, reste indépendante. En réalité, les deux motifs mélodiques semblent être le même mais transposé. En effet, chacun reprend la même construction intervallique soit tierce majeure, seconde mineure, seconde majeure suivant un mouvement ascendant. Donc, bien que les notes ne soient pas les mêmes, on retrouve une certaine unité dans la courbe de la mélodie. Nous pouvons dans ce cas parler plus précisément de sujet Concernant les rythmes, on peut remarquer la prédominance de blanches, de noires et de croches. [...]
[...] WEBER Edith, Histoire de la musique française de 1500 à 1650, S.E.D.E.S., Paris, 1996. [...]
[...] Par conséquent la précision des numéros de mesure n'est pas une donnée originale. cependant constater tout de même la présence de sauts d'octaves comme par exemple aux mesures 4 au ténor mesure 9 à la basse ou encore mesure 26 au soprano 1. Au Kyrie succède le Christe. Comme on a pu le signaler précédemment, dans cette messe deux Christe nous sont proposés. Le premier, à quatre voix (alto, ténors 1 et basse), semblant être le Christe original puisqu'il se trouve dans la continuité des mesures, est très homogène, très homorythmique. [...]
[...] Les Musiciens Célèbres). Écrits sur la Contre-Réforme CHAUNU, Pierre, Église, culture et société. Réforme et Contre-réforme, SEDES, Paris : 1984. DAVIDSON, N.S., La Contre-Réforme, traduit de l'anglais par Philippe DENIS : Cerf, Fides (co-éditeurs) (coll. BREF), n°15. WEBER Edith, Le Concile de Trente et la musique, De la Réforme à la Contre-Réforme, Champion, Paris III.Ouvrages de référence BELTRANDO-PATIER, Marie-Claire (sous la direction Histoire de la musique, Paris : Bordas (1ère édition : 1982), (coll. Marc Honegger). GOLÉA, Antoine (sous la responsabilité Dictionnaire des grands musiciens, R.F.A : Éditions Larousse SADIE, Stanley (édité par),The New Grove Dictionary of Music and Musicians, Londres : Macmillan (1ère édition : 1980). [...]
[...] Le Gloria Le Gloria fait partie du commun de la messe. Les intonations sont effectuées par le prêtre. Nous retrouvons ici un effectif à six voix. Il s'agit d'une pièce homorythmique dans l'ensemble avec peu de tuilage. Cela permet donc une grande intelligibilité du texte. Le Gloria répond ici parfaitement aux caractéristiques d'une pièce tridentine. Palestrina réalise une pièce en écriture homorythmique pour que le texte (plus riche, plus conséquent que le Kyrie) soit bien compris et perçu par les auditeurs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture