Étymologiquement, "abyme" vient du grec "sans fond". L'expression "mise en abyme" est due à André Gide, lequel note dans son journal en 1893 :
« J'aime assez qu'en une œuvre d'art on retrouve ainsi transposé, à l'échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en abyme. »
Elle appartient au vocabulaire de l'héraldique, où elle désigne le «cœur» de l'écu, soit l'emplacement central pouvant accueillir des figures plus réduites. Nous avons donc l'image de l'écu accueillant en son centre l'image miniaturisée de lui-même. L'expression est alors restée et son utilisation s'est étendue.
En ce qui concerne l'image, il s'agit d'une œuvre insérée dans une œuvre qu'elle représente en miniature.
Le procédé de mise en abyme permet donc une mise en valeur de l'image en tant que telle, de par sa répétition. Dans ce dossier, nous allons alors étudier la manière dont la mise en abyme nous conduit à nous interroger sur l'existence même de l'image tout en nous amenant à réfléchir sur la relativité de nos perceptions.
[...] La mise en avant de la production créative. Une fois que le spectateur a pris conscience que ce qu'il a devant lui est une image qui a été créée puisqu'elle peut être répétée, la mise en abyme va alors le faire s'interroger sur le processus créatif, de manière plus ou moins subtile. Le tableau de Magritte, La condition humaine, est le parfait exemple de la mise en lumière du processus créatif qui est à l'origine d'un tableau. Nous pouvons voir une peinture posée sur un chevalet, et la disposition est telle que la peinture est dans la parfaite continuité du paysage qu'elle représente, en arrière-plan. [...]
[...] Une image n'est pas à confondre avec quelque chose de tangible. L'image d'une tartine de confiture n'est assurément pas quelque chose de mangeable et, à l'inverse prendre une tartine de confiture et l'exposer dans un salon de peinture, ne change rien à son aspect effectif [ . «ceci n'est pas une tartine de confiture» [Ibid., p.519] Magritte L'image en tant que telle doit être séparée de ce qu'elle montre. La mise en abyme est alors un procédé fortement intéressant sur le plan créatif. [...]
[...] Est-ce l'infante, au centre de la pièce? Pourtant, presque tous les regards sont tournés vers le spectateur. Le salon dans lequel se déroule la scène est orné de nombreux tableaux. Or, un tableau sort du lot, il s'agit de celui se trouvant à la gauche de la porte. Il s'agit en réalité d'un miroir, représentant le couple princier, le roi Philippe VI et son épouse. Nous pouvons alors imaginer que ce sont eux qui sont en train de poser pour Velasquez, à l'avant de la scène peinte. [...]
[...] Le peintre qu'il représente est lié au monde de la réalité tandis que son reflet n'en fait déjà plus partie et que son portrait appartient au monde de la représentation. Nous nous trouvons alors en présence de trois univers différents tandis que pour la majorité des œuvres, nous n'en voyons qu'un. Pour finir, le tableau de Magritte, Reproduction interdite, nous met réellement face à la création de l'image. Un homme se trouve devant un miroir, nous faisant dos. Le dos de l'homme se répète par le procédé de mise en abyme, mais il se répète dans un miroir. [...]
[...] Les questions où suis-je et qui suis-je s'imposent au spectateur . L'affiche du film Memento incorpore le spectateur d'une autre manière. En utilisant la répétition de l'image, l'affiche nous donne l'impression d'être "aspiré" en son sein. La disposition penchée des Polaroïds donne en effet une certaine instabilité à l'affiche et leur positionnement donne une impression générale de tourbillon qui nous emporte jusqu'au plus petit Polaroïd. Il en va de même pour le tableau Le visage de la Guerre de Dali. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture