Chaque année une nouvelle mise en scène de Woyzeck voit le jour dans le monde. Cette pièce écrite en 1836 par Georges Büchner n'a pas perdu une ride et à chaque tentative de création elle donne de nouvelles réponses. Je vous propose un parcours en trois temps. Tout d'abord les mises en scènes de la pièce qui ont vu le jour depuis sa naissance, jusqu'à ces dernières années. Ensuite une analyse de la pièce pour mieux comprendre ses mécanismes. Enfin des éléments pour une mise en scène future.
[...] Néanmoins un point intéressant avec lequel Büchner joue dans son écriture, est l'intérieur et l'extérieur, qui revient assez souvent, par exemple dans le lieu que nous avons appelé chez Marie qui correspond en même temps à l'intérieur de ce que Büchner a appelé le plus souvent Chambre mais qui peut correspondre à différents endroits comme dans le fragment où Marie est à sa fenêtre. L'autre point qui nous paraît intéressant à développer, c'est du point de vue de la lumière. Par exemple, toujours dans le fragment on se rend compte en lisant la dernière réplique de Marie, qu'elle est dans l'obscurité presque totale, cette obscurité traduisant également la pauvreté dans laquelle elle vit. Le fragment 3 qui suit est lui en opposition totale puisque cette fois de nombreuses lumières envahissent l'espace et Marie elle-même est émerveillée par toutes ses lumières. [...]
[...] Toutes rouge sang et noir abîme, comme une seule douleur. Le ciel, très bas, ôte aux toits de quoi respirer. A l'aplomb de cette rue, les nuées d'orage filent en flèche se planter dans l'horizon noir. L'ensemble est posé sur un sol bleu acier, l'acier du couteau, du rasoir. [ ] Dés l'entrée des comédiens, ce décor va se déconstruire. Devenir un exploit de menuiserie transformable, de parois mobiles, de trappes, étoiles, accessoires de fantaisie. Jean Pierre Vincent a donc voulu jouer avec la déconstruction, et l'angoisse que procure cette pièce dans le décor. [...]
[...] Dans beaucoup de ses apparitions, il chante également. Tambour-major Il fait cinq apparitions dans la pièce. C'est celui qui va devenir l'amant de Marie mais il ne pourra empêcher son meurtre. Ce personnage est intéressant surtout par rapport à Marie. En effet on peut remarquer que la scène d'amour qui les unit pour la première fois (fragment n'est pas à proprement parler une scène où Marie est complètement consentante. Néanmoins nous les retrouverons quelques fragments plus loin (fragment 11) entrain de danser, ce qui suppose une bonne entente finalement. [...]
[...] Il nous permet également de voir Woyzeck au travail. Il nous paraîtrait intéressant de travailler la scène que nous appellerons la séance de rasage (fragment comme un fragment qui revient deux ou trois fois au cours de la forme finale parce que pour nous c'est un moment qui se répète plusieurs fois dans le quotidien de Woyzeck. Même chose pour la scène que nous appellerons la séance des pois (fragment avec le docteur. Le point commun entre ces deux personnages, c'est de parler de Woyzeck à la troisième personne, comme pour le déshumaniser. [...]
[...] Tous ces points sont des portes ouvertes que nous avons établies d'abord par rapport au texte. Il nous resterait maintenant à les mettre en pratique pour savoir si elles marchent et si prises toutes ensemble elles permettent une cohérence et une unité par rapport à un spectacle futur. Néanmoins au stade où nous en sommes, et d'un point de vue pratique, nous établirions cette mise en scène avec un nombre de comédiens ne dépassant pas dix personnes et nous partirions de la base d'une ronde où tout le monde se tient la main, danse et chante. [...]
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