« La valeur du geste qui faisait toute la beauté des ready-made me semblait compromise. Le défi qui avait scandalisé les Etats-Unis et déclenché des tempêtes d'enthousiasme dans les capitales européennes ou dada s'était implanté risquait de tomber à zéro. Ensuite je me suis demandé si ça n'était pas une nouvelle tentative pour agacer l'opinion publique, troubler les esprits, décevoir les admirateurs, encourager ses imitateurs à suivre son mauvais exemple, etc. Interrogé par moi, il m'a répondu en riant :‘Oui, c'était bien tout ça !' ». Cette phrase de Max Ernst définit bien l'état d'esprit de Marcel Duchamp, qui était également celui de certains dadaïstes, et qui visait une redéfinition de l'Art avec comme moyens d'actions la provocation, l'ironie et la liberté
[...] (Marcel Duchamp) C'est bien évidemment le cas pour Fountain, dont l'original a disparu et dont nous possédons de nombreuses répliques (voir seconde partie). Ainsi Il n'y a plus dans Fountain de notion d'esthétisme et plus de notion traditionnelle de l'art (une composition, une facture, un trait En effet nous sommes face à un objet de la vie quotidienne (un urinoir) qui est manufacturé. La seule intervention de l'artiste a été de le signer et de le dater. Mais il y a eu volonté de l'artiste de nous faire voir cet objet différemment puisqu'il lui a donné un titre : Fountain et qu'il lui a donné une fonction différente en voulant l'exposer au Salon des Indépendants. [...]
[...] On peut donc penser que c'est délibérément que Marcel Duchamp va mettre à l'épreuve le 'Ni jury, ni récompense' New-yorkais. Quelques jours avant l'inauguration, il se rend chez J.L. Mott Iron Works, un grand fournisseur de plomberie de New York, et achète un urinoir. Il retourne l'objet, le baptise Fountain, le signe d'un pseudonyme, R. Mutt (nom du fabricant), le date, 1917 et l'envoie anonymement au Grand Central Palace. Les membres du comité directeur se réunissent pour trancher. Finalement Fountain est refusée. Ainsi, la devise et les principes des Indépendants n'ont pas passé le cap de l'exposition inaugurale. [...]
[...] Dès lors que les Etats-unis annoncent leur entrée en guerre, Marcel Duchamp décide de s'exiler en Argentine, à Buenos Aires. Partageant son temps entre New York et Paris, à partir de 1928, au moins sur le plan public, il se consacre presque exclusivement à son activité de joueur d'échec. En quoi cette œuvre a t elle contribué à changer radicalement notre vision de l'art? Plan : - Cette œuvre est un ready-made - Fountain, une œuvre polémique et ironique En 1917 Marcel Duchamp expose au Salon des indépendants de New York un urinoir en porcelaine renversé à signé R.Mutt (nom du fabricant), daté 1917 et intitulé Fountain. [...]
[...] Marcel Duchamp dit À propos des Ready-Mades, dans un colloque en 1961 : En 1913 j'eus l'heureuse idée de fixer une roue de bicyclette sur un tabouret de cuisine et de la regarder tourner. [ . ] À New-York en 1915 j'achetai dans une quincaillerie une pelle à neige sur laquelle j'écrivis: "En prévision du bras cassé" (In advance of the broken arm). C'est vers cette époque que le mot ready-made me vint à l'esprit pour désigner cette forme de manifestation. [...]
[...] Après tout le mot Art signifie étymologiquement non pas faire, mais ‘agir'. À la minute même où vous agissez, vous êtes un artiste.( . ) Mais nous dans notre société, nous avons décidé de distinguer un groupe appelé artistes un groupe appelé docteurs et ainsi de suite, ce qui est purement artificiel. (Entretien pour la BBC de Marcel Duchamp conduit le 5 Juin 1968) Marcel Duchamp nous montre ici à quel point il était visionnaire. C'était sans aucun doute un réel esprit libre. [...]
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