Repères historiques :
L'épopée de la famille Polo débute avec la seconde moitié du XIIIème siècle.
1204 : La 4ème croisade voit la conquête de Constantinople, l'accès aux richesses de Byzance, et l'établissement de nouvelles grandes routes vers l'Est (et le Nord).
1241 : arrivée des Mongols dans les Carpates. On entend parler des mongols dès 1221. Après quelques alliances autour de la méditerranée, les mongols deviennent tolérants envers le christianisme. C'est une porte ouverte au Pape et au Roi de France qui vont tenter de convertir les mongols et de mettre en place un grand Khan des Mongols catholiques. Cependant les résultats seront minces, car les mongols sont très tolérant envers les monothéismes et leur empire est déjà entouré par les bouddhistes et les musulmans.
Contexte et naissance du Livre des Merveilles :
C'est dans ce contexte d'alliance avec les mongols que vont évoluer trois voyageurs commerçants vénitiens : Nicolo et Mateo Polo, deux frères ainsi que Marco Polo, fils de Nicolo.
Le grand-père de Marco Polo, profite de la situation pour installer une maison de commerce à Constantinople avec une succursale à Soudak en Crimée : ses deux fils Nicolo et Mateo auront la charge en 1260 de s'occuper de cette succursale et entreprennent donc un premier voyage depuis Venise.
Mais une guerre éclate dans le Caucase, et la Mer Noire devient « propriété » de Gênes, la rivale commerciale de Venise. Le chemin du retour est donc bloqué et les frères Polo décident de partir pour Boukhara en 1262. Ils y restent jusqu'en 1265, puis partent ensuite pour la Chine à la résidence d'été de Kubilaï (souverain de la Chine et chef des Mongols) jusqu'à l'été 1266. Ils deviennent ambassadeurs pour Kubilaï à Rome auprès du Pape pour faire « envoyer jusqu'à cent hommes savants à enseigner la religion et doctrine chrétienne ».
Ils reprennent le chemin du retour, arrivent à Rome en 1269, apprennent que le Pape est mort, et Visconti – le légat de Rome – se refuse à prendre des initiatives. Les frères Polo retournent à Venise où Nicolo avait laissé sa femme enceinte, il découvre son fils Marco, de 15 ans.
Au bout de 2 ans, le nouveau Pape n'étant toujours pas élu, les deux frères se décident à repartir, craignant que Kubilaï ne s'impatiente, mais cette fois, accompagnés de Marco. Alors qu'ils se préparent à partir de St Jean d'Acre, ils apprennent l'élection de Visconti comme Pape, et reformulent leur demande mais n'obtiennent que 2 moines plus ou moins inconnus, et qui fuiront à la première lueur de danger.
Leur véritable départ en compagnie de Marco Polo se fait donc au printemps 1272. Ils arrivent trois ans et demi plus tard auprès de Kubilaï et resteront 16 ans an Chine.
Ils repartent en 1295 de Chine pour aller chercher une épouse – dans une tribu - au souverain mongol
de Perse. Mais le souverain étant mort entre temps, les trois Polo rentrent à Venise, en 1295.
Après son retour vers 1296, Marco Polo est engagé comme commandant de galère et il est capturé lors d'un affrontement contre ses concurrents génois vers 1298. Lors de son séjour en prison, il rencontre Rusticien (ou Rusticello) de Pise, compilateur des légendes arthuriennes en prose, qui va consigner ses souvenirs sous forme de récit.
Ce livre, dans lequel sont relatées les expériences de ce voyage vers l'Orient inconnu, va devenir une oeuvre mythique, copiée et traduite dans toute l'Europe depuis le XIVe siècle. Il nous donne, d'une part, un témoignage vécu de ce qu'étaient les pays d'Extrême-Orient il y a sept siècles : leur géographie, leur organisation sociale, leurs religions et leurs coutumes. Il nous fait, d'autre part, découvrir un monde fantastique d'êtres merveilleux ou effrayants, incarnant à la fois les désirs et les craintes des voyageurs. Le récit de Marco Polo est très particulier : il n'est pas personnel, il ne parle de lui qu'en tant que témoin, son père et son oncle n'étant d'ailleurs cités que très peu de fois dans l'ouvrage. Le livre est destiné aux nobles.
Ainsi nait la première version du « Devisement du monde ». Ce livre va connaitre plusieurs titres : « Le Devisement du monde » puis « Le Million » puis « Le Livre du Grand Khan… et des merveilles qui sont de par le monde » et enfin « Le Livre des Merveilles ».
On a longtemps supposé que le texte original était en vénitien (le plus ancien manuscrit conservé étant en vénitien), mais en fait, l'original était en français, plus spécifiquement en un mélange d'italien et de français.
L'ouvrage est d'abord accueilli avec beaucoup de scepticisme car il parait trop « irréel dans son réalisme », et il donc vu comme une invention de Polo car ne parait pas assez « légendaire ». Cependant, Marco Polo fait preuve d'une grande qualité d'observation, de documentation et de précision pour l'époque, même si Marco Polo semble soit très crédule, soit très indulgent au vu des miracles très fréquents dans le récit (miracles dus à la foi chrétienne par ailleurs…).
Malgré cela, le Livre des Merveilles va devenir un très grand succès, et sera même un des premiers textes imprimé par Gutenberg.
[...] C'est un véritable peintre plus qu'un enlumineur. Son activité se situe surtout à Paris, où sa clientèle principale se trouve à la cour de Charles VI. Il a une carrière indépendante, suivant commande sur commande (entourage royal, riches marchands et banquiers Il a illustré un grand nombre de textes, de variété différente. Soit il fait intégralement une miniature, soit il la confie à son équipe, mais jamais les deux ne travaillent sur une même miniature. On reconnaît l'existence de cette équipe aux ordres du maître depuis quelques années seulement, mais il est vrai que dans la totalité des œuvres qui sont attribuées au maître, on reconnaît deux techniques différentes, une étant celle du maître et la seconde celle de son groupe. [...]
[...] Le livre des merveilles ouvre un recueil de sept traités concernant l'Orient, sujet qui tenait particulièrement à cœur à Jean Sans Peur puisqu'il a participé à la croisade contre les ottomans, a même été prisonnier en 1396, et libéré en 1402. La description de Marco Polo, illustrée par quatre-vingt-quatre miniatures est suivie de l'ensemble des textes sur l'orient, traduits du latin par Jean Le Long vers 1351. Le commanditaire, Jean sans Peur duc de Bourgogne, est le destinataire d'origine du manuscrit, et la commande fût sans doute importante et sûrement très coûteuse. [...]
[...] Deux premières lignes rouges annoncent un nouveau chapitre. Le Livre des merveilles est un témoignage historique, mais les enlumineurs du manuscrit vont donner un autre visage au voyage de Marco Polo puisqu'ils vont traduire dans un vocabulaire iconographique ce qu'ils n'ont jamais vu de leur vie. Jean Sans Peur employa deux copistes et toute une équipe d'artistes en relation avec l'atelier du Maître de Boucicaut. Ils vont produire 265 illustrations pour l'intégralité de l'ouvrage dont les 84 pour Marco Polo. [...]
[...] Il a représenté de manière fantaisiste les costumes et coiffures des protagonistes, puisqu'il ignorait la réalité de leur mise. Cependant, la scène est extrêmement expressive et le lecteur comprend immédiatement l'action en cours. Folio 16v Le chapitre correspondant à cette miniature commence comme un conte : Mulecte est une contrée où, d'après ce qu'on dit, demeurait anciennement certain très méchant prince qu'on appelait le Vieux de la Montagne. Cet homme portait le nom d'Alaeddin. Il avait fait aménager un magnifique et vaste jardin riche en fleurs et en fruits, doté de fontaines et de palais. [...]
[...] Ici, l'illustration n'est pas faite par une seule main, mais selon une collaboration entre deux artistes pour chaque miniature : Egerton (qui tient son nom d'un manuscrit qu'il a illustré et qui est conservé dans les fonds Egerton de la British Librairy), et un autre artiste de la tendance de Bedford (du style de Maître de Bedford, mais ce n'est pas lui). D'où le nom Egerton-Bedford. Folio 226, Partie de Jean de Mendeville la branche de houblon, devise attribuée à Jean sans Peur. On retrouve aussi le niveau que l'on retrouve au folio et le rabot, emblème le plus célèbre de Jean sans Peur ainsi que le lion et l'aigle folios ici, pas des symboles des évangélistes, le lion étant la personnification de Jean Sans Peur, et l'aigle le symbole de Saint-Jean, patron du Duc de bourgogne. [...]
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