Émergence, artiste de cour, prince, monarchie, régime princier
Pendant longtemps, l'historiographie a considéré que l'émancipation des artistes au XIVe siècle était le fait de la bourgeoisie, alors que la monarchie et les régimes princiers contribuaient à asservir les artistes via le système de cour.
Cette interprétation est en lien direct avec la situation au XIXe siècle où une bourgeoisie d'affaire revendique un leadership culturel. L'historiographie du XIXe siècle fait de la bourgeoisie du XIVe siècle le facteur déterminant dans le développement de l'artiste.
[...] René perd lui-même la Sicile face à Alphonse V. En plus de cela, il meurt en 1480 sans héritier et ses domaines retournent à la couronne de France. Il surinvestit dans le domaine artistique et s'assure un rayonnement par les arts que sa situation politique ne lui permettrait pas. Chez les princes italiens, c'est plus un problème de légitimité qu'un problème de poids politique que ces princes cherchent à compenser. Ex : Federico da Montefeltro. Il n'est même pas le fils naturel du précédent seigneur de Montefelftro. [...]
[...] Conclusion : il y a l'idée d'un élargissement de la conscience de l'artiste. Celui qui en est le plus symptomatique c'est le Filarete (alias Antonio Avevlino), un architecte de Florence. Il est envoyé par Côme à Milan où il devient l'architecte privilégié de Francisco Sforza. Il écrit traité d'architecture dédié à Sforza. Il l'envoie à Pierre de Médicis avec une médaille frappée à son nom (comme un prince). Sur cette médaille, il y a d'un côté le profil absolu de Filarete et de l'autre une inscription : ut sol suguet apis, sic nobis comoda princeps ( = de la même façon que le soleil nourrit les abeilles nous avons besoin du secours du prince). [...]
[...] Le prince y gagne en légitimité. Le système de l'art de cour se développe chez des princes en mal de légitimité, notamment en Italie. La politique artistique est parfois un système de compensation politique. Ex : la cour des ducs de Bourgogne XVe siècle possède un mécénat artistique plus développé qu'à la cour du roi de France. Les ducs de Bourgogne dépassent le mécénat royal. Ce mécénat est développé car ils n'arrivent jamais à obtenir la couronne royale. Ex : Jean de Berry, grand collectionneur, est celui des 4 frères qui a le rôle politique le plus effacé. [...]
[...] Le palais de gouvernement est le palais de la Cité et, dès Charles le roi n'y réside plus. Cette structure itinérante de la cour est une différence entre la France et l'Italie. En Italie, la plupart des principauté se sont construites sur le modèle de la cité-état. Il y a bien identification entre une ville et un prince et donc une seule cour princière dans une seule ville. Ex : le duc de Berry a une cour à Paris, à Poitiers, à Bourges, à Riom. [...]
[...] Ex : en 1445, Hue de Boulogne, au service de Jean sans Peur obtient de son fils Philippe le Bon une pension à vie pour son grand et ancien âge Ex : à la cour de Bourgogne toujours, on connaît un cas où une pension à vie est accordée à la veuve de l'artiste. Ex : au milieu du XVe siècle, Côme de Médicis assure une pension à vie à Donatello (bronzier). L'argent versé aux artistes ne récompense pas un travail, mais la disponibilité de l'artiste. L'artiste met son talent à disposition du prince et celui-là s'en sert selon ses besoins. On paie le talent de l'artiste (sa virtus). [...]
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