Peintre, poète, musicien et sculpteur allemand, Kurt Scwhitters est l'artiste « Dada » par excellence. Se révoltant contre l'art traditionnel, il créa une toute nouvelle conception de l'œuvre d'art et exerça ses talents dans de nombreux domaines. Cependant, il ne fut jamais réellement intégré au groupe dadaïste et vécut loin de l'agitation de Berlin, dans sa ville natale, Hanovre. Mais qu'a apporté cet artiste à l'art des années 20 ? Par quoi fut-il influencé particulièrement ? Et en quoi consiste exactement sa vision de l'art ? C'est ce que nous allons être amenés a voir à travers l'analyse de deux de ses œuvres et l'étude du « Merz », l'art que Schwitters créa.
[...] Cela donne une dimension plus sculpturale au tableau, le faisant sortir du simple art pictural. Par ailleurs, l'influence des œuvres de Jean Pougny, artiste russe installé à Berlin depuis 1920, se fait sentir dans le côté constructiviste précoce du tableau, ainsi que dans le cône à la pointe tronquée, semblable à une lame de hache rouge, situé dans le coin gauche en haut du tableau. En effet, ce motif apparaît dans de nombreux œuvres de Jean Pougny, en particulier dans une Sculpture picturale (1915), où le cône est placée exactement au même endroit et que Schwitters pourrait avoir vue à la galerie Der Sturm à Hanovre en 1921. [...]
[...] Pour Schwitters, Merz vise la libération de toute entrave. Liberté ne signifie pas licence effrénée, mais produit d'une rigoureuse discipline artistique Il appliquera ensuite le terme Merz à sa poésie et à sa façon de travailler, qui relèvent également de cette volonté d'utilisation de n'importe quel matériau, de liberté et d'art total. Et ce vœu de liberté s'incarne dans la simplification de ses tableaux au fil du temps : Schwitters s'engagea dans une voie de plus en plus abstraite, afin de créer l'harmonie parfaite dans ses tableaux Merz. [...]
[...] Ainsi, l'on peut dire que Schwitters rechercha toute sa vie un moyen de parvenir à l'art total, sans souci d'appartenance à un style précis et traçant sa propre voie au milieu de toutes les avant-gardes allemandes du début du siècle. Le Merzbau représente pour lui ce moyen, bien qu'il s'agisse d'une œuvre inachevée, mais on peut dire également que sa capacité à s'intéresser et à produire toutes les formes d'art possibles est une façon d'atteindre un niveau supérieur de l'art et de la beauté. [...]
[...] Pour Schwitters, ce qui importe le plus, c'est le rythme des lignes, des surfaces, des ombres, des lumières et des couleurs, bref le rythme des composants matériels d'une œuvre d'art Il cherche ainsi à harmoniser les parties hétérogènes de ses tableaux, ainsi que les matériaux chaotiques utilisés. Pour créer cette harmonie, Schwitters a recours aux formes géométriques et à une organisation rigoureuse (les éléments sont souvent disposés comme sur une grille), inspirée par le groupe De Stijl. Il se sert également de la peinture et des couleurs primaires, parfois violentes, pour estomper les contrastes entre les différentes matières. Schwitters crée ainsi des œuvres à la fois tactiles et visuelles, des œuvres à la fois construites et peintes. [...]
[...] Schwitters organise alors des soirées où il récite ou chante avec entrain sa sonate pendant près de trente-cinq minutes. Mais il avait commencé en 1920 une œuvre qui synthétise son besoin d'art total : le Merzbau. Ce Merzbau était au départ une simple colonne de platre où Scwhitters intégrait des éléments divers, soit trouvés dans les rues soit donnés par des amis ; cette colonne s'est ensuite agrandie et a envahit tout l'appartement de l'artiste, obligeant celui-ci à déménager. Il construira encore deux Merzbau, en Norvège et en Grande-Bretagne. [...]
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