« Les dieux sont plus grands que les hommes. L'artiste grec à cette époque primitive, avait pris, selon M. Bonnard, un tronc d'arbre bien droit dans lequel il avait taillé une sculpture dépassant de peu la statue humaine.
Dans la rotondité du tronc il avait façonné deux longs bras collés au corps, deux jambes posées d'aplomb sur le sol, marqué seulement les principales articulations de la l'architecture corporelle, conservé à l'ensemble une symétrie parfaite.
Il avait clairement indiqué le membre viril du dieu masculin et juste souligné la poitrine de la déesse. » (Extrait de L'Art Grec, sculpture, peinture et architecture, Claude Laisne). Cette citation est particulièrement choisie comme première approche de la description de l'œuvre.
Il s'agit d'une statue acéphale de 1,92m pour la partie connue et on suppose qu'avec la tête sa taille aurait atteint les 2,20m, soit des proportions qui dépassent la grandeur nature. Son bras gauche a également disparu et l'on suppose qu'il était replié sur sa poitrine et portait quelque chose à l'image des autres korai de ce type, l'épaule gauche et son sein gauche sont également très endommagés.
Datant d'environ 560 avant J.C, la statue est posée sur une base ronde comme une colonne. Les vêtements qui l'enveloppent laissent peu paraître sa plastique féminine (pas de hanches ou de taille) et la partie inférieure se dresse sans même que l'on puisse deviner les jambes sous les plis de la robe. Tout en bas, la longue tunique se lève pour laisser apparaître ses deux pieds. L'étude du drapé de la robe laisse souligne l'excellence de l'artiste dans la réalisation des plis et dans leur parallélisme même s'ils font preuve d'un réalisme douteux. On peut imaginer que les sculpteurs de la 2ème moitié du VIè rivalisaient de virtuosité de là à transformer leurs œuvres vers un artifice excessif.
De plus comme de nombreuses statues archaïques, la korè de Samos était certainement peinte, malheureusement aujourd'hui aucune trace de polychromie n'est visible.
La korè de Samos porte une inscription en grecque qui informe clairement que la statue était consacrée à Héra.
L'œuvre, découverte à la fin du XIXème siècle, a fait l'objet de théories successives qui divergent et évoluent au fil des découvertes. Les connaissances de Paul Girard lui ont permis d'établir une approche sur l'identité de la korè qui sera plus tard entièrement contredite par les découvertes archéologiques postérieures dans l'Héraion de Samos, notamment par la mise à jour d'une statue jumelle. L'agencement compliqué des vêtements de la korè, le mystère qui entoure son attitude, son bras mutilé, ce qu'elle portait dans sa main, sont des éléments qui ont servit les études sur l'identité de la korè.
La première étude importante qui nous soit parvenue est celle de Paul Girard, qui d'après plusieurs hypothèses aura conclu que la korè n'était autre que la déesse Héra elle-même, hypothèse qui sera contredite un siècle plus tard lorsque les fouilles du sanctuaire de Samos reprendront.
Mais face à une sculpture archaïque telle la korè de Samos, plusieurs angles d'approche sont possibles et viennent se compléter ou se contredire. C'est pourquoi il est important de rappeler l'étude archéologique et les hypothèses de Paul Girard puisqu'il est l'inventeur de l'œuvre, d'expliquer ensuite dans quelles mesures elle s'est avérée entièrement fausse. Mais en plus d'approches archéologiques, on ne saurait négliger le regard que portent des amateurs, tels Jaqueline de Romilly et Jacques Lacarrière, ce que l'œuvre leur inspire et comment ils la perçoivent en dehors de toutes considérations scientifiques.
[...] L'artiste semble avoir capturé un moment de la vie de la korè, elle retient son souffle et reste là, immobile. La korè est présentée en toute simplicité côtoyait la familiarité des Grecs tout comme les dieux était présents pour leur vie quotidienne. Jacques Lacarrière vient comme personnifier cette œuvre, il se demande si elle écoutait ou regardait ; si elle voyait Héra se baigner pour recouvrer sa virginité Il replace la korè dans le contexte de l'île de Samos au VIè siècle et l'imagine dans sa vie quotidienne, dans ses pensées et croyances. [...]
[...] Le lion ou la sirène sont trop gros pour tenir dans le poing serré contre sa poitrine de plus ce sont des attributs assez rares. Du coup on retiendra plutôt que l'Héra de Samos portait une grenade comme répondant mieux aux intentions de l'artiste car complèterait le caractère nuptial conformément aux croyances samiennes. Du point de vue de la datation, en analysant la calligraphie de l'inscription présente sur la korè il en a déduit qu'elle datait de la fin VIè / début Vè. [...]
[...] Elle conclue que la korè est simplement grecque et cite un extrait de Phèdre de Platon pour illustrer la simple incarnation de la beauté de la korè. Jacques Lacarrière : Comme un mouvement au cœur de l'immobile (titre donnée à la conférence sur la korè de Samos) Comme Jacqueline de Romilly, Jacques Lacarrière élide rapidement les considérations archéologiques sur la korè. En effet, il s'attarde à regarder l'œuvre, simplement, et est frappé par la mutilation de sa tête et de son bras gauche. [...]
[...] Pour cela, il réunit dans ce petit livre des textes issus d'une conférence donnée sur le sujet aux pieds de la statue et l'ambition de livre est de donner une approche renouvelée d'une œuvre choisie en réunissant les témoignages d'écrivains ou d'artistes et d'un spécialiste. Jacqueline de Romilly et Jacques Lacarrière nous font part de leurs impressions face à la korè de Samos, alors même qu'ils ne sont pas des spécialistes de sculpture archaïque. Jacqueline de Romilly est une spécialiste de la littérature grecque et Jacques Lacarrière est un voyageur érudit, un écrivain auteur de romans, de récits de voyage et d'essais sur la Grèce. [...]
[...] Il avait clairement indiqué le membre viril du dieu masculin et juste souligné la poitrine de la déesse. (Extrait de L'Art Grec, sculpture, peinture et architecture, Claude Laisne). Cette citation est particulièrement choisie comme première approche de la description de l'œuvre. Il s'agit d'une statue acéphale de 1,92m pour la partie connue et on suppose qu'avec la tête sa taille aurait atteint les 2,20m, soit des proportions qui dépassent la grandeur nature. Son bras gauche a également disparu et l'on suppose qu'il était replié sur sa poitrine et portait quelque chose à l'image des autres korai de ce type, l'épaule gauche et son sein gauche sont également très endommagés. [...]
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