Dans le film, l'utilisation du grand angle élargit l'espace filmé et l'écrase en hauteur ; de plus, les plans sont très souvent filmés en contre-plongée, ce qui aboutit à une occupation presque totale de l'espace en hauteur par le personnage : ces deux effets déforment donc assez nettement l'image et la vision d'une scène.
Mais il est intéressant de porter attention au fait que cette idée vision "par le bas" n'est peut-être pas qu'un effet de Welles : en effet, lorsque K., dans les premières lignes du roman, se réveille, il "regarda du fond de son oreiller" (p.23) ; on peut également rapprocher ce réveil étrange au début de la Métamorphose, texte dans lequel l'effet de contre plongée est là aussi utilisé, puisque tout le récit se déroule à travers les yeux de Grégoire Samsa, devenu un cancrelat (...)
[...] Ainsi même la narration ne semble pas du côté de K. le monde entier en spectateur - Dans les deux œuvres, on a l'impression qu'absolument tout le monde est au courant et même témoin du procès, et même les personnes que K. ne connaît pas ou peu, comme l'industriel, l'avocat, l'abbé, la cousine, etc. Les trois employés de la banque qui sont amenés avec les policiers chez K. lors de son arrestation font figure de témoins et même presque de menace : maintenant, ils sont au courant. [...]
[...] De plus, et c'est accentué par Welles dans le film, il refuse d'agir savait très bien maintenant que son devoir eût été de prendre lui-même l'instrument [ . ] et de se l'enfoncer dans le corps. Mais il ne le fit pas, au contraire" p.279), et hurle à ces bourreaux que c'est à eux de le tuer, comme s'il voulait rester passif jusqu'à la fin ; dans la film, ses dernières paroles sont you have to do it ! You ! qu'il répète et crie de plus en plus fort à ses accompagnateurs, jusqu'à mourir dans l'explosion. [...]
[...] De plus, Welles exploite moins cette idée de "coincer" K. que Kafka ; il préfère le perdre dans des grands espaces (la place à la statue, le vaste appartement de l'avocat, la spacieuse place devant la cathédrale, et toutes les scènes filmées dans l'imposante gare d'Orsay) : ainsi, K. se démène comme il peut dans un néant absolu, sans repères ni cohérence. - Il faut aussi prêter attention au fait qu'Orson Welles joue le rôle de l'avocat ; on peut penser, avec le nombre d'allusions qu'il fait à son statut de réalisateur (la voix off du narrateur dans le prologue et dans le générique, le fait qu'il projette les images de l'écran d'épingles sur le mur, dans une position de cinéaste plus que d'avocat, etc.), que tout le film se place du côté du rôle même de Welles, et donc de l'avocat. [...]
[...] On aurait pu penser que son nom était tout simplement mais dans un plus ancienne édition du Procès, son nom est écrit . suivi de trois petits points, ce qui nous laisse penser que ce n'est pas simplement que le nom de famille du personnage ne comporte qu'une seule lettre. Tout nous porte donc à croire que Joseph K., s'il n'est pas l'auteur, se rapproche du moins de lui. l'art de se torturer soi-même - On a vu un peu plus haut que Kafka, dans son Journal, écrit : Si j'étais un étranger m'observant et observant le déroulement de ma vie, je serai obligé de dire que tout cela finira nécessairement dans la stérilité, consumé que je suis de doutes incessants, et créateur seulement dans l'art de me torturer moi-même. [...]
[...] est mis en position de spectateur ; sa passivité ne lui confère même pas un statut de témoin : - La première situation est celle du débarras, où les deux policiers se font fouetter par un supérieur. K. tente de soudoyer le bourreau, mais celui-ci refuse, et, finalement, K. repart sans avoir servi à rien. - Ensuite, lors de la première visite de K. chez l'avocat, le chef de Bureau, l'oncle et l'avocat se mettent à parler du procès de K. [...]
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