Boris Vian est un personnage très complexe et prolixe : en 39 ans d'existence, il fut romancier, poète, dramaturge, ingénieur pataphysique, trompettiste, auteur d'opéras, de chansons, de films, traducteur, directeur artistique de maisons de disque, pilote d'automobile…Amoureux du jazz, il adhère au hot club en 1937 ; il en deviendra le trompettiste et l'animateur. En 1947 est publié le premier livre de Boris Vian, j'irai cracher sur vos tombes, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, qui provoque un énorme scandale et qui sera le Best seller de l'année 1947.
Il meurt pendant la projection de l'interprétation cinématographique de ce roman le 23 juin 1959.
La musique accompagne Boris Vian depuis ses 15 ans. Musicien de jazz et grand amateur de ce style, le jazz est le moteur principal de ses chansons. Mais Boris Vian s'est aussi inspiré de nombreux genres musicaux : berceur, calypso, java, polka, valse, tango, messe, blues, et rock and roll dont il est, en France, à l'origine. Prolifique et diverse, cet auteur compositeur interprète a écrit des chansons populaires et humoristique, adolescent il écrit déjà des couplets, mais il écrit également des opéras, des comédies musicales, des écrits sur le jazz et des ballets. Cette diversification des styles montre l'amour qu'il éprouve pour la musique. On peut dire qu'aucun genre musical, ou presque, n'a échappé à Boris Vian. De 1943 à 1959 Vian a été très productif et a écrit 500 chansons, 340 ont été composées, 60 par Henri Salvador, 50 par Allain Gorager, 30 par Jimmy Walter, 30 par lui-même ; les autres l'ont été par une multitude de compositeurs différents.
Nous étudierons dans un premier temps le processus de création d'une œuvre de Boris Vian, Les joyeux bouchers, de sa création, de sa production jusqu'à sa diffusion, et nous verrons en quoi celle-ci est intimement liée à un consensus commercial. Puis, dans un second temps, nous analyserons le texte de cette chanson afin de comprendre son implication dans un contexte historique particulier. Enfin nous suivrons le parcours de cette production, de son accueil jusqu'à son influence tardive.
[...] Canetti le convainc alors de les chanter lui-même. Selon lui l'inventeur d'une chanson à une idée intéressante sur la façon de l'interpréter. La diffusion C'est aux Trois baudets que Boris Vian devient alors chanteur: le théâtre des Trois baudets, temple de la chanson rive gauche est dirigé par Canetti depuis 1947. Son premier tour de chant débute le 4 janvier 1955 dans ce théâtre et se termine le 22 juillet 1955. En parallèle, il chante du 28 janvier au 15 juin 1955 à La fontaine des quatre-saisons. [...]
[...] Sur le CD joint à ce dossier, Il est intéressant d'écouter, les différents types d'interprétations qui en ont été faites. Des versions empreintes de jazz, de musette, jusqu'au tango exacerbé, il est sûr que cette œuvre de Boris Vian est une source d'inspiration pour d'autres créateurs, et qu'elle continue d'avoir une influence sur les artistes d'aujourd'hui. Conclusion Cette œuvre est à la fois issue du talent d'un artiste, mais également d'une industrie culturelle ayant des enjeux économiques. Boris Vian, qui ne quitte pas pour autant le monde de la musique après sa carrière de chanteur, a très bien compris ce lien qui unit le monde musical au monde financier. [...]
[...] Les joyeux bouchers a été interprétée par des chanteurs et des chanteuses nationaux et internationaux. Dès 1955 cette chanson est réinterprétée par les garçons de la rue et par Mouloudji. Elle continuera de l'être jusqu'à aujourd'hui avec la nouvelle vague de chanson française actuelle. Les interprètes des Joyeux bouchers sont : Catherine Ringer and the renegade brass band, Stéphane Aubry, Sarah Boreo et Jean Bourbon dans La fête a Boris en 1981, les garçons dans Boris super Vian en 1985, les interprètes du spectacle En avant la zizique en 1968, Annie et Artus dans Un ange passe, les croquants dans Reprisé, la compagnie de la musique à ouïr dans Ouïrons nous en 2003, Mouloudji en 1971 dans son 33 tours Mouloudji chante Boris Vian, Sue et les salamandres dans Pur Vian de bœuf en 1994, Les z'hameçons dans Belle prise en 2002, les polis sont acoustiques dans En faim en 2002. [...]
[...] Boris Vian écrit Les joyeux bouchers à la fin de la guerre d'Indochine, soit le 15 février 1954, et au début de la guerre d'Algérie. Ce contexte politique est important pour la compréhension de l'œuvre et de son accueil. III/ Accueils et influences Le scandale Quand Vian a abordé la variété, nous étions méfiants, on avait un sourire moqueur, on l'attendait au tournant Ses chansons nous ont convaincus : les textes en sont très beaux témoigne Maxime Saury, un proche. [...]
[...] Paroles des Joyeux bouchers : C'est le tango des bouchers de la Villette C'est le tango des tueurs des abattoirs Venez cueillir la fraise et l'amourette Et boire du sang avant qu'il soit tout noir Faut qu' ça saigne Faut qu' les gens ayent à bouffer Faut qu' les gros puissent se goinfrer Faut qu' les petits puissent engraisser Faut qu' ça saigne Faut qu' les mandataires aux Halles Puissent s'en fourrer plein la dalle Du filet à huit cents balles Faut qu' ça saigne Faut qu' les peaux se fassent tanner Faut qu' les pieds se fassent paner Que les têtes aillent mariner Faut qu' ça saigne Faut avaler la barbaque Pour êt'e bien gras quand on claque Et nourrir des vers comaques Faut qu' ça saigne Bien fort C'est le tango des joyeux militaires Des gais vainqueurs de partout et d'ailleurs C'est le tango des fameux va-t-en-guerre C'est le tango de tous les fossoyeurs Faut qu' ça saigne Appuie sur la baïonnette Faut qu' ça rentre ou bien qu' ça pète Sinon t'auras une grosse tête Faut qu' ça saigne Démolis en quelques-uns Tant pis si c'est des cousins Fais-leur sortir le raisin Faut qu' ça saigne Si c'est pas toi qui les crèves Les copains prendront la r'lève Et tu joueras la Vie brève Faut qu' ça saigne Demain ça sera ton tour Demain ça sera ton jour Pus bonhomme et pus d'amour Tiens ! Voilà du boudin ! Voilà du boudin ! Voilà du boudin ! Dans le texte un glissement de sens s'opère : les bouchers sont petit à petit associés aux militaires jusqu'à l'apothéose finale de tiens voilà du boudin où le lien bouchers-armée est très clair, accentué par la fanfare militaire. [...]
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