« Les jardins longtemps considérés comme relevant des arts décoratifs et à ce titre quelque peu secondaires par rapport à la littérature et à la peinture, prennent aujourd'hui toute leur place dans une histoire culturelle globale », comme l'a dit l'historien de l'art Mr Baridon. En effet cette forme d'expression, au même titre que la littérature, l'architecture, la peinture et la musique, reflète les fluctuations politiques, économiques, socioculturelles d'un pays et ceci, comme nous allons le voir, s'applique tout particulièrement aux jardins anglais du XVIIème siècle.
L'Angleterre du XVIIIème siècle que l'on présente souvent comme un havre de paix, une période de calme entre les guerres civiles du XVIIème siècle et les affrontements de la révolution industrielle, est en réalité un moment d'équilibre entre des tensions comme dit l'historien Plumb. Ces tensions ne peuvent pas atteindre le point de rupture parce que l'opinion publique dans sa grande masse conserve un souvenir trop cuisant de la guerre civile et parce que la coalition qui s'est établie entre la noblesse et la bourgeoisie d'affaire s'avère en réalité solide. Tout cela s'est mis en place tant bien que mal à la révolution de 1688, celle qui a placé fermement l'Angleterre à la tête du camp protestant en Europe, qui a fait tomber l'absolutisme.
Les tensions sont de deux ordres : il y a d'une part, une forme intégriste de conservatisme, celle qui regarde avec nostalgie du côté des Stuarts exilés, et d'autre part les dissidents, toujours actifs dans les milieux urbains où se fait le commerce et bientôt dans els villes de province où s'élèveront els premières fabriques de la révolution industrielle. Ceux sont eux qui vont inspirer des luttes d'abord sourdes puis de plus en plus ouvertes pour une vraie réforme parlementaire. Au début du XVIIIème ils jouissent des avantages acquis lors de la révolution : ils ne risquent plus rien et les voies économiques sont ouvertes pour qu'ils puissent s'enrichir ; ils s'accommodent donc d'un pouvoir partagé entre le roi et l'aristocratie parce que cette solution garantit la liberté de conscience même si elle déséquilibre la machine politique au profit de la propriété foncière et défavorise les milieux les plus intéressés aux innovations de tous ordres. L'idéal de paix Whig prône la tolérance, la concorde, l'équilibre et la justice. De 1722 à 1742, Walpole poursuit avec obstination une même politique visant à établir stabilité et équilibre à l'intérieur, paix à l'extérieur. Sa politique convient aux riches, elle protège leur fortune par un système d'impôts peu élevés, et leur apporte la sécurité en évitant la guerre, mais elle mécontente ceux qui rêvait pour l'Angleterre d'un destin grandiose. L'Angleterre connaît une stabilité certaine, malgré l'impopularité croissante du personnage. Durant la première moitié du siècle, l'Angleterre connaît le m^me visage. Les lois sur l' « enclosures » n'ont pas encore modifié la physionomie des campagnes, en remplaçant l' « open-field » par le champ clos. Dans la seconde moitié du siècle, les champs se clôturent et chaque fermier peut apporter les améliorations que els progrès techniques permettent.
Comment explique la révolution artistique qui a lieu dans les campagnes à cette époque, transformant tout à fait le style du jardin en Angleterre ?
L'abandon, au XVIIIe siècle, du jardin à ordonnance géométrique stricte au profit du jardin paysager constitue une véritable révolution qui marquera l'art paysager pour les deux siècles suivants. Les premiers jardins paysagers créés dans la région de Londres sont l'expression d'un changement de mentalité et d'une nouvelle approche de la nature qui s'était déjà manifestée précédemment dans la littérature et la peinture. Contrairement aux jardins dans lesquels la nature est domestiquée et façonnée, le jardin anglais redevient l'idéal du libre épanouissement des plantes, expression de la pensée libérale du Siècle des lumières.
Ainsi au XVIIIème, la nature est au centre des préoccupations de l'artiste, du poète, de l'homme civilisé qui veut retrouver à la campagne un décor en harmonie avec les inspirations de son être et qui cherche a recréer un environnement qui apaiserait ses angoisses et qui le rapproche de ce qu'il imagine de la félicité. C'est dans un cadre » naturel » que semble résider le bonheur, et pour être sur de trouver des scènes qui enchantent l'âme, on remodèle le paysage afin qu'il réponde à l'imaginaire poétique, philosophique ou artistique du propriétaire, tout en répondant aussi à des aspirations politiques et économiques. Pendant tout le siècle vont s'organiser des jardins où l homme créera un microcosme à l'image de ce qu'il attend.
[...] Il demande tout d'abord à Bridgeman, le jardinier royal et à Vanbrugh, un ami proche, de faire des plans du jardin. Les grands changements interviennent des 1711, et des monuments tels que la Rotonde sont rajoutés. Kent fait des modifications très importantes, et construit deux des principaux monuments de Stowe : le Temple of British Worthies et le Temple of Ancient Virtue reliés par le Shell Bridge à la Grotte au nord .Après 1730, le jardin est complètement remanié par Kent. [...]
[...] Vue de Stourhead du lac au Panthéon Il ajoute également le Temple of Appolo en 1765. Il s'agit d'une version d'une ruine ronde de Baalbeck, ornée d'une statue de l'Apollon du Belvédère. Le spectateur peut aussi passer sur le Iron Bridge, devant la cascade, autre élément très important, aménagée par Hoare. Ce jardin participe largement à développer des états émotionnels différents pour le spectateur, selon les saisons, l'atmosphère et l'harmonie des couleurs. Cette pérambulation comme disent les Anglais, permet un enrichissement progressif de la pensée et des impressions. [...]
[...] Ce compromis a été atteint en 1688 quand le dernier des Stuarts, Jacques II, catholique, a été contraint de fuir en France et de céder sa place à son beau frère Guillaume d'Orange, calviniste, venu d'Hollande. Cet évènement, appelé en Angleterre Glorieuse Révolution a mis fin à l'absolutisme de droit divin des Stuarts, comme nous l'avons vu précédemment. Il en est issu une monarchie dite limitée qui partage le pouvoir entre le roi, les Lords et les Communes. La haute aristocratie anglaise constitue un milieu fermé d'un peu plus de deux cents familles. Elle se distingue de la petite noblesse ou gentry qui ne porte pas de titre héréditaire. [...]
[...] C'est aussi, donc, cette recherche de sensations colorées qui a ouvert le jardin au paysage, comme par exemple a Castle Howard ou Vanbrugh abandonna l'axe central, ce qui permit de découvrir depuis le château les horizons vallonnés du Yorkshire. III. Les principaux jardins anglais et leurs créateurs Le jardin de Stowe Stowe est l'un des jardins les plus célèbres de style anglais. Il a été travaillé par trois des plus grands paysagistes anglais de l'époque, à savoir Bridegeman, Kent et Brown. Il représente remarquablement l'évolution du goût anglais de l'époque et reste le premier chef-d'œuvre de cette dégéométrisation du jardin. Stowe est transformé par quatre membres de la famille Temple, dont Lord Cobham en 1697. [...]
[...] Les catégories esthétiques ont évolué de façon parallèle. C'est en ce sens que lorsque les premiers jardiniers anglais du pittoresque on voulu dessiner des jardins plus "naturels" et s'affranchir pour cela de la tyrannie de l'axe central, ils se sont tournés vers les peintres de paysage comme vers des auxiliaires tout trouvés. C'est ici que pour la première fois la relation du paysage à l'architecture s'inverse. Vanbrugh voit dans le parc un bâtiment qu'il juge digne d'être aperçu depuis le château. [...]
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