Le jardin des délices constitue une expression singulière entre toutes du génie de Jérôme Bosch. Les commentateurs sont unanimes pour le considérer comme un des plus grands chefs d'œuvre de Bosch, sinon pour son chef d'œuvre. Cette œuvre parfaitement accomplie et témoignant de l'imagination débridée de son auteur est sans doute le plus grand, le plus féerique des triptyques de Bosch. Véritable chant des signes, envoûtant mais difficilement décryptable, Le jardin des délices est surprenant à plus d'un titre et se refuse à livrer l'intégralité de son sens aux plus savantes, puissantes et ingénieuses exégèses
[...] Vérité difficile voire impossible à cerner mais qui nous rend libre de projeter sur le tableau nos rêves, nos angoisses, nos intuitions pour coïncider comme dirait Bergson, avec ce qu'il a d'unique, d'inexprimable. Le jardin des délices est par là même une conquête de la sensibilité contemporaine. [...]
[...] Au carrefour de deux âges, il incarne un conflit d'idées de sentiments, de goût. Tendue entre l'angoisse et l'espoir, entre le doute et la foi, son œuvre doit être regardée comme un témoignage fascinant. Elle transpose le lyrisme souvent démoniaque des prédicateurs populaires, donne aux textes et aux paroles des équivalents plastiques inattendus, aux proverbes des formes frappantes, aux mœurs et aux coutumes des images précises, aux abstractions une prodigieuse réalité. C'est cette prodigieuse réalité que nous retrouvons dans Le Jardin des délices. II. Le jardin des délices A. [...]
[...] Le jardin des délices : incarnation d'une conception moderne du bonheur ? Un monde de la jouissance et de l'érotisme : Le jardin des délices apparaît comme un prodigieux paradis artificiel où fleurissent les milles et unes fleurs du mal. Agapes du désirs, pique- niques d'amour, festin de cerises, régal de fraise, morsure gourmande, bosquets complices, enlacements voluptueux, attentes anxieuses, bains capiteux, plantes fleurs et oiseux mêlant leurs amours aux amours des hommes. Partout fleurs et fruits, ou bien donnent le plaisir, ou bien servent à cacher les amants, ou encore sont l'expression très claire d'allusions qui se révèlent en gestes peu ambigus. [...]
[...] Curieux paradis des corps, où, à ce qu'il me semble, on ne s'embrasse que distraitement, où aucun plaisir ne semble résulter des contacts les plus évidents, où enfin les corps sont traités avec une indifférence et une absence d'épaisseur qui contraste avec le modelé plastique des fruits et des formes. En effet, la figure humaine n'intéresse en aucune façon Bosch ; indiquée par de simples contours, elle a seulement valeur d'intermédiaire. Les personnages sont comme des accessoires placés devant le paysage. Il faut noter l'incroyable pouvoir déréalisant du pinceau de Bosch. Les corps traités selon la mode gothique taille fines, épaules étroites sont sans épaisseur. [...]
[...] Essai d'interprétation A. Une perspective chrétienne ou hérétique ? La perceptive chrétienne : vanité des jouissances : Au XVII° siècle, un commentateur espagnol, le frère Joseph de Sigueça qui donne une portée morale à ce qu'il appelle le tableau de la gloire et du goût éphémère de la fraise et a exprimé le souhait que le monde entier soit rempli de copies de ce tableau On en tirerait beaucoup de profit si chacun y venait, tout absorbé par la vie intérieure, à moins qu'on ne reconnaisse pas les passions et les vices qui transforment en animal et même en autant d'animaux Une lecture adamiste de l'œuvre : W. [...]
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