Jan Gossaert, dit Mabuse : "Danaé", 1527

Résumé du document

Jan Gossaert est un artiste assez méconnu. Ses origines, comme sa formation, restent incertaines. Néanmoins, les œuvres que l'on connaît de lui en font le premier introducteur véritable de l'art antique aux Pays-Bas. A la fin du XVe et au début du XVIe siècles, la Renaissance commence tout juste à toucher le Nord de l'Europe. Les villes privilégiées du changement artistique et culturel sont celles qui entretiennent d'anciennes relations commerciales avec l'Italie, comme la ville de Maubeuge d'où serait originaire le peintre. Si l'on regarde ce qui se fait au début de la carrière de Gossaert, on peut voir que le décalage entre la culture artistique de l'Europe du Nord et de l'Italie est encore colossal. Jérôme Bosch, presque exact contemporain de Léonard de Vinci, peint des espaces hallucinatoires peuplés de petites figures sans de soucier de l'échelle, de la profondeur ou de la perspective géométrique. Cependant, des artistes de transition apparaissent qui, grâce à des voyages à Rome, à des relations avec des humanistes ou au contact des gravures, assimilent progressivement les principes de la Renaissance italienne, sans pour autant perdre leur caractère typiquement nordique.
Avec sa Danaé, peinte à la fin de sa carrière, Jan Gossaert montre ainsi qu'il a profité de la leçon italienne, mais qu'il l'a intégrée aux caractéristiques artistiques de son lieu d'origine. On peut donc se demander en quoi cette œuvre est importante dans la constitution d'une Renaissance nordique. Nous verrons d'abord comment elle se situe entre les traditions nordiques et italiennes, puis le traitement spécifique du mythe de Danaé et son explication.

Extraits

[...] Titien, Danaé, v. 1553-1554, huile sur toile, Madrid, Musée du Prado ; Giambattista Tiepolo, Jupiter et Danaé huile sur toile x 53 cm, Stockholm, Université 2. Danaé assimilée à la Vierge Pour Gossaert au contraire, le récit mythologique est le support d'une représentation religieuse. Danaé, symbole de la chasteté à l'époque médiévale, est également l'exemple de l'union d'un dieu avec une vierge. Ici, elle est même complètement assimilée à la Vierge Marie. Comme la mère du Christ, elle porte une robe bleue. [...]

[...] Jan Gossaert n'est donc qu'un artiste de transition dans la constitution d'une Renaissance nordique. Néanmoins, il ne faut pas négliger son importance, car il est le premier artiste des Pays-Bas à prendre conscience que l'art antique n'est pas qu'un répertoire de motifs décoratifs dans lequel on peut puiser pour agrémenter ses œuvres. Il reconnaît dans l'Antiquité un principe structurant, ce qui lui permet de l'aborder sur le plan de la forme. Dans Danaé, grâce à la structure du temple à l'antique, il réussit à mettre en valeur la scène et à la rendre plus claire, alors que celle-ci ne contient qu'un seul personnage et n'est pas très explicite. [...]

[...] Albrecht Dürer, Eve huile sur bois x 82 cm, Madrid, Musée du Prado 3. Une œuvre caractéristique de la Renaissance nordique Le concept assez approximatif de Renaissance nordique englobe le processus de renouvellement des formes et des thèmes iconographiques au Nord des Alpes à partir de la fin du XVe siècle. L'un des premiers artistes à faire la transition entre les primitifs flamands et les futurs artistes très marqués par Rome est Quentin Metsys, qui travaille à Anvers. Il est très influencé par l'art de l'Italie du Nord, notamment par Léonard de Vinci. [...]

[...] Il raconte qu'un oracle aurait prédit au roi d'Argos, Acrisios, que sa fille Danaé aurait un fils et que celui-ci tuerait son grand-père. Acrisios enferme aussitôt Danaé dans une chambre souterraine toute de bronze. Mais Zeus, sous la forme d'une pluie d'or, s'unit à la jeune fille. De cette relation naît un fils, Persée, célèbre pour sa victoire contre la Gorgone-Méduse et ses amours avec Andromède. Cet épisode n'est évoqué que très courtement dans l'œuvre d'Ovide, et très peu de détails sont donnés. [...]

[...] 1995), Bruxelles et Gand p. 15-16 et 210-215. C. Mignot et D. Rabreau (dir.), Les Temps modernes, XVe-XVIIIe siècles, Paris, Flammarion p. 180-181. L. Impelluso, Dieux et héros de l'Antiquité. Repères iconographiques, Milan, Hazan, 2002. [...]