Mélusine - Lusignan - Raymondin - Interdit - Transgression
Dissertation de littérature française niveau L3 Lettres modernes.
dissertation sur la fée Mélusine de Jean d'Arras.
De toute la littérature française, l'époque médiévale comporte, sans doute, le plus vaste répertoire d'histoires concernant les interdits, marquant les limites de la condition humaine. Mélusine de Jean d'Arras occupe une place à part et importante dans la littérature, elle se situe à la croisée de deux mondes : l'un féerique, merveilleux et l'autre humain, réel. L'histoire de Mélusine s'appuie sur un thème universel : celui du mortel, Raymondin, qui se lie avec un être féerique, Mélusine. Il s'en trouve comblé, à la seule condition d'en ignorer, ou du moins de n'en pas révéler le caractère extraordinaire. Mélusine fait partie de ces êtres à mi-chemin entre l'humanité et le surnaturel, qui semblent avoir besoin de la participation de l'homme pour pouvoir exister réellement et agir dans le monde. L'histoire de Mélusine donnera son nom aux récits suivant le même schéma qui se compose principalement d'une rencontre, d'un interdit et d'une transgression. L'amour, scellé par le mariage, entre Raymondin et Mélusine, est rendu possible par l'acceptation de l'interdit fixé par Mélusine. Et c'est une fois cet interdit fixé et accepté que la légende prend tout son sens et peut d'exister. Cet interdit désigne en fait une sorte de pacte qui lie l'être humain qu'est Raymondin à l'être surnaturel qu'est Mélusine. Grâce à ce pacte, Mélusine peut cacher sa véritable nature, sa forme primitive à Raymondin et en cela le pacte est protecteur puisqu'il permet à la fée de vivre en conformité avec les hommes. Et tant que durera le pacte, le couple vivra dans une certaine prospérité.
L'interdit revêt une multitude de formes et constitue en cela le noyau de la légende : dans quelles mesures l'interdit donne-t-il naissance au mythe mélusinien ?
Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux différentes fonctions de l'interdit, pour ensuite aborder sa véritable signification et son symbolisme ainsi que sa place dans le récit. Enfin, nous verrons que c'est principalement l'interdit qui permet le récit et le mythe mélusinien.
[...] Ce pacte passé et accepté, par le biais du mariage, permet donc la prospérité et l'abondance des Lusignan ainsi qu'une descendance extraordinaire au caractère semi-divin. Mais outre l'union, l'interdit rend possible l'amour entre l'être immortel et le mortel. Sans lui, l'amour, la prospérité et la descendance ne sont pas possibles et plus encore, le mythe mélusinien ne pourrait pas être nommé comme tel sans cet interdit. C'est pourquoi l'interdit rend le mythe unique et le différencie de la simple histoire d'amour. [...]
[...] Et il en va de soi qu'une fée, qu'un être surnaturel et supérieur tel que Mélusine, venue faire entendre sa voix divine et apporter son aide aux hommes, ne cautionne pas ce genre d'agissement. Cet interdit a pour but de s'assurer de ne jamais être confronté à ce genre de situation, c'est éviter le jugement d'autrui et les regards inquisiteurs des humains. L'interdit revêt une sorte de carapace, une protection contre l'humiliation. Découverte aux yeux de tous et blessée, Mélusine ne peut que disparaître à cause d'un sentiment de honte qui apparaît dès lors comme insurmontable. [...]
[...] L'interdit apparaît alors comme étant le responsable de cet âge d'or mais aussi de sa fin. Par ailleurs, l'existence de l'interdit permet la présence de la fée dans le monde humain mais aussi la conception d'enfant mi-humain, mi-divin. En cela, L. Harf Lancner qualifie la descendance de Mélusine comme étant le plus précieux des dons que prodigue la fée à son époux mortel ( ce don d'une descendance semi-devine semble caractéristique du conte mélusinien. ; et en effet, Mélusine tombe enceinte quelque temps après son union avec Raymondin. [...]
[...] Dans un premier temps, nous nous intéresserons aux différentes fonctions de l'interdit, pour ensuite aborder sa véritable signification et son symbolisme ainsi que sa place dans le récit. Enfin, nous verrons que c'est principalement l'interdit qui permet le récit et le mythe mélusinien. Malgré la multitude des interdits développés dans les légendes dites mélusiniennes il est possible de le définir. Mais en ce qui concerne ses fonctions, l'histoire est toute autre, car il existe autant de fonctions et de symbolismes que d'interdits. [...]
[...] Hormis le pouvoir qu'accorde le mythe mélusinien aux hommes, il en attribue également un à la femme-fée : celui qu'elle a sur l'homme. En d'autres termes, en imposant une volonté à son époux, elle acquiert en quelque sorte un pouvoir l'espace d'un temps, le temps où l'interdit n'est pas violé. Et certains médiévistes se demandaient, à juste titre, s'il n'y avait pas là un interdit qui pousserait l'homme à être à la merci de la femme ; cette dernière étant perçue comme l'incarnation du pouvoir souverain et, par extension, du pouvoir féminin, dans la mesure où elle assoit le pouvoir de son époux. [...]
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