On traverse les paysages et, on peut s'y rendre pour un temps donné, suivre une éclaircie et puis l'abandonner. Le motif ainsi se sélectionne, s'enregistre différemment. Au temps des impressionnistes, l'escapade se fait aisément.
Le peintre suit la vie parisienne et s'échappe à la recherche de son motif, quand l'eau manque au moulin. C'est le train, la vitesse toute neuve qui offre une nouvelle perception de l'espace, qui amène prolifique de nouveaux paysages. Le train aux battements de fer, la machine à impression qui permet de renouer avec le « genre » du paysage.
Un nouveau genre, renouvelé qui éclipse même celui d'Histoire, qui éclipse même toute cette hiérarchisation de l'art sous « genre » encore vivace à la fin du dix-neuvième siècle. Plus le train gagne en avancées plus on imprime des images, plus on imprime des images de paysages. Le souffle de la Bête est au rythme de la rotative, ils sont de même teneur, à l'unisson, ils diffusent l'image à toute vitesse.
[...] classique, gouvernée par l'idée de symétrie, de proportionnalité, d'équilibre, peut-être rapportée à Platon, ( Au reste, n'a-t-on pas éclairé plus d'une fois l'arrière fond platonicien de l'art classique ? La vision globale, indifférenciée (celle des baroques et jusqu'à un certain point celle des romantiques et d'une partie de leurs successeurs) nous découvre une autre vérité celle de l'interpénétration, de la convergence ou co-naissance des choses. Dans le monde du baroque, un principe de continuité et de métamorphose agit dans l'espace et dans le temps. C'est là ce qu'ont souligné Woelfflin, d'Ors et la plupart des esthéticiens. [...]
[...] Le du regard se perd devant Les Nymphéas, l'eau reflète le ciel et marque par sa transparence la profondeur de l'étang de manière synchronique. Monet inverse notre vision, fait rentré en confusion notre mémoire visuelle, et ce que 1. Le Pli, Deleuze, éditions de Minuit, Paris l'on voit à l'instant. Ils nous sort de notre a-priori à voir, et nous redonne ainsi la vue. Pris au piège de ses habitudes notre oeil se débat pour retrouver un état stable. Les Nymphéas nous font douter de nos sens et nous révèlent l'instabilité de la vision. [...]
[...] La lumière autre, dite par le médium, ce médium de la peinture est davantage explorée. Il faudra envisager autrement le paysage en peinture après l'invention de la photographie. On regardera de plus près la consistance de la peinture, son éclat6. On se retrouve sans genre et c'est le médium qui gagne du terrain, qui retrace une classification où l'identité de chacun est renforcée, approfondie. Sur le vif, l'oeil du peintre serait la chambre noire, la camera obscura, ou encore l'objectif de l'appareil photo, ils sont physiquement de même configuration. [...]
[...] Maintenant si l'on regarde de plus près ces fameux Nymphéas, on verra qu'ils ne rentrent pas dans ces critères. Ils ne sont pas mobiles, ils ne sont pas donné au regardeur et ils sortent de leur bordure, (le dispositif, l'espace de l'orangerie faisant partie de l'oeuvre), ce ne sont pas des plans, ils sont courbés. En outre ils invitent à penser à une durée, ils sont construits sur le temps d'une journée, du lever au coucher du soleil. La peinture, mime le mouvement et tend à faire ressentir une impression de durée au regardeur. [...]
[...] On peut également avancer que la peinture chez Monet sait mettre des objets en mouvement, sait rendre en mouvement le réel et qu'ainsi la peinture dépasse les limites auxquelles on a assignées son médium. Cette restitution du temps qui passe chez Monet est particulière, singulière. C'est par la description du temps atmosphérique que ce métaphorise le temps qui passe. Le peintre soude, le fond et la forme. Alain Roger dans son essai, Cours traité sur le paysage, marque la naissance du paysage dans l'art occidental lorsque celui-ci peut s'abstraire de la peinture religieuse, prédominante jusqu'au XVème siècle. [...]
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