En France, sur les murs des écoles primaires et des mairies, dans un cadre de taille modeste, apparaît le président de la République debout devant une bibliothèque regardant de face le citoyen. Depuis la IIIe République, les présidents se succèdent mais l'image demeure fidèlement accrochée, et souvent avec le même décor et la même pose fixe, projetant l'image de la durabilité des institutions dont ils constitueraient l'incarnation.
Cette représentation du président, loin d'être une invention de la IIIe République, soucieuse de consolider l'attachement symbolique à un mode de gouvernement, s'enracine dans la longue tradition du portrait d'Etat (...)
[...] Exercice rendu d'autant plus difficile que devant être réalisé en tout début de mandat. Le portrait officiel est donc une déclaration d'intention, qui n'est plus tout à fait promesse ou profession de foi du candidat en campagne, mais pas encore celle de l'homme confronté aux réalités du pouvoir. Il n'est plus le postulant mais déjà l'impétrant. Il est sur le seuil, ni dehors ni dedans, face à lui-même comme en cabinet de réflexion, prenant la pleine mesure des obligations qui sont les siennes en regard des espoirs qu'il a fait naître. [...]
[...] Las, hormis l'apparition anecdotique d'un drapeau français dédoublant inutilement un symbole déjà incarné par la seule personne du président de la République et d'un autre, européen, encore moins indispensable, aucun modernisme n'apparaît sur son portrait qui s'ajoute uniformément à la déjà longue litanie des prédécesseurs indistincts. L'impression d'ensemble est on ne peut plus traditionnelle et seuls les habitués de la Maison Blanche auront reconnu un petit quelque chose d'américain dans l'ajout de deux drapeaux et le jeu d'ombre dans les boiseries composant le décor. [...]
[...] Le procédé permettait de contrôler l'image du roi à travers des portraits officiels auxquels on garantissait une qualité certaine. Cependant, plus qu'une simple représentation, le portrait était le moyen de faire passer un message politique. De nos jours, et à sa façon, le portrait présidentiel perpétue cette pratique en exposant à la vue du citoyen l'image de l'autorité suprême du pays. Aussi le trouve-t-on obligatoirement aux murs de tous les hauts lieux républicains que sont les mairies, préfectures, commissariats de police, collectivités locales ou ambassades, mais encore dans nombre d'établissements et administrations publics ou même d'entreprises privées. [...]
[...] Et sur cette photo officielle du nouveau chef de l'Etat, pour la première fois, les drapeaux français et européen apparaissent côte à côte. Il a été réalisé par Philippe Warrin ans, qui travaille pour l'agence Sipa depuis six ans, et plus connu jusqu'à maintenant pour ses photos "people". On remarque que la lumière qui éclaire la scène est celle d'un projecteur dont l'intensité diminue sur les bords pour se concentrer sur le blanc du drapeau et le visage du président. [...]
[...] Non pas parce qu´il offre une représentation réaliste du sujet mais bien parce qu´il a su exalter à travers lui la nature et les pratiques de son pouvoir. Effectivement sont simultanément exaltés dans ce portrait la monarchie de droit divin, le roi de guerre, de justice et de gloire ainsi que la théorie du double corps du roi. C´est par cette capacité à synthétiser les principales représentations de la monarchie française, que ce portrait du vieux roi de France Louis XIV peut être tenu pour un des manifestes absolutistes les plus accomplis. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture