« La peinture doit remplir l'âme » dira Arnold Böcklin. Derrière ses œuvres se cachent les tourments que la raison masque, voile, ignore. Le thème de l'isolement d'un homme sur une île solitaire se rencontre dans la littérature et dans les arts. On connaît surtout le motif de l'homme nu, recroquevillé sur un bloc rocheux, abandonné. L'expérience de la solitude imprègne la vie de l'artiste symboliste. L'Île des Morts est une œuvre du Suisse Arnold Böcklin dont cinq versions existent, datées entre 1880 et 1886. La dernière, sensée être la plus aboutie puisque l'artiste ne reviendra pas dessus aura notre préférence, forcément au plus proche du rendu qu'il voulait donner. C'est une huile sur bois qui mesure 80 cm/150. Elle est conservée au Museum Der Bildenden Künste à Leipzig sous le numéro d'inventaire 347. Nous sommes au cœur des préoccupations de ses contemporains, des thèmes comme -l'homme face à la nature, -Le regard métaphysique, -les refoulés de l'inconscient humain ou encore –le rêve comme inspiration privilégiée. Comment cette œuvre représente t-elle le triomphe de l'imaginaire et du mystère en excitant la fascination par un univers impénétrable et ténébreux ? Entre Néant et Immortalité, les thèmes de la solitude et de la mort, donnés par le titre lui-même nous conduiront à une immersion totale dans la gloire du héros solitaire symbole de l'artiste, et dans l'idée de mort portée à son paroxysme dans une composition sinistre et inquiétante.
[...] Partir, c'est mourir et le vrai voyage, le seul voyage, serait un voyage sans retour. Comme Bachelard l'indique dans L'eau et les rêves, la mort ne serait peut-être pas le dernier (et le grand voyage), mais bien le premier. Le cercueil, associé à ce qu'il appelle "complexe de Charon", ne serait pas la dernière barque. Il serait la première barque. Et peut-être sommes-nous à l'aube, et non au crépuscule. [...]
[...] Les ombres et les reflets sont les fantômes de la faucheuse. Les ombres se distinguent de part et d'autre des cyprès, du côté droit de la masse rocheuse. Les reflets émergeant quant à eux dans l'avant-plan, l'eau se faisant miroir du cimetière. Comme si la composition ne se suffisait pas à elle-même pour nous dévoiler le goût de la mort, elle la souligne par cette double vision de la nécropole qui l'orne d'une impressionnante idée de grandeur et d'un fort pouvoir de suggestion. [...]
[...] Il y a une impossibilité de communiquer, le silence est le seul dialogue. Le rendu de la matière isole puisque celle-ci est traitée de façon massive. L'autre notion émergente de ce tableau est celle de néant, l'atmosphère étouffante se confrontant avec l'idée de sérénité. L'hémicycle donne l'impression de se refermer comme s'il n'attendait que le corps sans vie pour achever son processus. En effet, les deux surfaces rocheuses de gauche et de droite sont lisses, comme pouvant s'imbriquer l'une dans l'autre. [...]
[...] C'est de cette façon que ces deux notions peuvent si bien fusionner dans cette toile puisqu'en étant opposées, elles ont une caractéristique identique, celle de créer l'isolement éternel. On est comme immergés dans l'esprit ignorant, supposant ou croyant du peintre. Le caractère énigmatique, fantomatique, à la fois apaisant et inquiétant nous révèle l'incessant tourbillon de questionnements qui sont le miroir des doutes existentiels de l'être humain. Ici sont posées les éternelles questions métaphysiques de ce qui se cache après la vie, du où vais-je ? et la question substantielle : avons-nous vécu ? [...]
[...] On connaît surtout le motif de l'homme nu, recroquevillé sur un bloc rocheux, abandonné. L'expérience de la solitude imprègne la vie de l'artiste symboliste. L'Île des Morts est une œuvre du Suisse Arnold Böcklin dont cinq versions existent, datées entre 1880 et 1886. La dernière, sensée être la plus aboutie puisque l'artiste ne reviendra pas dessus aura notre préférence, forcément au plus proche du rendu qu'il voulait donner. C'est une huile sur bois qui mesure 80 cm/150. Elle est conservée au Museum Der Bildenden Künste à Leipzig sous le numéro d'inventaire 347. [...]
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