La loi et le héros hollywoodien

Résumé du document

"Je leur ferai voir un monde sans vous, un monde sans lois ni contrôles, sans limites ni frontières, un monde où tout est possible", disait Néo, le personnage principal du film Matrix, réalisé par les frères Wachowski en 1999, faisant alors état d'un héros iconoclaste, allant à l'encontre de l'ordre établit. Depuis plusieurs décennies, l'industrie cinématographique hollywoodienne s'est attachée à développer un type de film en particulier, à gros budget, censé générer un profit encore plus important du fait de son succès international : le blockbuster. Souvent marqué par l'action, à grands renforts d'effets pyrotechniques, le blockbuster, véritable bombe marketing, se retrouve aujourd'hui régulièrement aux sommets du box office mondial. Ces films, plus souvent étudiés d'un point de vue économique qu'esthétique, utilisent généralement la figure d'un héros emblématique, qu'il s'agisse d'un policier (avec par exemple la franchise Die Hard), d'un pirate informatique (franchise Matrix), d'un pirate excentrique (franchise Pirates des Caraïbes), ou encore d'un exmilitaire handicapé envoyé en mission sur une lointaine planète (Avatar). Le personnage, même s'il n'est pas très charismatique au départ, devient petit à petit une véritable figure emblématique, un héros. Le héros diffère du simple individu, notamment de par son rapport à l'autorité.

Jean Ungaro, dans son ouvrage Américains, héros de cinéma, énonce la phrase suivante : "La loi n'est pas opposable au héros, le héros est au-dessus et au-delà de la loi, il fait sa propre loi, obéit à ses propres règles qui ne sont pas les règles communes". Ainsi donc, le héros se démarque du commun des mortels en suivant des lois qui lui sont propres. Lorsque l'on parle de "loi", nous entendons ici des lois juridiques, bien que les lois physiques pourraient également convenir, étant donné que les blockbusters américains de la dernière décennie regorgent de super-héros, sortes de demis dieux aux pouvoirs souvent surhumains. Cependant, ce rapport à l'autorité est variable d'un héros à l'autre.
Certains ont un rapport à la loi conflictuel de manière intrinsèque, d'autres sont poussés à agir contre la loi car cette dernière n'est selon eux pas assez efficace, et parfois même, les représentants de la loi eux-mêmes vont aider le héros à agir selon sa loi, ses règles. Dans d'autres films à l'inverse, le héros est obligé de lutter contre la loi pour survivre, car les représentants de cette dernière veulent sa mort. Il existe donc une multitude de faits qui font que le héros ne respecte pas les règles communes (...)

Extraits

[...] Cependant, nous constaterons que les héros de cette nouvelle catégorie agissent sans mandats en ce sens qu'ils n'ont pas du tout de rapport avec les autorités. Par exemples, les héros de Watchmen, réalisé par Zack Snyder en 2009, sont détachés du pouvoir politique en place depuis plusieurs années. Ils ont été déclarés illégaux par le Congrès. La population elle-même fuit ces individus. Pourtant, ces derniers semblent tout de même œuvrer pour elle. Ils agissent au-delà de la loi, dans une optique encore plus élevée : la survie de l'humanité. Comment cela ? En faisant fi des dommages collatéraux. [...]

[...] Commun des mortels qui, rappelons le, est apparenté au spectateur qui trouve en ce héros le ''frère'' idéalisé, rêvé [ ] désirée par un public engoncé dans les carcans d'une législation quotidienne péremptoire Quoi qu'il en soit, tous les héros que nous avons étudié, contiennent en eux les limites de leurs actes. Ainsi, on remarque qu'ils ont presque tous pour point commun la solitude. Rambo est un personnage très seul. Ozymandias, après la destruction des grandes villes, se retire dans sa forteresse en Antarctique, seul avec son animal. Hannibal est lui aussi un solitaire. Bob Lee Swagger vit seul avec son chien. [...]

[...] Il y en a de toutes les sortes, du super-héros abandonné des médias, à ceux qui en sont glorifiés. Deux super-héros sont ici tout à fait à propos : Iron Man et Batman, qui ont pour point commun le fait de tirer leurs pouvoirs des multiples gadgets qu'ils possèdent, réalisables par leur colossale fortune qui en fait déjà des personnages extra-ordinaires. Iron Man est gratifié de deux films : Iron Man en 2008, et Iron Man 2 en 2010. Les deux opus sont réalisés par Jon Favreau. [...]

[...] Pour s'en sortir, il est contraint d'enfreindre les règles et de se faire justice lui-même, avec une aide extérieur limitée. Bob Lee Swagger n'est pas le seul héros de cette classe là. On pourrait également citer Jason Bourne de la trilogie limanogreengrassienne ou encore certains X-men. La liste pourrait être bien plus longue tant celle des héros pris au piège est fournit. Qu'ils soient au-dessus des lois et des règles communes pour ou contre celles-ci, les héros sont donc des personnages à part. [...]

[...] Ainsi, Néo, le héros de Matrix, meurt pour le bien de tous. Roschach, un des personnages de Watchmen accepte la mort que lui donne le Docteur Manhattan pour éviter la divulgation au monde de la machination d'Ozymandias. Même dans des films dans lesquels le héros évolue dans un monde où les lois semblent abolies, le héros meurt. Je parle là de films comme Je suis une légende de Francis Lawrence (2007), ou Le livre d'Eli d'Albert et Allen Hughes (2010), c'est-à-dire des films à caractère post-apocalyptiques. [...]