Né à Anvers en 1863, Henry Van de Velde s'intéresse d'abord à la peinture. Il sera principalement marqué par l'œuvre de Georges Seurat, mais aussi par celle de Van Gogh, Gauguin et Munch. Puis, il se tourne vers les arts appliqués (la reliure, le meuble, le design). En 1889, il intègre le groupe belge des XX qui est influencé par le néo-impressionnisme français. Ses premières années d'enseignement se déroulent à Anvers avec un « cours d'histoire des métiers d'art et de dessin appliqué à la technique des différents métiers». Entre 1864 et 1895, Van de Velde édifie à Uccle, près de Bruxelles sa propre demeure, le Bloemenwerf, il devient architecte et designer sans formation. En 1893, il publie Déblaiement d'art où il prône le retour à la morale et à l'unité des arts, et veut bouleverser les conceptions artistiques de son époque en demandant un redéploiement de l'art au service de la société. En 1898, il travaille pour la galerie Arts and Crafts à La Haye. Concurrent du belge Horta qui créa un style surchargé appelé « nouille », il quitte son pays d'origine pour l'Allemagne. A Berlin, il reçoit diverses commandes privées, dont celles pour la réalisation des intérieurs du magasin de la Havana Compagny en 1899, et celui du salon de coiffure de François Haby en 1901.
L'année 1897 marque la première apparition de Van de Velde en Allemagne. Il présente plusieurs intérieurs : la « salle de Paris », la « salle sereine » et travaille pour l'exposition de Dresde. C'est ce qui suscitera pour l'artiste un fort intérêt pour Berlin et qui donnera lieu à cinq commandes privées, dont celles du magasin de la Havana-Compagny (la première) et du salon de coiffure de François Haby. Il s'agit de commandes modestes, qui permettent, de ce fait, une plus grande liberté créatrice. En effet, les mécènes pouvaient montrer un esprit plus avant-gardiste puisque les sommes investies et les risques étaient moindres.
Au moment de leur conception, autour de 1900, les principes Arts & Crafts triomphent et marquent une renaissance dans les arts et métiers en prônant la clarté fonctionnelle et décorative.
Problématique : En quoi Van de Velde exacerbe-t-il les principes du Jugenstil ?
[...] Il évite les formes féminines sensuelles (caractéristiques de l'Art Nouveau français) et favorise les formes fluides. Ce sont ces motifs curvilignes qui unifient les différents éléments, et ce, parfois aux dépens de la commodité. Il s'agit, par exemple, des lignes des panneaux latéraux des rayonnages qui créent une continuité entre le meuble et le plafond. Les deux espaces sont réduits et permettent de pousser au maximum l'extravagance décorative en donnant lieu à des expériences radicales. Les deux conceptions veulent montrer comment chaque objet se comporte par rapport à un autre. L'aspect individuel est effacé. [...]
[...] Van de Velde y montre sa volonté de faire un art total par la variété des formes et des matériaux. b. La ligne La ligne est un élément fondamental dans l'Art Nouveau et dans l'œuvre de Van de Velde. L'origine des idées de ce dernier réside sur cet effet produit qui n'est jamais statique mais dynamique. Pour lui, la ligne est la matérialisation dans l'espace de l'énergie produite par le geste. La ligne, écrit-il en 1902, porte la force et l'énergie de ce qui l'a tracée Sa signification prend toute son importance dans un monde tridimensionnel, c'est l'expression de la vie, d'une puissance dynamique. [...]
[...] Ce fut ce qui encouragea les peintres comme Van de Velde à se tourner vers la création de mobilier et de motifs (Veillée des anges en comparaison avec motifs du salon). Pour Serrurier-Bovy, il a marqué l'aspect Art Nouveau anglais de Van de Velde (exemple). On peut remarquer que les caractéristiques formelles de Van de Velde ont évolué depuis ses premières réalisations picturales et architecturales. Il n'hésite plus à utiliser les motifs et les courbes jusqu'à l'excès dans le magasin de cigares et le salon de coiffure. II. [...]
[...] Van de Velde recherche une grande cohérence à travers des moyens formels (partie la courbe, l'arrondi, la construction organique, dans le but d'« animer la surface de l'objet. En 1894, Morris dit à Van de Velde : Ce qui ne profite qu'à l'individu est en définitive pour ainsi dire inutile ; dans la société à venir, on ne prendra en compte que ce qui est utile pour tous. Ce sont donc les Arts & Crafts, avec l'organisation de guildes d'artisans, qui ont transmis à l'artiste l'idée de l'art pour tous Ces idées répondent à la philosophie de Van de Velde qui croyait à la réforme de la société grâce à l'aménagement du cadre de vie. [...]
[...] Dans le magasin de la Havana-Compagny, par exemple, la frise abstraite, symbolise des volutes de fumée, renvoyant à la fonction globale du lieu. Il mène aussi une démarche artistique basée sur la philosophie et la réflexion. Ses idées ne cessent d'évoluer, ce dont témoignent ses différents écrits. Un des aspects fondamental de cette réflexion est la distinction subtile entre ornementation et ornement. Pour Van de Velde, l'ornementation n'est pas fonctionnelle et n'a pas de rapport avec l'objet sur laquelle elle s'applique. [...]
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