Le Gutai, mouvement artistique qui a duré de 1954 à 1972 dans la région du Kansai (Japon), a ceci de particulier qu'il s'agit d'un mouvement local qui a eu un retentissement mondial et une influence sur l'art contemporain international.
Cet exposé présente, par une approche historique, thématique et l'analyse de quelques unes des oeuvres majeures d'artistes qui ont participé à Gutai, les deux grandes phases de ce mouvement artistique.
[...] Dès les années 1950, les tendances artistiques du Kansai se trouvent dans un dynamisme jusque là encore jamais atteint, et se détachent réellement de la sphère culturelle de la capitale. Dans ce nouveau contexte, est créée en 1952 la Genbi (diminutif de Gendai Bijutsu Kondankai ou Amicale des artistes contemporains qui rassemble plusieurs artistes d'avant-garde s'illustrant dans divers domaines (peinture, sculpture, architecture, calligraphie, design et même ikebana), comme Yoshihara Jirô, Tsutaka Waichi, Suda Kokuta, Nakamura Shin pour les peintres, le sculpteur Ueki Shigeru ou le calligraphe Morita Shiryû. [...]
[...] En octobre 1955, a lieu la première exposition d'art Gutai, au centre Ohara à Tôkyô. Elle reprend des œuvres de l'Exposition en plein air. Les deux nouvelles œuvres marquantes sont Lutter dans la boue (Doro ni idomu) de Shiraga, et Déchirer le papier (Kami yaburi) de Murakami. Durant cette période qui s'étend de juillet 1955 à avril 1958, une dizaine de manifestations Gutai sont organisées, toutes très variées mais comportant toujours des démonstrations (on pourrait dire performances) engageant une force vivante, comme par exemple les peintures avec les pieds de Shiraga. [...]
[...] Cette hypothèse peut être confirmée si on rapproche ces écrans de papier des fusuma, cloisons de papier de la maison traditionnelle japonaise. En traversant ces murs, en les déchirant, c'est comme s'il jetait à bas les carcans de la société traditionnelle qui l'enferme et qu'il souhaite réformer. Robe électrique (Denki fuku) de Tanaka Atsuko (reconstitution 1986) ampoules et linolites peints 165 x 90 x 90 cm Ce vêtement est entièrement composé d'éléments électriques : ampoules, néons et bien sûr amas de fils. [...]
[...] Même si ce sont toutes des peintures, les outils et matériaux restent variés et non enfermés dans des règles strictes. Cependant, cette période est souvent considérée comme moins riche que la première sur le plan des innovations artistiques. Pourquoi ? Et si c'est bien le cas, n'y aurait-il pas une explication à cela autre que la théorie d'un appauvrissement pur et simple des idées créatrices des artistes de Gutai ? Le Gutai et l'héritage de Jackson Pollock La plupart du temps, les critiques ou historiens de l'art, lorsqu'il doivent traiter le Gutai, ne développent vraiment que la période de 1954 à 1958, ne traitant pas ou peu de la deuxième période, pourtant plus longue, expliquant que celle-ci n'est qu'un appauvrissement des idées et des outils expressifs. [...]
[...] Le courant artistique le plus proche de Gutai, que ce soit artistiquement ou chronologiquement est un courant japonais : le Monoha (1968-1971). Théorisé par le peintre Lee Ufan, ce courant, tout comme le Gutai, utilise des matériaux bruts, qu'il organise en installations provisoires. Les déclarations des artistes du Monoha font écho à la violence exprimée dans le Manifeste de l'art Gutai à propos de la destruction nécessaire de l'art occidental pour parvenir à une réalité nouvelle. Lui aussi réclame un rapport immédiat et non symbolique au monde, mais refuse tout acte de création personnelle, présentant les choses telles qu'elles sont, tout en rendant sensible leur réalité dans l'espace. [...]
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