Alors que Florence et la Toscane, mais surtout Rome connurent le déclin en l'espace de quelques décennies après que les troupes impériales eurent mis la ville à sac en 1527; la riche Venise s'épanouit au cinquecento et devint la plus magnifique ville italienne. La peinture surtout profita du fait qu'a partir du milieu du siècle les besoins architectoniques étaient en grande partie satisfaits, que les constructions de nouvelles églises étaient de plus en plus rares et qu'il fallait partout décorer les bâtiments existants. Le fossé stylistique existant entre les centres et les régions éloignées de la création artistique se rétrécit de plus en plus. Alors que les ateliers lombards des Mantegazza et des Solari de Mantegna à Padoue et Mantoue avaient formé des centres qui engendrèrent des styles locaux, très caractéristiques et comme dans le cas de Mantegna influencèrent également Venise, celle-ci devait désormais rendre à profusion ce qu'elle avait reçu du siècle précèdent.
L'accentuation de la couleur, la "poesia" s'opposa dès le début à la "storia" florentine du fait que la peinture vénitienne est beaucoup moins narrative que lyrique et contemplative. Cette particularité de la peinture vénitienne qui, avait été préparé par Giovani Bellini, est maintenant amenée à une nouvelle apogée par deux artistes qui sont Giorgione, le précurseur et Titien son digne successeur.
Ainsi nous pourrons nous demander en quoi Giorgione fut un artiste novateur et quelle fut son influence sur le cinquecento en analysant plus particulièrement une oeuvre encore aujourd'hui emplie de mystères: La Tempête.
[...] IV/Giorgione, ses sources, son évolution et ses influences sur le monde artistique Nous avons vu que Giorgione est l'initiateur de la peinture vénitienne du cinquecento, mais nous pouvons nous demander quelles furent ses sources d'inspiration, dans quelle mesure son travail a évolué au fil du temps, comment à t-il dominé par son influence le cinquecento et peut- être inspiré des artistes du XIXe siècle. Nous savons que Giorgione fut l'élève de Bellini à Castelfranco, mais en quelles mesures a-t-il pu être influencé par son maître? Si nous comparons les oeuvres de Bellini aux oeuvres primaires de Giorgione nous pouvons encore trouver une certaine correspondance. Mais la manière de Giorgione est déjà plus libérée et moins statique, il y a donc encore une réelle inspiration mais minime. [...]
[...] Jusque-là, la peinture n'avait jamais crée de formes aussi pleines, aussi douces, aussi voluptueuses; c'est l'intensité de cette sensation physique qui constitue la plus importante contribution de Giorgione à son art. Pour lui néanmoins, les objets ne se réduisent jamais à leur apparence; ils sont subjectifs, et la profondeur de l'ombre semble la manifestation d'un mystère encore plus enfoui, c'est à la découverte de la personnalité même et de ses énigmes qu'elle nous conduit. Son oeuvre représenta pour l'art vénitien un moment charnière entre XVes siècle et le XVIe siècle, une transition entre art lyrique de Bellini et le style audacieux de Titien. [...]
[...] Le restaurateur, Mauro Pellicioli a suggéré que cette seconde femme soit une version antérieure de celle que l'on voit aujourd'hui sur l'autre berge. Pourtant la figure étant inachevée, il est impossible de savoir, à partir de la seule radiographie, voire de la réflectographie infrarouge, si Giorgione avait l'intention de placer un nourrisson dans ses bras. Même l'analyse des échantillons de pigments ne nous indique pas avec certitude si les deux femmes furent conçues à l'origine dans les mêmes couches de peinture. [...]
[...] III/Les multiples interprétations de la Tempête. On remarqua qu'aucun des tableaux de Giorgione n'a reçu une interprétation valable, c'est à dire accepté d'une façon générale et durable. Vasari écrit déjà à propos des fresques du Fondaco dei Tedeschi : pour ma part, je n'ai jamais compris le sens du tout et n'ai trouvé personne qui aurait su me l'expliquer Par de fait quelle que soit l'interprétation choisie, les tableaux de Giorgione, qui posent des devinettes insolubles et où les solutions apparentes aboutissent immédiatement à l'absurde, ouvrent la lignée d'une nouvelle peinture qui ne peut plus être interprétée tout comme les paysages de la fin du XVIIIe siècle ou les Impressions de Monet. [...]
[...] Le paysage devient alors autrement évocateur. La question qui consiste à se demander jusqu'à quel point, et de quelle manière, la qualité particulière de la lumière vénitienne a pu influencer la pratique des peintres, il est beaucoup plus difficile d'y répondre. Contrairement à ce que l'on soutient parfois, les couleurs, à Venise, ont rarement l'intensité qu'on associe à la peinture vénitienne, car le plus souvent, dans l'atmosphère humide et presque palpable de la ville, elles tendent vers une quasi-monochromie. D'un autre côté, cette atmosphère adoucit les contours des formes en masquant la netteté de leur structure et donne l'impression qu'elles se fondent avec ce qui les entoure, dans une brume lumineuse. [...]
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