Gilda, chef d'œuvre du film noir par Charles Vidor, se déroule en Argentine et relate l'histoire de deux hommes devenus amis après que l'un, Ballin Mundson (Georges Macready) ait sauvé la vie de l'autre, Johnny Farrell (Glenn Ford).
Sorti en 1946, Gilda est l'adaptation d'un récit original de E.A Ellington par Jo Eisinger avec un scénario de Marion Parsonnet.Le film appartient au cinéma américain des années 40, largement dominé par le film noir. Le terme film noir est souvent associé aux films qui marquent la production cinématographique de l'après-guerre des États-Unis.
Le caractère de ce genre de film est très ambigu et quasi insaisissable. Il donne aux artistes une chance de travailler sur des thèmes auparavant interdits (on constate la relation ambiguë entre Johnny et Mundson, ainsi que le sadisme présent entre Johnny et Gilda). Le film noir est un genre à part entière, institutionnalisé comme un
objet cinéphilique de prédilection, c'est l'une des périodes les plus traitées de l'histoire du cinéma. Il résulte de la composition des éléments suivants : le crime, la ville, la nuit, la femme fatale, la cupidité, le détective privé, le tueur à gages, le flic corrompu, une morale ambivalente, des perdants masochistes, l'apparition du sadisme, le renforcement de l'érotisme et la beauté provocante, le déterminisme, le pessimisme, l'importance donnée à la voix off qui rythme le film, un cynisme
expéditif du dialogue, des huis clos expressifs, l'héritage de l'expressionnisme et la nécessité du réalisme et du cauchemar.
[...] Dans ce monde noir, Gilda apparaît dans des tenues à dominantes blanches et brillantes ; lumineuse, belle, envoûtante, Gilda fascine les hommes. De nombreux plans la placent entre Johnny et Ballin, comme un être tiraillé, comme une victime innocente de blancheur qui joue à se faire croire coupable. Le spectateur ignore tout d'elle et cette méconnaissance alimente tous les fantasmes : est-elle danseuse professionnelle ? Strip- teaseuse ? Femme facile ? Gilda apparaît comme une femme fatale par essence, provocante, superstitieuse et donc vulnérable. C'est son amitié avec l'Oncle Pio, le coiffeur-plongeur-employé-philosophe, qui révèle le mieux sa nature. [...]
[...] Ainsi Gilda contre toute attente est un film noir qui finit bien. Le couple Johnny/Gilda triomphe, le meurtrier est châtié et le meurtre de Mundson n'appelle pas de réparation. Dans le trio de ce faux ménage à trois il n'est pas question de jalousie mais de haine. I hated her so, I couldn't get her out of my mind for a minute. She was in the air I breathed and in the food I ate» (Je la haissais tant que je ne pouvais cesser de penser à elle. [...]
[...] Ainsi lors du toast entre Ballin et Johnny, c'est la pointe de l'épée qui concentre toute la lumière tandis que le meurtre de Ballin, à la fin du film, se fait en pleine lumière comme pour signifier le triomphe du positif. Cette esthétique de l'ombre et de la lumière éclaire le rapport paradoxal qui existe entre les protagonistes. Gilda n'est jamais plus émouvante de vérité que lorsqu'elle est dans la pénombre. En pleine lumière, elle assume un personnage, elle joue, charme, aguiche. Sa sensualité est un masque qui la rendant désirable l'isole de l'être aimé. [...]
[...] Tout va pour le mieux entre eux jusqu'à l'apparition de Gilda (Rita Hayworth), la femme de Ballin Mundson. Un certain rapport de séduction naît entre Gilda et Johnny Farrell au point que le spectateur comprend qu'ils ont été amants quelques années auparavant. Johnny sera chargé de s'occuper de Gilda, mais leurs rapports deviennent assez haineux jusqu'au jour où ils se rendent compte qu'ils sont amoureux l'un de l'autre. Après avoir commis un crime, Mundson se fait passer pour mort dans un accident d'avion. [...]
[...] Mundson insiste plusieurs fois sur le fait qu'il attend de Johnny une obéissance aveugle. La folie de Mundson est décrite plusieurs fois dans le film par des personnages différents. Il apparaît comme un héros typique du film noir : il se présente sans passé, il souhaite tout contrôler, tout posséder, dominer le monde. Il est intelligent, cynique, calculateur. Il orchestre avec brio sa fausse mort, se débarrasse de l'allemand qui lui demande des comptes en l'assassinant froidement et n'éprouve aucun remord à avoir poussé au suicide un intermédiaire qu'il a ruiné. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture