J'ai choisi d'étudier dans ce dossier les Fragments anatomiques de Géricault, réalisés en 1818 – 1819. Cette œuvre est une huile sur toile, mesure 52 x 64 cm et est conservée au Musée Fabre à Montpellier. Elle est habituellement considérée comme une étude préliminaire au Radeau de la Méduse. Pendant cette période (autour de 1817 – 1819), par souci de vérité, il soudoyait aux infirmiers d'un hôpital, auprès duquel il déménagea, des cadavres et des membres qu'il conservait pendant des mois pour les étudier.
Dans un premier temps nous décrirons cette œuvre. Nous étudierons ensuite comment elle peut être rattachée au genre de la nature morte, et comment Géricault dépasse cette vision morbide.
[...] On peut penser que dans ses Fragments anatomiques la composition a elle aussi un but. L'harmonie de ces membres en putréfaction paraît redonner un semblant d'honneur à ce qui fut autrefois des êtres humains à part entière, des condamnés à mort. Cette toile peut être considérée, si on suit ce raisonnement, comme un manifeste contre la peine de mort. De plus on peut penser que cette œuvre à un pendant avec les Têtes de suppliciés qui semble encore plus explicite quant à cette possible visée politique. [...]
[...] Le tout est présenté devant un fond très sombre, noir par endroit, qui élimine tout contexte. La lumière semble venir de la gauche du tableau. La source doit être disposée relativement près des éléments de la composition car elle les éclaire violemment mais ne nous donne aucun indice sur l'arrière plan. La lumière ne semble pas toucher de la même manière toute la toile. Je pense, qu'en partant du centre, on peut établir trois zones distinctes : - Le cercle rouge met en évidence le centre, qui perçoit la majorité de l'éclairage. [...]
[...] ZERNER, Romantisme et réalisme, mythes de l'art du XIXe siècle, Albin Michel, Paris - F. HAMON, P. DAGEN, Epoque Contemporaine, Flammarion, Paris - G. LEGRAND, L'art Romantique, Larousse, Paris - Collectif, Géricault, La Folie d'un monde, cat. Paris, Hazan Comparaison : Géricault, détail des Fragments anatomiques, Michel Ange, détail de David, Michel Ange, détail de la Création d'Adam (fresque de la Chapelle Sixtine) Géricault - Têtes de suppliciés (1818-19) Claude Monet - Nature morte à la viande (1864) Géricault - Les Fragments anatomiques, schéma de diffusion de la lumière. [...]
[...] La beauté émane de la lumière, de la composition, de la texture etc. On peut particulièrement remarquer la délicatesse des formes, que cela soit au niveau des doigts ou des orteils. De même une certaine forme de nonchalance semble émaner de cette œuvre, particulièrement au niveau de la main, qui s'entrouvre délicatement. On peut presque imaginer qu'elle est celle d'un homme endormi. Cette main me rappelle les mains chez Michel Ange, que cela soit en peinture (particulièrement les fresques de la chapelle Sixtine) ou en sculpture (David). [...]
[...] Géricault atteint ici un tel niveau de réalisme que nous avons une impression de présence physique des corps. Mais au-delà de ça, il donne, comme nous allons le voir, une autre dimension à son œuvre. Géricault a soigné la composition. On a l'impression qu'il a longuement réfléchi à l'agencement des membres coupés dans le but d'obtenir l'œuvre la composition plus harmonieuse possible. Or Géricault était un libéral. Ce n'est pas la première fois qu'il cherche à faire passer un message politique à travers ses œuvres. [...]
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