Etudier le personnage de Georges Scott, rendre compte de son œuvre oblige à résoudre un grand nombre de difficultés.
Les premières sont matérielles. Nous disposons en effet de très peu de documents permettant de mettre en lumière celui qui fut l'un des plus grands illustrateurs de son temps et un reporter de guerre exceptionnel, travaillant pour les plus grands journaux tels que l'Illustration, l'intransigeant, le Graphic, Mame ou le Dailly Mirror. Seul un portefeuille conservé au musée de l'armée aux Invalides et quelques articles nous autorise à brosser un portrait rapide et succinct.
Une seconde série de difficultés tient à la personnalité du peintre de même qu'à l'interprétation de son œuvre, en rapport avec l'image que le public pouvait avoir de lui. Peintre aux armées, peintre officiel de la première guerre mondiale, citoyen proche des accents patriotique d'un Paul Déroulède, Georges Scott présente parfois des images de guerre qui sont loin du ton généralement adopté, glorificateur et épuré. Au contraire, maint tableaux sont le reflet le plus fidèle quoique parfois idéaliste de la Première Guerre mondiale, juxtaposant la noirceur d'un ciel embrumé par les combats qui se distingue à peine de la boue où rampe le combattant et des visages qui sont comme modelés par la mort qui rode. Aux croquis destinés à l'Illustration se substitue donc souvent la réalité, ton sur ton de l'épouvante .
Enfin, les dernières difficultés tiennent à la périodisation des œuvres de Scott, particulièrement hasardeuse dans la mesure où portraits officiels (il fut, entre autre le portraitiste d'Alphonse XIII, de Georges V et de Mussolini), illustration de guerre et peinture de genre sont concomitantes et n'attestent guère d'une évolution. Ainsi, la carrière officielle de Scott commence et s'achève par une exaltation de la légende napoléonienne.
Dans ces conditions, l'on peut dire que Georges Scott fut d'abord un peintre aux goûts éclectiques, cédant le plus souvent à l'humeur, sentant remarquablement l'atmosphère d'un sujet à reproduire sans pour autant développer l'ambition d'une démarche esthétique évolutive, personnelle et visible dans la durée qui viendrait scander les différents moments de son œuvre.
[...] A quelque temps de là, ( . ) il me retint à déjeuner. "Je vous ai désavoué" me dit-il d'un seul coup, "j'ai dit à votre journal que je n'ai jamais donné l'autorisation de publier cette photo". ( . ) Son chef d'Etat Major me fit un signe d'intelligence et l'incident fut clos. Ceci prouve combien ce grand homme de guerre à la phobie de la publicité"[10]. De même, Georges Scott eut le loisir de connaître la plupart des grands chefs militaires français, qu'il s'agisse de Mangin dont il loue "l'énergie farouche et la décision sure", ou du général Gouraud qui réunissait à sa table des personnalités marquantes de la vie parisienne comme l'actrice Sarah Bernhardt, l'écrivain Pierre Loti ou le caricaturiste Sem. [...]
[...] Le voyage dura quatre mois. Exclu par le conservateur du musée après une aventure compromettante avec une gitane dans les jardins de l'Alcazar, Scott se décida à rentrer à Paris. Sa carrière prend à ce moment un tour décisif. Ayant assisté aux attentats anarchistes de 1892, il décide d'envoyer un article à "l'illustration", accompagné de croquis évoquant "de manière saisissante les personnages et les scènes de foule"[5]. Remarqué par René Baschet, directeur du journal, il est désormais attaché à cette revue pour laquelle il écrira et dessinera durant trente ans. [...]
[...] Revenu en France, Scott reprend le ton grave qui marquait déjà ses toiles précédentes. Son intérêt pour les scènes de tranchées ne faiblit pas, mais il s'intéresse davantage aux armes nouvelles que les alliés mettent au point. Avions, chars d'assaut et automitrailleuses lui permettent la réalisation de scènes d'action vigoureuses qui privilégient le mouvement à l'attitude ou à la pause. C'est dans cette mesure que l'on peut dire que Scott, malgré le caractère que l'on peut définir comme "daté", de son œuvre fut le reflet exact de l'évolution d'une guerre qui fit passer le soldat de l'ère de la première révolution industrielle à la seconde. [...]
[...] ) Hélas, au bout de peu de temps j'y renonçais et je pris la détermination de commencer le portrait. Une fois terminé, je le fis transporter à Londres où il fut soumis au roi qui me fit de nouveau appeler. Dès qu'il m'aperçut, sa majesté me dit: et bien monsieur Scott, savez vous parler anglais? Hélas non, sire je me suis vite rendu compte que je n'avais aucune disposition et j'ai préféré terminer le portrait avant d'obtenir un résultat satisfaisant. Le roi sourit et ne m'en voulut pas[13]. [...]
[...] A consulter, le mémoire de maîtrise de A Taupenot: l'armée française et l'Illustration de 1905 à Août 1914.Université de Montpellier (directeur: A Martel). [2]cf. certains tableaux conservés au musée de l'armée (salle 1914 1918) comme "Automitrailleuse française surprenant une colonne d'infanterie allemande (1917) [3]cf. particulièrement "Au créneau" (1916) [4]Papiers Scott, musée de l'Armée. [5]Colonel H de Buttet : Georges Scott. In revue des amis du musée de l'armée [6]Papiers Scott, musée de l'Armée. [7]Marchandiau: l'Illustration, p58. [8]H. de Buttet: op cit p55. [9]Papiers Scott, musée de l'Armée. [...]
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