La connaissance de l'histoire de la culture des peuples d'Afrique reste très lacunaire. Cela provient avant tout de l'absence de sources écrites sur lesquelles on pourrait s'appuyer pour étudier l'histoire de l'art africain, de l'insuffisance des recherches archéologiques qui, de plus, couvrent inégalement le continent africain, ainsi que du caractère parcellaire même des idées générales sur la Haute Antiquité de l'Afrique. Ainsi, dans ces sociétés dites «primitives» et où les classes commencent à se former:
«La couche traditionnelle archaïque englobe toute la culture. C'est la raison pour laquelle l'ethnologie étudie la culture des peuples arriérés du point de vue de leur développement et sans écriture «globalement»: depuis leur économie jusqu'aux croyances religieuses et à la langue. Du fait du syncrétisme de la vie sociale de ces peuples, cette «culture socio-normative» intéresse les ethnologues» .
Les recherches se fondent essentiellement sur des traditions orales. L'absence fréquente des témoins historiques demeure un des principaux handicaps pour une étude approfondie et multiforme des origines et de l'évolution de la création artistique africaine.
Malgré ces difficultés la méthodologie dialectique dans l'étude des processus socio-historiques permet de conceptualiser l'histoire du développement de l'art africain en partant des matériaux scientifiques existants.
Aussi importante que soit l'étude de l'archaïque pour l'ethnologie, on aurait tort d'orienter cette discipline vers la recherche de la seule «antiquité vivante», surtout lorsqu'il s'agit de peuples appartenant à des sociétés évoluées. Les finalités cognitives de l'ethnologie restent ici les mêmes que celles qui animent l'étude des sociétés d'avant et du début des classes: la découverte du complexe de traits caractéristiques des communautés ethniques. Il ne faut pas cependant, attribuer mécaniquement aux peuples des pays évolués les représentations du profil de la science ethnologique tirées de l'étude des peuples sans écriture: chez ces derniers, l'archaïque traverse toute l'existence.
Les œuvres rupestres des différentes périodes de l'histoire sont des sources inestimables permettant de juger de la vie spirituelle de peuples ignorant l'usage de l'écriture. Elles figurent les idées de ces peuples sur le monde, l'Univers, l'être, tout en constituant un des vastes domaines de la création artistique des hommes de ces époques lointaines. Contrairement aux objets de culture matérielle, les pétroglyphes et les peintures pariétales, où qu'ils se situent et à quelque époque qu'ils appartiennent, sont avant tout des œuvres d'art, possédant souvent une valeur esthétique inappréciable. Les monuments de l'art rupestre sont, sans conteste, des phénomènes des plus intéressants de la culture artistique mondiale. Pleins de force et de vie, ils sont captivants par la diversité des sujets, des styles et des techniques.
A mesure que s'élève le niveau culturel du peuple, l'art influe davantage sur la vie de la société. Cela augmente la responsabilité des écrivains et des artistes quant au contenu idéologique et à la puissance artistique de leurs œuvres.
Ce reflet ne peut pas être toujours complet, adéquat à la réalité et, d'autant moins, porter en lui-même les valeurs esthétiques des générations futures. Certes, il leur transmet l'expérience accumulée et les valeurs esthétiques d'une époque donnée, mais pas plus. Ceci est d'ailleurs typique de l'art à n'importe quel stade de l'évolution de l'humanité, y compris à l'époque contemporaine. Il est clair que, sans l'art dit primitif du passé, ses formes postérieures n'auraient pas été possibles, quelle que soit l'attitude à leur égard.
Bien que ces vues ne soient généralement plus acceptées aujourd'hui, on parle toujours de «sociétés primitives» à défaut de désignation plus neutre, les expressions de sociétés «traditionnelles», sociétés «indigènes», sociétés «sans écriture», sociétés «archaïques», de «petites» sociétés, présentant elles aussi l'inconvénient d'être définies primitivement ou négativement par rapport à nos propres sociétés, et d'être en outre trop générales ou trop spécifiques. A l'époque contemporaine, on le sait, l'archaïque est en passe de disparaître.
Une des tâches des ethnologues, aujourd'hui, est de retenir les faits archaïques qui subsistent. La nature de cette œuvre et son importance varient selon qu'il s'agit de faits archaïques des peuples en arriération ou bien des survivances constatées dans des sociétés industrielles.
[...] Pourquoi cette exagération de l'influence des traditions tribales sur l'art traditionnel de l'Afrique tropicale ? W. Pagg, spécialiste de l'art africain au milieu des années 60, avancé une thèse selon laquelle chaque tribu constituait un univers artistique à part, dont l'art n'était compris et apprécié que par les membres de ladite tribu, puisqu'il véhiculait uniquement les représentations philosophiques et religieuses de cette tribu. A en croire W. Pagg, les œuvres de l'art traditionnel d'un groupe micro-ethnique ne peuvent pas influencer l'expression artistique d'un autre. [...]
[...] Pleins de force et de vie, ils sont captivants par la diversité des sujets, des styles et des techniques. A mesure que s'élève le niveau culturel du peuple, l'art influe davantage sur la vie de la société. Cela augmente la responsabilité des écrivains et des artistes quant au contenu idéologique et à la puissance artistique de leurs œuvres. Ce reflet ne peut pas être toujours complet, adéquat à la réalité et, d'autant moins, porter en lui-même les valeurs esthétiques des générations futures. Certes, il leur transmet l'expérience accumulée et les valeurs esthétiques d'une époque donnée, mais pas plus. [...]
[...] Les missionnaires parachevèrent l'entreprise de l'islam en interdisant à leurs fidèles de participer à quelque culte que ce soit. Il se créa ainsi un vide que vint occuper la culture des anciens esclaves. La traite avait contribué à la conversion religieuse de la côte occidentale dans le même temps qu'elle portait atteinte à la vie culturelle. Les missions et leurs sphères d'influence, tout comme en Afrique australe, garantissaient une certaine sécurité au même titre que la soumission au seigneur musulman, avec pour prix inévitable le renoncement à tout art authentique. [...]
[...] ) par le chant. Quand on joue de la mbira et qu'on chante, on voit se dérouler les scènes des temps révolus et les figures vagues et entourées de rêve du passé se précisent à notre époque moderne. On peut presque voir ses ancêtres revenir clopin-clopant parmi les vivants . Ce qu'on a écrit sur le griot des sociétés malienne, sénégalaise, gambienne et guinéenne non pas seulement en tant qu'animateur des festivités, mais aussi en tant que témoin, historien et porte-parole culturel vaut largement aussi pour le musicien shona, dont l'instrument, la mbira (autre nom de la senza) a inspiré les observations que nous venons de citer. [...]
[...] Beier, De l'emploi et l'interprétation des mythes, Présence Africaine, pp. 120- Ibidem L. V. Thomas, P. Fougeyrollas, L'art africain et la société sénégalaise, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, «Philosophie et Sciences Sociales» 115p, Dakar E. Obiechina, Culture, tradition and society in the West African novel. p Cambridge, CUP Ekpo Eyo, Two Thousand Years Nigerian Art, Lagos, p Ekpo Eyo, Two Thousand Years Nigerian Art, Lagos, p [10]. Ulli Beier, The Story of Sacred Wood Carvings from One Small Yoruba Toun. [...]
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