Friedrich Stowasser (Vienne 1928 / Nouvelle-Zélande 2000), peintre, philosophe et architecte autrichien, adopte très vite le nom de Friedensreich Hundertwasser, ce qui signifie littéralement "le royaume de la paix (aux) cent eaux". C'est avant tout un peintre, qui enchante par ses teintes pures et vives et son style original qui révèle, par l'emploi de l'or et des mosaïques colorées, les influences de Klimt et de Schiele, et se caractérise par des formes ellipsoïdales d'une fréquence obsessionnelle : la spirale est en effet un thème majeur chez lui et la ligne droite une chose à bannir. Tous ces éléments sont constitutifs des réalisations architecturales qu'il réalisera bien plus tard, après avoir effectué pendant des années (1972-2000) un rite opérationnel de campagnes d'opinion, selon le schéma : a) un geste symbolique performant b) une série de discours engagés c) une création graphique illustrant le thème (affiche, timbre-poste, etc...). C'est ainsi qu'il manifestera ses opinions écologistes et visionnaires (...)
[...] l'occasion de réaliser son utopie. H. passe à l'action pratique en s'inspirant de l'ensemble des thèmes (murs bariolés, végétation . ) issus de sa longue réflexion sur l'habitat. Avec cette construction, il se sent moralement prêt à affronter le défi permanent à la ligne droite qu'il lance depuis 30 ans dans sa peinture. Il sent aussi que ce premier projet sera son grand œuvre, qu'une fois réalisé, il prendra une valeur exemplaire, illustrant son entier projet de société à travers l'affirmation tangible de ses convictions architecturales. [...]
[...] II) Le bien être des Hommes Manifeste "Los Von Loos" (loin de Loos) 1958. A la phrase d'Adolf Loos "L'ornement est un crime", prononcée à Vienne en 1908 en réaction aux excès floraux du Jugendstil, Hundertwasser répond que "la ligne droite immorale et impie" du vingtième siècle a été la mère de tous les maux, de l'uniformité et de la laideur. En effet, Loos prônait la ligne droite, facteur diabolique du stress mortel des habitants. Face à une telle architecture, il n'y a que deux solutions : la boycotter ou la transformer. [...]
[...] C'est-à-dire que la liberté est dans le baroque, dans l'irrégulier, qui délivre l'Homme de la rigueur rationnelle, et également dans le fait de pouvoir décorer sa fenêtre individuellement, concept que l'on abordera plus tard avec le Manifeste "Ton Droit à la Fenêtre - Ton Devoir d'Arbre". La maison est présentée au public viennois en 1985, et le succès est immense. Dès lors, la demande d'appartements est six fois supérieure à l'offre, et les habitants de la maison sont conscients de faire partie d'un groupe privilégié, de vivre différemment et mieux que leurs voisins. [...]
[...] Ainsi pouvons-nous affirmer qu'Hundertwasser est un humaniste. L'écologie est un moyen pour lui de rendre la vie des hommes plus belle, plus heureuse. Ce mot d'"écologie" est d'ailleurs employé parce que c'est un terme communément admis dans le langage courant, mais pour H. l'écologie n'existe pas. Elle est naturelle chez lui ; elle va de soi. Et ce processus d'harmonisation avec la nature dont on a pris connaissance dans ses réalisations architecturales et ses manifestes devrait être une norme chez l'Homme. Hundertwasser est mort à présent. [...]
[...] Hundertwasserhaus Eglise Sainte-Barbara à Bärnbach, Autriche (1984-1988) Sur une initiative du curé Friedrich Zeck, Hundertwasser se charge du réaménagement ("redesign" selon ses termes) de cette église. La seule condition est de prendre en compte dans le projet les environs de l'église, afin de répondre au souci du maire qui est de correspondre à l'esprit de la commune. H. doit donc être fidèle à l'esprit catholique, tout en essayant de ne pas être trop extravagant dans sa réalisation. Pour réussir, il s'allie avec l'artisan local Manfred Fuchsbilder, qui réalise l'aménagement intérieur - abside, parterre et rosace derrière les fonts baptismaux mis à part Le résultat est saisissant d'éclectisme : pour affirmer l'œcuménisme de sa vision planétaire de la spiritualité, il orne le clocher d'un "bulbe" doré de style orthodoxe (ou autrichien) et, surtout, multiplie les signes- symboles des grandes religions du monde qu'il inscrit en plaques de céramique sur les frontons d'une série de portiques célébratifs distribués autour de l'église. [...]
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