On habille la Marquise (générique)
Le film s'ouvre sur deux mains, dans la pénombre, qui tiennent une lettre, qui, ouverte, laisse découvrir le titre du film, Dangerous Liaisons. On accompagne juste après les rituels de la toilette de la Marquise et Valmont, avec son lot de valets qui s'activent autour d'eux sans bruit. Le montage parallèle de leur préparation les place déjà en tant que rivaux et amis. Valmont quitte son logement pour se rendre chez Madame de Volanges. On aperçoit à la fenêtre, Cécile qui observe le Marquis, anticipant sur la relation qui se mettra en place.
Valmont se fait annoncer
Mme de Merteuil joue aux cartes avec la mère de Cécile, Mme de Volanges. La jeune fille est en retrait et sa mère semble austère. De nombreux gros-plans sont faits sur le visage de Mme de Merteuil, montrant qu'elle domine la scène dès qu'elle apparaît sur "le grand théâtre" ainsi que le nommait Valmont. Valmont vient payer ses hommages à Mme de Merteuil. Mme de Volanges l'apprécie peu et le reçoit seulement, parce que "tout le monde le fait" (...)
[...] Frears a aussi fait se retrouver de nombreuses fois Merteuil et Valmont et réutilise dans leur échange des formules extraites de leurs lettres. On pourrait bien sûr critiquer ce choix car il déplace la problématique de l'écriture à l'être absent qui nous manque. Les lettres existent pourtant bien et sont remises à Danceny à la fin du film, souillées symboliquement par le sang qu'elles ont fait couler. Frears a souhaité rendre la correspondance de Merteuil et de Valmont moins importante et privilégier les face à face qui nous font ressentir toute la passion entre ces deux fauves qui s'entre-déchirent. [...]
[...] Ainsi, on peut saluer le rythme rapide de la fin du film mais reprocher à l'adaptation de Frears d'enlever la notion de Fatalité en marche. Même si la Présidente demande à ce qu'on tire le rideau comme sur une scène de théâtre pour qu'on la laisse mourir en paix, on peut regretter que la mort sociale de Merteuil ne soit davantage exploitée et que l'on n'en ait seulement un avant-goût. On ne parlera donc pas de réécriture puisque la vision de Frears est intéressante mais plutôt d'une vision romancée de la fin du recueil, qui propose moins une réflexion morale qu'une vraie conclusion à la relation des deux libertins qui étaient donc, on le découvre avec cette fin, les personnages centraux, autour desquels gravitaient les autres personnages, secondaires. [...]
[...] Valmont ne l'intervient pas, permettant ainsi de restituer le monologue que composait cette lettre. On retrouvera la plus célèbre affirmation : née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre, j'avais su me créer des moyens inconnus jusqu'à moi qui donne son titre à ce chapitre du film. Elle exprime l'ascendant que les hommes ont sur les femmes : Vous pouvez nous détruire d'un mot bien choisi Comme dans la lettre, elle utilise le vous pour désigner la gente masculine, ce qui met Valmont dans le même sac que ceux dont elle se venge. [...]
[...] Comme Frears a délibérément conclu le film avant la vérole de la Marquise, cette scène pourrait rejoindre la phrase de la lettre CLXXV disant que le visage ravagé par la maladie de Merteuil n'est autre que son âme détestable sur sa face. Ici elle se démaquille, enlevant le fard qui dissimule son visage. Pourtant une larme roule sur sa joue, révélant une femme brisée qui, se regardant dans le miroir, réalise son dénuement. On verra donc dans le miroir un objet qui flatte son détenteur mais aussi un symbole des faux-semblants et du double-jeu . [...]
[...] Valmont vient payer ses hommages à Mme de Merteuil. Mme de Volanges l'apprécie peu et le reçoit seulement, parce que tout le monde le fait Alors que Mme de Merteuil et le Vicomte plonge leur regard l'un dans l'autre et le soutiennent mutuellement, accompagné d'un baiser sur la main (qui résume à lui seul leur relation à double tranchant), Mme de Volanges a le regard fuyant. Valmont frôle la jeune Volanges qui se trouvent derrière le canapé où se trouvent les deux femmes. [...]
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