Le portrait permettait aux familles de revendiquer le droit à l'image propre à la noblesse mais aussi d'arranger ce que la nature n'avait pas forcément réussi avec le concours du peintre. Au 18ème, la miniature devient à la mode : c'est un portrait minuscule peint à la loupe. C'est moins cher qu'une peinture, donc, dés 1750, les classes de la société commencent à se faire faire leurs portraits et lorsque se mettent en place les techniques de photographie et de daguerréotype, elles vont avoir un succès considérable et cela va devenir le moyen privilégié de représentation de la classe bourgeoise ...
[...] Londe[3] devient le grand prêtre de la photographie hospitalière à la Salpetrière. La photographie ne cesse d'osciller entre son pouvoir de représentation et d'ornementation. Que peut-on montrer ? Que doit-on montrer ? Qu'est-ce qui est décent ? L'image vient marquer dans les sociétés occidentales la montée en puissance de la censure dans le domaine visuel. Pouvoir de la photographie et du portrait : Certaines pellicules ne sont pas impressionnées comme si l'individu avait créé un bouclier pour protéger sa propre image. [...]
[...] Nous avons tous une fréquentation partielle et partielle de notre image dans le miroir, c'est une habitude quotidienne qui fait du regard que nous jetons dans la glace un regard censé révéler une image peu ou pas décevante. Le quotidien est rempli de reflets de nous-mêmes qui en disent long sur notre personnalité et qui mettent en scène des facettes de nous-mêmes dont nous acceptons certaines et refusons d'autres.[6] Nous espérons que le regard de l'autre est assez indulgent pour qu'il nous accepte tel que nous voulons paraître. Le thème du temps Pierre Bourdieu a publié ses premiers articles sur la photo au rapport entre le paysan et la photo. Pourquoi ? [...]
[...] L'invention de la photographie marque le début du narcissisme. Avec le relais ensuite du cinéma, la photographie va permettre à nos sociétés et nos cultures de nouer des dialogues de plus en plus insistants et conflictuels avec notre propre narcissisme, c'est-à-dire nos rapports avec une image idéale de nous-mêmes que nous ne cessons pas, malgré nous, d'essayer de reconduire ou de reconquérir. L'esthétisation de nos cultures se nourrit de ces dialogues narcissiques qui témoignent de ce que montrent les travaux en anthropologie du corps : La course poursuite des individus après une image de soi glorieuse Debray soutient que la civilisation de l'image est en train de mourir, mais ce qu'il souligne c'est le fait que le ou les pouvoirs symboliques de l'image sont en train de s'épuiser peut-être parce que tout est saisissable, toute vue est bonne à prendre et les sociétés qui sont les nôtres ont fait de l'image un objet de consommation ordinaire. [...]
[...] La photographie, au début, va hériter de tout ce qui s'était construit dans la société occidentale et dans les cours d'Europe et qui concernait le portrait (en relation avec la peinture) Tout cet héritage qui est archaïque car le mot d'image vient de imago en latin qui désignait dans l'antiquité des figures (visages) pas uniquement des masques mais aussi des maquillages, travestissement que l'on retrouvait rituellement dans les grandes familles patriciennes lors des enterrements sous la Rome antique : le droit à l'image est réservé aux classes patriciennes de la société. Avoir son portrait c'était affirmer un pouvoir, la noblesse d'une naissance, la grandeur d'une famille. L'image de soi ou de l'autre, est depuis toujours liée à des croyances concernant la mort et aux cérémonies de deuil. La photographie va prendre toutes ces croyances, c'est pourquoi, dés la fin du 19ème siècle, elle est associée à des pratiques de spiritisme. [...]
[...] Le visage est associé à l'âme : prendre quelqu'un en photo c'est lui voler son âme dans certaines sociétés. Une prise de vue est une capture. L'objectif photographique est capable de faire d'un individu un être assujetti, de le rendre prisonnier. C'est pourquoi, le visage est traité comme la partie la plus intime de soi socialement autorisée à apparaître. Avec la photographie, les femmes vont être considérées comme des objets de représentation d'une classe sociale et d'une richesse. La beauté, les parures, les vêtements vont aussi avoir un pouvoir accru avec la photographie. [...]
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