Introduction et présentation des quatre portraits étudiés. (« Giovanni Arnolfini et sa femme », Van Eyck, 1434. « Madame de Senonnes », Ingres, 1814-1816. « Portrait du docteur Gachet », Van Gogh, 1890. « Cookie au Tin Pan Alley, New-York, Etats-Unis, 1983 », Nan Goldin). L'histoire de l'art s'est longtemps vue dominée par les deux grands genres que sont la représentation de scènes historiques issues de la religion, la mythologie, la littérature et la reproduction de paysages. Pourtant le genre ‘portrait' est le plus ancien puisqu'on le retrouve dans des sculptures datant d'environ 25 000 ans avant Jésus-Christ.
Les civilisations de l'Antiquité font beaucoup de portraits fonctionnels d'inconnus. En Grèce, Pline l'Ancien pense qu'au commencement était l'image de l'homme et le trait. Les poètes grecs estiment les portraits naturalistes, dont ceux très appréciés de Apelle. En Egypte, les artistes dessinent ou sculptent ce qu'ils savent exister : scènes de labour, portrait du Roi, etc. Les statues se font principalement à l'image d'un défunt et ont pour rôle de l'accompagner au tombeau, afin de lui prolonger l'existence dans l'au-delà.
Au Moyen Age où la religion joue un rôle primordial, et où l'artiste n'a pas pour but de créer des images fidèles de ce qu'il voit mais de communiquer la lettre et l'esprit de l'histoire sainte, le portrait chrétien est courant ne serait-ce que pour réaffirmer ce pouvoir impérial. Il représente des membres de l'église, notamment parce que la pérennité de l'image au-delà du décès du modèle permet une sorte de dépassement de la mort.
Le portrait tel que nous le concevons aujourd'hui prend source à la Renaissance avec la révolution des perceptions (reliefs, perspectives, etc.), notamment grâce aux peintres Titien, Holbein et Léonard de Vinci. En Italie, les peintres font la différence entre imitare (donner l'image de quelque chose) et ritarre (donner la copie exacte de quelque chose). On ne peint plus seulement pour représenter une fonction (pape, Roi, etc.). Un siècle plus tard, le portrait se fixe à la représentation de la personne et le portrait officiel naît.
Au début du XIXème siècle, le portrait connaît une dévalorisation en occident par rapport à l'art historique, religieux et monumental. Cette dévalorisation est appuyée par l'Académie des Beaux Arts, crée en 1816, qui instaure des règles de qualité afin de donner une certaine noblesse à l'art. Mais plusieurs courants émergent et perturbent plus ou moins ces règles : le romantisme, le réalisme, l'impressionnisme, etc… A la fin du XIXème siècle, cette révolution s'accentue avec les artistes d'avant-garde qui bouleversent les conventions avec leurs nouvelles notions du réel et réactualisent le portrait.
Nous voyons donc que le genre ‘portrait' se décline sur une multitude de courants, une période historique très vaste et de nombreux supports. Du portrait sur papyrus où les reliefs du visage n'apparaissent pas vraiment, jusqu'à la photographie, en passant par les toiles peintes, le genre est omniprésent dans l'histoire de l'art. Nous allons ici présenter quatre portraits d'époques et d'auteurs différents, afin de donner une idée de l'évolution de ce genre, cependant la richesse d'œuvres dans ce domaine nous incite à centrer l'étude sur ces cinq derniers siècles.
[...] Les tissus de lit et du fauteuil et les vêtements de Jeanne apportent la féminité au tableau avec leurs plis et leurs courbes. Les traits du visage de Giovanni sont ciselés, anguleux. Au contraire, le visage de sa femme est plutôt rond, plein et lisse. La lumière est douce et vient principalement de la fenêtre latérale gauche. Van Eyck présente un portrait muni de nombreux détails créant un univers réaliste organisé avec une rigueur inspirée des peintres de la Renaissance italienne. Ce réalisme se retrouve aussi dans le portrait de Madame de Senonnes que dresse Ingres en 1814-16. [...]
[...] Jeanne est aussi tournée de face et est orientée vers son mari, tout comme son visage. Le spectateur semble être placé entre le couple, à quelques mètres à peine, là où on imagine que le peintre se situe. L'image se compose de plusieurs lignes de force. La plus évidente est celle qui relie le lustre au chien en passant par le miroir, les mains jointes et les chaussures rouges. De chaque côté de cette ligne principale se trouvent celles que dessinent les corps debout. [...]
[...] De plus, ici aussi, la légende indique l'identité de la personne peinte. Nan Goldin, quant à elle, ne signe pas ses photographies, mais elle imprègne ses œuvres d'un style qui la suit au long des années, ce qui permet de l'identifier malgré cette absence. Le seul message linguistique est donc la légende, très complète. En effet, elle donne le nom de la personne représentée, Cookie le lieu où elle se trouve, le Tin Pan Alley la ville New York et l'année, 1983 Cette légende précise permet à Nan Goldin d'inscrire ses photographies dans la conservation de souvenirs qu'elle recherche. [...]
[...] Nous voyons donc que le genre ‘portrait' se décline sur une multitude de courants, une période historique très vaste et de nombreux supports. Du portrait sur papyrus où les reliefs du visage n'apparaissent pas vraiment, jusqu'à la photographie, en passant par les toiles peintes, le genre est omniprésent dans l'histoire de l'art. Nous allons ici présenter quatre portraits d'époques et d'auteurs différents, afin de donner une idée de l'évolution de ce genre, cependant la richesse d'œuvres dans ce domaine nous incite à centrer l'étude sur ces cinq derniers siècles. Présentation des quatre portraits choisis : 1. [...]
[...] Les pierres roses et vertes des treize bagues en or qu'elle porte coïncident avec les riches motifs du châle indien. Ingres effectue ici, une peinture léchée et académique où les matières sont représentées dans une réalité presque palpable. Il peint aussi de nombreux détails, tels les rangs de dentelle autour du cou et des poignets de la femme, ou encore les minuscules motifs du châle. En plus du travail de Van Eyck qui représente avec précision les formes et les couleurs, Ingres insuffle vie et mouvement à son portrait. [...]
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