Etude de l'oeuvre picturale de David : Les licteurs rapportant à Brutus les corps de ses fils

Résumé du document

Les licteurs rapportant à Brutus les corps de ses fils est une commande de la Couronne. La seule consigne qui ait été donnée à David était de représenter « l'homme le plus malheureux qui ait jamais existé ». Ainsi, le peintre décide de représenter Brutus, le fondateur de la République à Rome. Ce héros des temps antiques est connu pour avoir fait condamner et exécuter ses fils pour avoir trahi leur patrie. C'est un des quelques sujets patriotiques traités par David : il met en scène un homme capable de tout sacrifier à la grandeur de la Nation.
On peut se demander comment l'artiste réussit à traiter un sujet antique en le remettant dans le contexte de son époque. Ainsi, nous verrons dans un premier temps comment l'œuvre de David s'inscrit dans la catégorie des tableaux d'Histoire de style néoclassique, puis nous étudierons de quelle façon il met en scène cette histoire pour rendre un effet dramatique. Pour finir, nous observerons comment David fait de ce sujet antique une œuvre qui s'inscrit dans le climat historique de l'époque.

Extraits

[...] La pièce principale est divisée en trois parties : l'entrée occupée par les licteurs et la civière, la partie gauche est réservée à Brutus et celle de droite, délimitée par les colonnes, est occupée par les femmes. Au premier plan, Brutus est assis dans une raideur toute romaine. Sa main gauche serre un parchemin où semblent être inscrits les noms des condamnés : c'est l'arrêté qu'a signé Brutus lui-même pour déclencher l'exécution de ses fils. Le visage du héros est laissé dans l'obscurité. Son conflit intérieur est palpable : l'attachement à la loi et à la République qu'il a créé a prévalu sur l'affection paternelle, mais le retour des fils morts laisse place au bouleversement. [...]

[...] Une référence à l'antique dans le fond Le tableau de David prolonge le sujet historique évoqué par l'œuvre littéraire Tite-Live retraçant l'histoire de Rome. En effet, il met en scène le fondateur de la République : Brutus, personnage ayant déjà été repris par le philosophe Voltaire en 1730. Personnage légendaire de l'histoire de Rome, Lucius Junius Brutus a chassé le roi Tarquin le Superbe et devient un des deux premiers consuls de la République romaine. Ses deux fils ayant participé à un complot contre la République et ainsi trahi leur patrie, Brutus n'hésita pas à les laisser condamner, puis exécuter. [...]

[...] CONCLUSION Les Licteurs rapportant à Brutus les corps de ses fils fut exposé au Salon de 1789 : l'année même du début de la Révolution française. C'est le parfait exemple des sujets patriotiques réalisés par David, exaltant les vertus d'un héros antique, capable de sacrifier sa famille à la grandeur de la Nation. L'œuvre fut de nouveau exposée lors du Salon de 1791. Dès lors, Brutus acquit une place de choix dans l'imagerie révolutionnaire, et c'est à ce peintre patriote que les membres du club des Jacobins commandent la peinture du premier acte de désobéissance au roi : Le Serment du Jeu de Paume. [...]

[...] Son premier regard est porté sur le groupe de femmes, placé au centre et en pleine lumière ; puis il va suivre la ligne tracée par le bras de la mère désignant les corps des fils illuminés d'une lumière plus douce. Et en dernier lieu, en regardant en dessous les jambes des corps des fils, le spectateur aperçoit finalement le héros de la scène : Brutus plongé dans l'ombre. III. David : homme du XVIIIe siècle, de la Révolution et de l'Empire Dans ce tableau, deux mondes s'opposent : celui du pouvoir et de la politique et celui de l'intimité familiale. [...]

[...] On fait alors du David de cette époque un peintre engagé dans le combat politique. Mais il n'en est rien. En effet, le sujet imposé à David par son commanditaire, qui n'est autre que Louis XVI, est de représenter, et une lettre de David le confirme : la tragédie et la grandeur de l'homme le plus malheureux qui ait jamais existé Un seul impact des évènement de l'époque a resurgit sur le tableau : David avait représenté les têtes des deux fils de Brutus séparées des corps. [...]