1. Des avancées technologiques au service de nouvelles techniques photographiques
L'apparition de la plaque négative au gélatino-bromure d'argent, mise au point en 1871, est à la base du renouveau de la photographie au début du XXe siècle. Elle fait passer la photographie du stade d'outil professionnel et artistique à celui de technique de prise de vue d'instantanés de la vie quotidienne. Simplifiée encore par les avancées technologiques concernant l'appareil lui-même (slogan Kodak : "You press the button, We do the rest"), elle devient peu à peu un moyen d'illustration dans la presse et dans les livres, puis un puissant outil artistique, notamment avec l'invention en 1907 des plaques autochromes, dont Steichen dira qu'elles "[...] nous ont apporté un nouveau médium, qui restera à mon avis le plus beau que la photographie nous ait jamais donné pour traduire la nature".
C'est dans ce contexte qu'un certain nombre de professionnels, en opposition à ce mouvement de banalisation, choisissent de revenir vers une photographie de nature purement artistique. Des clubs d'amateurs se développent, sous l'influence d'artistes comme Robert Demachy en France, et Alfred Stieglitz et Edward Steichen (dont nous traiterons principalement ici) aux Etats-Unis, et fondent un mouvement (plus ou moins informel au début) sous le nom de Pictorialisme.
[...] La construction commune apparaît nettement si l'on superpose ce schéma aux 2 œuvres. La proximité des compositions est confirmée par un dernier élément: dans le triangle formé par la bande supérieure et la diagonale transversale, on retrouve les mêmes stries, formées par les chaînes de la passerelle dans The Steerage et par les jeux de lumière saturée dans Twin Lakes Conclusion Adjugé à plus de 180.000 dollars en avril 2000 chez Sotheby's, la photographie de Strand s'inscrit dans une œuvre majeure qui marquera longtemps la photographie du XXe siècle. [...]
[...] L'œuvre de Joseph Stieglitz, The Steerage laisse présager ce renouveau en photographie : la construction parfaitement géométrique de l'image semble très proche de celle de Twin Lakes ce qui rapproche les deux photographies tant sur le plan artistique qu'esthétique. Les deux images sont, tout d'abord, toutes deux traversées de part en part par une diagonale nettement dessinée, sombre sur Twin Lakes (l'ombre délimitant l'armature de bois) et saturée (la passerelle vide au centre) sur The Steerage (schéma 1). Au bas de la composition, on trouve une bande sombre parcourant l'image sur les deux photographies (schéma : le pont inférieur où se trouvent les femmes sur l'une, et l'armature principale, ou une poutre massive sur l'autre. [...]
[...] Comme dans The Steerage le photographe utilise le clair-obscur. L'ombre est très marquée, d'un noir dense, avec de la profondeur : encore une fois, on peut penser que c'est l'ouverture du diaphragme qui a pu permettre au photographe de contraster ainsi son image, tant il réussit à capter, simultanément, des blancs aussi purs et des ombres aussi contrastées. Ceci apparaît très nettement sur la gauche de l'image et au sommet de celle-ci, ou les ombres sont presque noires Ces contrastes sont également accentués lors du développement et du tirage de l'épreuve. [...]
[...] Stieglitz, steerage”]& Paul Strand, “twin lakes” 1. Des avancées technologiques au service de nouvelles techniques photographiques L'apparition de la plaque négative au gélatino-bromure d'argent, mise au point en 1871, est à la base du renouveau de la photographie au début du XXe siècle. Elle fait passer la photographie du stade d'outil professionnel et artistique à celui de technique de prise de vue d'instantanés de la vie quotidienne. Simplifiée encore par les avancées technologiques concernant l'appareil lui-même (slogan Kodak : "You press the button, We do the rest"), elle devient peu à peu un moyen d'illustration dans la presse et dans les livres, puis un puissant outil artistique, notamment avec l'invention en 1907 des plaques autochromes, dont Steichen dira qu'elles . [...]
[...] Il assiste parallèlement à l'émergence du Cubisme en peinture, et est fasciné par les œuvres de Braques et Picasso. Ces derniers inspireront alors chez lui une nouvelle façon de capter l'image : il photographiera désormais, dans sa recherche d'esthétique géométrique, angles de bâtiments, cadres de portes et de fenêtres, à tel point qu'un critique d'art de l'époque parlera, au sujet de ses œuvres, de cubisme argentique Twin Lakes prise en 1917, se place dans ce contexte. La photographie représente des jeux de lumières sur une table en bois ; outre le thème, c'est une composition géométrique d'une extrême richesse que Strand cherche à créer. [...]
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