L'enluminure désigne un phénomène artistique propre au Moyen Age : il s'agit d'un décor pictural dans un livre. On constate son essor dès l'antiquité tardive. Un même phénomène se produit également en Orient (Perse) où l'enluminure est florissante à l'époque médiévale. La terre d'Islam ne connait pas le même développement car il n'y a pas d'image figurée donc cela limite l'enluminure même si le Coran est richement décoré.
Par enluminure, André Malraux désigne cet art par la peinture des siècles sans peinture. En matière d'art pictural, toutes nos connaissances nous sont transmises par les manuscrits. Cela ne signifie pas qu'il n'y avait aucune peinture murale ni tableau du IVe au Xe siècle. Il existe des peintures murales dans les églises romanes, carolingiennes.
La peinture des siècles sans peinture concerne surtout le haut Moyen Âge. Dès le XIIIe siècle, nous avons d'autres moyens de connaissance comme la peinture sur tableau. L'enluminure est liée aux autres peintures : murale, de tableau. Elle constitue un art de substitution pour écrire l'histoire de la peinture. Mais l'enluminure n'est pas simplement un ersatz, mais un art à part entière. Dante en fait un art : pour lui c'est une spécificité de mise en page des livres, de décoration particulière qu'on ne retrouve pas ailleurs comme la décoration des lettres.
Au Moyen Age, la frontière entre peinture murale et manuscrit n'est pas étanche. Il existe un lien entre les deux. Les artistes font à la fois des miniatures et des peintures de grand format. Il existe également des enlumineurs professionnels ne faisant que cette activité. L'enluminure est un réservoir d'images, une source formidable de connaissance. Mais l'image a une vie propre, elle n'est pas le reflet de la vie quotidienne au Moyen Age. Une image n'est pas l'illustration de la vie quotidienne, mais une mise en scène dans un contexte précis. Toute image est factice, le reflet de la volonté de représentation.
Beaucoup de manuscrits du Moyen Âge nous sont parvenus jusqu'à aujourd'hui. Cela nous permet de comprendre comment ils ont été faits : on parle alors d' « archéologie du manuscrit ». Le manuscrit est l'équivalent du livre imprimé : il s'agit d'un instrument de communication. La différence avec un livre imprimé est que le manuscrit est unique même si l'on produit des milliers de manuscrits avec la copie d'un texte en particulier. Mais chaque manuscrit est copié par un copiste avec des fautes à différents endroits. En général, même un bon copiste fait au minimum une faute par page. Le manuscrit fabriqué de manière artisanale. Le livre imprimé est produit industriel, il reproduit en plusieurs centaines d'exemplaires un même texte.
[...] Enluminure avec onction à l'huile sacrée. Lettrine avec décor filigrané en rouge. L'écriture bâtarde gothique est une évolution cursive de l'écriture gothique de forme. >Tite-Live, Décades, traduit par Pierre Bersuire, BNF, Fr.273, fol.11 : écriture lisible. Au XVe siècle en Italie apparaît l'écriture humanistique, car elle est introduite par les humanistes qui redécouvrent l'antiquité à travers les manuscrits des siècles précédents, on reprend la minuscule caroline. L'écriture humanistique est alors introduite dans l'imprimerie (sauf en Allemagne). >Sénèque, De ira, copié à Florence en 1457 pour Côme de Médicis, BNF, Lat.6376, fol.1 : rinceaux reprenant la décoration des livres d'époque romane. [...]
[...] Mais souvent le scribe et l'enlumineur sont une seule personne. Saint Jérôme traduit la Bible en latin. Son œuvre contient des informations sur le livre (car c'est un grand érudit), sa fabrication, mais il ne parle pas de sa décoration et de son illustration. On peut lire dans une de ses lettres à une dame de l'aristocratie romaine nommée Eustochium : «Les livres luxueux doivent être prohibés surtout les livres sur parchemin teinté de pourpre Cela suggère que saint Jérôme réprouve toute décoration. [...]
[...] Le tableau et le cadre sont taillés d'un seul tenant. Les couleurs des figures imitent celles des émaux. Réalisation vers 1400 sûrement. Au revers, on trouve les armoiries du duc de Bourgogne. Bordure dorée et espace blanc évoquent les émaux blancs et les armoiries. La couche sous celle d'or s'appelle le bol d'Arménie, il s'agit d'une poudre d'argile permettant à la dorure d'adhérer. >Vierge à l'enfant, New York, collection Frick : encadrement et tableau taillés d'un seul tenant. Cadre sculpté puis doré. [...]
[...] Elle provient de l'écriture courante antique pratiquée sur les tablettes de bois enduites de cire. >Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Luxeuil (ou Corbie), fin VIIe siècle, BNF, Lat.17655, fol.33v° : incertitude sur la provenance soit des Vosges soit de Picardie. À l'époque carolingienne, l'écriture est plus régulière avec une forme propice à la diffusion; l'écriture est uniformisée, c'est l'écriture Caroline. >saint Ambroise, Hexameron, fin VIIIe siècle, Corbie, BNF, Lat.12135, fol.35 >saint Jérôme, Commentaire sur Isaïe, Livre 1-18, Lettre E ornée, Corbie, fin VIIIe siècle, BNF, Lat.11627, fol.2 L'écriture Caroline est très régulière avec un module plutôt arrondi. [...]
[...] On commence à montrer avec insistance les douleurs du Christ. Le Christ aux outrages du maître du Parement de Narbonne prend sa source chez Jean Lenoir dans les petites heures de Jean de Berry : on y trouve une contorsion et une théâtralisation qui en font un art de cour, précieux. >Très belles heures de Notre-Dame, Christ aux outrages, fol.101 >Très belles heures de Notre-Dame, Christ devant Pilate, fol.103v° (heures de la Passion). Reniement de saint Pierre dans l'initiale. Bas de page : trahison de Judas : il veut rendre les pièces puis se pend. [...]
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