Les émaux limousins sont des pièces d'orfèvrerie très reconnues en Europe depuis le Moyen-Age. Réalisés sur du cuivre doré champlevé, ils participaient au faste des objets liturgiques, de cour ou bien encore de voyage. Les pièces ainsi visibles aujourd'hui dans les musées sont très variées: des calices, des coffrets, des chandeliers, des couvertures de livre, des boucles de ceinture...Cet exposé retrace ainsi les techniques et l'évolution stylistique du XIIe au XIVe siècle.
[...] Toutefois il n'aurait pas été possible d'imiter la translucidité des émaux cloisonnés sur or en dorant le cuivre avant l'émaillage le terme champ levé découle en réalité d'une erreur étymologique. En effet, le subterfuge a ses limites car les émaux n'adhèrent pas aux résidus d'une dorure au mercure. Enfin, toutes les pièces de l'Oeuvre de Limoges sont marquées d'une inscription gravée. Par l'expression latine me fecit lemovicarum chaque maître justifiait de l'authenticité artistique de son travail au sein de Limoges. [...]
[...] Les ateliers limougeauds puis limousins (suite à l'essor commercial) ont dû répondre aux commandes de la société courtoise aux élans chevaleresques de l'époque. Aussi, de nombreux coffres et coffrets de voyages ont été produits à Limoges dès 1150. Réalisés en bois noble, ils sont ornés de médaillons émaillés représentant pour la plupart des cavaliers parés et glorieux, ou bien des créatures fantastiques telles que le dragon. De ce fait le champ héraldique est apparu peu à peu pour connaître son apogée au cours du XIIIe siècle. Les cavaliers sont remplacés par les emblèmes et armoiries familiales. [...]
[...] Ils réalisaient des reliquaires pour tout le royaume, aussi n'est-il pas étonnant de rencontrer des saints ou martyrs anglais sur des reliquaires en Œuvre de Limoges. La forme reliquaire la plus produite est la châsse. Petit coffre surmonté d'un toit à deux pentes tel un sarcophage antique, la châsse conservait les os d'un martyr canonisé après la translation du corps. Le décor des châsses était réalisé de manière à ce que les fidèles puissent identifier le saint auquel appartenaient ces reliques par l'évocation du moment même de son martyre. [...]
[...] La seconde moitié du XIIe siècle voit naître l'incroyable essor des ateliers par la plupart des avancés techniques. En effet, le volume est depuis 1170 retranscrit grâce à des dégradés chromatiques et les artistes jouent avec la juxtaposition de couleurs différentes pour créer de nouveaux motifs ornementaux. Vers les années 1180-90, la tendance s'inverse et les fonds sont systématiquement émaillés tandis que le décor se remarque par le métal ciselé laissé en réserve. Les œuvres les plus remarquables sont toutefois celles précédant cette époque car il était plus difficile d'émailler des silhouettes comportant des détails laborieux tels que les yeux, que de ciseler les détails dans le cuivre. [...]
[...] Avant la pose, le métal ainsi pré-décoré doit être dégraissé le plus possible. Pour cela les artisans baignaient le métal dans des bains d'un surprenant mélange : du vinaigre additionné de sel et d'urine (Moine Théophile, Gauthier). Emaux cloisonnés Emaux champlevés (Technique mixte en réalité ici) La pose ne peut être réalisée qu'avec des émaux réduits en poudre très fine. Les artisans aimaient broyer eux-mêmes leur matière première, la qualité du travail dépendait de la finesse d'exécution. La poudre d'émaux est légèrement humidifiée afin d'obtenir une sorte de pâte un peu pulvérulente. [...]
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