L'ekphrasis est une description appliquée indifféremment aux domaines littéraire et pictural. C'est un élément de la rhétorique (ensemble de procédés constituant l'art de bien parler).
Petit à petit, elle se spécialise et se dit « description d'une œuvre d'art », quelle soit réelle, ou fictive. Elle sert donc à décrire, faire comprendre, expliquer.
Afin d'étudier de plus près cet outil littéraire, nous verrons dans un premier temps les origines de la notion, puis nous observerons son développement épique ; nous l'appréhenderons sous l'angle de l'allégorie et nous reviendrons sur la tradition rhétorique.
[...] La pratique artistique est double : à la fois littéraire et picturale. Par exemple, Zeuxis, présenté par Lucien, c'est aussi Zeuxis un peu coloré, déformé par Lucien. Il y a une méfiance à l'égard de ces textes en tant que documents. En effet, quand Lucien décrit un tableau, il choisit celui qui correspond à ses préoccupations : comme le centaure (d'Apelle), car Lucien est d'origine syrienne. Conclusion L'ekphrasis va donc à la fois s'enrichir et se réduire au fur et à mesure de son évolution : s'enrichir d'un domaine autre que littéraire, mais se figer en perdant la dynamique de l'épopée. [...]
[...] Les origines de la notion Les origines de la notion d'ekphrasis sont littéraires. En effet, les premières descriptions furent faites tout d'abord au sein d'un poème, d'un texte. La notion d'énergia est une notion que l'on trouve chez Aristote, voisine de celle de l'ekphrasis, et qui consiste à faire voir, montrer : c'est-à- dire à garantir une visibilité du sujet. Le tableau n'est pas loin dans ce souci d'image, mais l'ekphrasis était une vertu de l'orateur, et non du peintre, dans l'Antiquité. [...]
[...] La description n'est pas neutre, objective, mais moralisatrice. Le tableau est placé sous nos yeux et c'est pour cela que peu à peu, on va rattacher la peinture à l'ekphrasis. En fait, cette technique rhétorique pouvait avoir n'importe quel objet, mais le choix de décrire un tableau va rendre plus spécifique la technique de l'ekphrasis. Il y dans la description de Lucien, une sorte de concentration de l'image : un tableau avec des allégories (représentation sous forme concrète d'une idée abstraite), qui devient l'objet de lui-même, d'une description fortement imagée. [...]
[...] Il y a même ensuite une sorte de repli sur la technique littéraire sans ouverture sur le monde artistique. Pour avoir une idée de l'ekphrasis vraiment littéraire, on peut penser aux Caractères de Théophraste (moraliste de l'Antiquité), dans lesquels il fait un grand nombre de descriptions. II. Le développement épique de l'ekphrasis Dans le genre épique, noble par excellence au cours de l'Antiquité, l'ekphrasis trouve sa place ; elle est même considérée comme étant alors sous sa forme modèle. Elle a un rôle presque cinématographique car elle doit faire voir l'image, le mouvement. [...]
[...] Le poète apparaît comme un engendreur d'images. Par exemple, Homère fit la description du bouclier d'Achille, forgé par Héphaïstos : il nous fait voir un grand nombre d'éléments, tous représentés sur le bouclier du héros grec. En imaginant alors ce bouclier, il est difficile de concevoir autant de détails sur un objet de cette taille. Mais la description est là. L'image littéraire a une grande force dynamique pour restituer le mouvement. Elle peut traduire quasiment l'activité du monde au point qu'elle est plus proche du récit que de la description. [...]
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