Dürer fait figure de pionnier. Il est en effet à l'origine des premiers autoportraits signés, non anonymes. Il exécute notamment en 1500 le Portrait de l'artiste par lui-même, aujourd'hui conservé à l'Alte Pinakothek de Munich. Apres avoir replacé l'œuvre et son auteur dans leur contexte artistique et culturel, il s'agira ensuite d'analyser plus avant le tableau lui-même, et ce tant au niveau de sa technique picturale qu'à celui de ses charges symboliques, et enfin de rappeler le commentaire critique qui en peut être fait
[...] De là il est possible de déceler le fait que l'artiste par le biais de Dürer soit en train d'acquérir un statut nouveau de reconnaissance. D'autre part l'ensemble des Imitatio Christi représente un commanditaire sous les traits du Christ. Or, dans le cas présent c'est l'artiste lui-même qui est exalté. Un artiste réalisant le geste du salvadore mundi. Au total, la signification de cette œuvre majeure s'entoure encore de mystère. Certains ont cru voir une glorification de soit même, une représentation symbolique du Christ, mais ce n'est sans prendre en compte le fait que cet autoportrait est très réaliste. [...]
[...] La combinaison des losanges est flagrante, le contour du visage très minutieusement encadré. La découpe nous permet aussi de distinguer que le coté du visage le moins éclairé nous apparaît nettement plus grave de par le sourcil légèrement relevé. Dürer, le visage coupé en deux a un coté très doux et l'autre plus sombre, ce qui n'est pas sans rajouter de l'ambiguïté à l'aspect solennel du personnage. Enfin, cette main située en bas du tableau est centrée au même titre que le visage Elle constitue un élément déterminant car elle est seule, or les mains vont de paire et elle valorise ainsi l'index des autres doigt Celui-ci se trouve à l'intersection même du col et du losange davantage axé sur la figure de Dürer ; de cette manière il nous interpelle. [...]
[...] Il exerce son art aussi bien dans la peinture (Les quatre apôtres, 1526) que dans la gravure (Mélancolie, 1514) qu'il n'abandonnera jamais, ainsi que dans l'écriture (Traité des proportions du corps humain). Ses talents de théoricien d'art sont d'ailleurs moins connus. Or, Albrecht Dürer a laissé un grand nombre de courriers, lettres ou notes, traitant de l'art de bien peindre. Il en ressort un projet de Traité ou il tente de développer une théorie complète de bien représenter. Ainsi dans une préface, il traite de l'éducation du jeune peintre (qui doit être choisi pour des aptitudes naturelles), et de l'utilité de la peinture. [...]
[...] Dürer, portrait de l'artiste par lui-même Introduction La Renaissance est le théâtre de profonds bouleversements économiques, sociaux et culturels. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le sujet semble se détacher de la communauté politique et sociale dans laquelle il était plongé depuis l'antiquité, pour s'émanciper ensuite grâce à un faisceau de conjonctions (découverte de l'Amérique 1492, Réforme luthérienne et expériences de Galilée), d'une religion qui encadrait jusqu'alors son système de pensée, c'est ce que l'on a coutume d'appeler la révolution du sujet L'une des conséquences les plus manifeste de cette révolution se trouve être la naissance puis l'essor de l'autoportrait. [...]
[...] L'audace de Dürer est grande, elle souligne notamment que désormais les hommes ont conscience de détenir en chacun d'eux une étincelle divine. Les monarques ne sont plus les seuls à être dignes du pinceau du Prince, tout homme mérite d'être représenté car à travers son portrait c'est Dieu que l'on découvre. Avec ce tableau, on est bien au cœur de cette fondamentale révolution du sujet. L'affirmation du sujet est d'ailleurs autant perceptible dans l'autoportrait de Dürer que dans la signature qui s'impose peu à peu sur l'œuvre d'art. [...]
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