Un musée peut se définir comme une institution dépositaire d'une collection permanente qu'il a vocation à conserver, enrichir et présenter au public. Depuis le premier musée, établi à Oxford, jusqu'au très récent Pompidou-Metz, les musées ont connu bien des évolutions. La France dispose désormais de plus de 1200 musées labellisés "Musées de France" d'après le statut établi par la loi du 4 janvier 2002, aux statuts très divers : musées d'Etat, musées territoriaux, établissements publics, musées associatifs et musées privés, du petit éco-musée de trois salles au Musée du Louvre.
Ces musées ont des modes de gestion et d'organisation très variés, et pourtant tous sont assujettis aux mêmes missions d'inventaire et d'étude de leurs collections, de conservation et de présentation, dans l'intérêt général ; les objectifs visés sont d'instruire, d'édifier et de délecter le public le plus large.
A l'étranger, en particulier dans les pays anglo-saxons, les musées sont soit associatifs, soit le plus souvent gérés par des trusts ou des fondations. Dans les pays germaniques, les musées locaux ou associatifs sont majoritaires.
Avec les récentes délocalisations des musées, tels que Pompidou-Metz et le Louvre-Lens, les grèves des personnels du Louvre et d'Orsay pour dénoncer les suppressions de postes, avec l'apparition des notions d'autofinancement et de contrats d'objectifs dans les textes de la Révision Générale des Politiques Publiques et le recours aux financements privés tels que le mécénat ou les fonds de dotation cotés en bourse, on pourrait se demander si les musées ne seraient pas en passe de devenir de véritables entreprises. Mais au vu de leurs missions et de leur place dans la société, peut-on effectivement gérer des musées comme des entreprises ? Peut-on leur appliquer un mode de gestion, une politique de management et de ressources humaines, des directives d'orientation identiques à celles d'une entreprise, avec pour objectif un retour sur investissement, voire un profit, tout en ne dénaturant pas ce qui définit les musées : leurs collections et leurs mission ? (...)
[...] Ceci est important à préciser car ce n'est pas le statut des collections ou le mode de fonctionnement du musée qui est important dans la mentalité actuelle, c'est la dénomination même de musée définie par le législateur, et ce sont aussi les pratiques culturelles associées (visites, ateliers, conférences, expositions). Ceci signifie qu'au-delà des critères bureaucrates, le musée représente dans les esprits un concept symbolique et abstrait que ni les politiques ni les lois ne pourront effacer subitement. Ainsi, fondamentalement, le musée et l'entreprise ne sont pas des notions que l'on associe naturellement, en France Des missions incompatibles et peu rentables Ceci est également dû à la définition des missions des musées, qui sont le plus souvent des missions d'intérêt général. [...]
[...] On voit de plus en plus apparaître une certaine sectorisation dans la visite. A Versailles, on paye un billet pour visiter une partie du château, un autre billet si l'on veut voir plus de salles que les Appartements du Roi, un autre billet pour le Hameau de la Reine ou pour les attractions du jardin. Aussi, le visiteur venu voir Versailles dans son intégralité devra-t-il débourser autant que pour se distraire dans un parc forain. La plupart des musées ont ainsi déconnecté les différents secteurs (collections permanentes, expositions, ateliers, conférences, visites guidées, audio-guides) d'un part pour analyser le rapport recettes/coût de chaque activité et améliorer l'offre d'accueil et de médiation, d'autre part parce qu'il est prouvé que le visiteur est plus enclin à payer plusieurs fois une petite somme qu'une seule fois un prix exorbitant, surtout si la totalité des activités apparaît infaisable en une journée. [...]
[...] Dissertation concours externe Attaché de conservation 2010, spé. Musées Peut-on gérer les musées comme des entreprises ? Introduction Un musée peut se définir comme une institution dépositaire d'une collection permanente qu'il a vocation à conserver, enrichir et présenter au public. Depuis le premier musée, établi à Oxford, jusqu'au très récent Pompidou-Metz, les musées ont connu bien des évolutions. La France dispose désormais de plus de 1200 musées labellisés Musées de France d'après le statut établi par la loi du 4 janvier 2002, aux statuts très divers : musées d'Etat, musées territoriaux, établissements publics, musées associatifs et musées privés, du petit éco-musée de trois salles au Musée du Louvre. [...]
[...] En effet, la plupart des musées sont gérés à perte : les coûts engendrés sont supérieurs aux recettes. Les dépenses de fonctionnement sont assurées par les subventions, q'elles proviennent de l'Etat, des collectivités ou d'autres organismes publics français ou étrangers. Ces finances publiques proviennent des impôts et non des activités des musées. Afin de favoriser l'égal accès de tous à la culture, les tarifs sont réglementés par l'autorité compétente ; il y a rarement libre fixation des prix permettant d'auto-financer les activités, ce qui est extrêmement rare dans les entreprises car ces dernières doivent respecter les principes de la libre concurrence et être compétitives pour exister. [...]
[...] Une des missions des musées est ainsi bafouée Limites En revanche, les évolutions qui tendent à rapprocher les musées et les entreprises n'ont pas que des inconvénients et certains risques cités ci- dessus peuvent être maîtrisés. Il ne fait en effet pas noircir le tableau d'avance. Promouvoir l'efficacité en matière de gestion, adapter les indicateurs pour mesurer la pertinence des choix et des politiques culturelles pour mieux les orienter dans le futur, associer les entreprises et les collectionneurs aux projets des musées ne sauraient être vus comme uniquement négatifs. [...]
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