Dès 1759, Melchior Grimm qui en prenait la responsabilité jusqu'ici, demande à Denis Diderot, grand homme de son temps et Lumière, d'écrire les comptes-rendus des expositions de l'Académie royale de peinture et de sculpture, aussi appelées Salon, pour les lecteurs de la revue la Correspondance littéraire.
Diderot modifie alors radicalement cette rubrique artistique en présentant ses Salons sous la forme d'une lettre adressée à Grimm dans laquelle il insère des commentaires d'ordre esthétique et ses connaissances techniques. Conquis par cette mission, il rédige alors neuf Salons de 1759 à 1781 et devient l'un des pionniers de la critique d'art puisqu'il en fait un genre littéraire à part entière.
[...] A la place du ministre, il en aurait fait dire un mot au particulier qui se préférait insolemment à tout un peuple Il défend donc le Salon pour l'évolution du goût d'une nation et du marché de l'art. Ce n'est qu'après cette sorte de prologue dans lequel il a critiqué tout ce qui l'insupporte qu'il passe à l'examen scrupuleux des œuvres proposées à la vue du public lors du Salon : Après cette sortie préliminaire qui m'a vraiment soulagé, je vais passer à l'examen des morceaux dont il nous a été permis de jouir. Vous désirez que je sois court. [...]
[...] L'évolution de son goût artistique le pousse à changer d'avis sur certains artistes qu'il admirait auparavant et sur lesquels il fondait de grands espoirs. Vernet qui l'inspirait fortement en 1767 est accueilli plus modérément deux ans plus tard. Il met alors en parallèle cet artiste avec la dégénérescence de l'art : Il semble que tous nos artistes se' soient cette année donné le mot pour dégénérer. Les excellents ne sont que bons, les bons sont médiocres, et les mauvais sont détestables. [...]
[...] Déçu par le Salon proposé en 1769, il change parfois radicalement d'opinion quant aux artistes, mais n'en reste pas moins fidèle à sa quête de la vérité et à sa conception de l'art libre. Il profite de la rédaction de ce compte-rendu pour mettre en garde les artistes face aux commandes qui peuvent les détourner de leur imagination et de leur liberté artistique. Ce Salon est donc une réflexion sur l'art de son époque et la vie artistique du XVIIIè siècle. [...]
[...] C'est le cas de la Caravane de Boucher dans laquelle il discerne partout le grand maître et pour laquelle il ne sait se prononcer : Si mon ami trouve quelqu'un qui lui dise que la Caravane était un des meilleurs tableaux du Salon, qu'il ne le contredise pas ; s'il trouve quelqu'un qui lui dise que la Caravane était un des plus mauvais tableaux du Salon, qu'il le contredise encore. C'est le cas pour bon nombre d'œuvres du Salon de 1769 qu'il juge moyennes. À propos des deux tableaux que Jeaurat expose, il dit : Cependant si ces deux morceaux ne sont pas trop bon, on ne saurait dire qu'ils soient bien mauvais Il s'intéresse autant à la manière dont le peintre ou le sculpteur a traité le sujet de l'œuvre qu'au style de l'artiste. [...]
[...] Ainsi, il reprend souvent les opinions exprimées par les autres critiques qui en règle générale sont aussi déçus que lui de la qualité des œuvres proposées. Par exemple, la lettre sur l'exposition s'inquiète de la tournure prise par les artistes : Accoutumée à faire le petit, leur style tombe, malgré eux, dégénère bientôt en manière, et l'école se perd ».Tout ceci joue un rôle dans la diminution de longueur du Salon de 1769 puisque tous les critiques s'accordent à dire la même chose. [...]
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