Le détail

Résumé du document

Le détail possède, dans les arts une longue histoire : c'est ce souci de détail ou le détail qui gêne, qui surcharge. Le détail, de par sa définition, devrait passer inaperçu dans la totalité de l'œuvre, ce n'est, après tout, qu'un "détail". Le détail doit participer à la cohérence de l'ensemble, renforcer l'effet de réalisme, ou se lier à la symbolique.
Le terme « détail » peut avoir de nombreux sens. Il peut correspondre à la vente par petites quantités (commerce au détail), à un élément particulier d'un ensemble, à une énumération précise de quelque chose, ou à un élément secondaire, peu important.
Le problème qui se pose est le rapport du détail avec son ensemble, avec ce qui l'entoure : quelle influence a le détail sur son ensemble ?

Extraits

[...] Quelque chose peut être un détail parce qu'il est petit par rapport à l'ensemble quelques lignes dans un livre de quatre cents pages ou deux centimètres carrés dans un ou plusieurs mètres carrés), mais il peut aussi l'être parce qu'il n'est pas important (Le Robert donne d'ailleurs ensemble et important comme antonymes de détail Le détail peut desservir, ou distraire l'attention, en effet, sur une photographie, nous pouvons être plus attirés par un détail qui en dira long (sur les personnages, leur mode de vie, l'époque) que sur le sujet en lui-même. Nous pouvons ici nous rapprocher du punctum de Barthes. Dans La chambre claire (doc3), il nomme deux éléments qui suscitent son admiration de la photo : le studium (le goût pour quelqu'un ou quelque chose) et le punctum (la piqûre, un détail poignant). Nous allons ici nous intéresser au punctum. Le punctum est le détail qui attire. Barthes prend l'exemple de Lewis Payne. En 1865, le jeune Lewis Payne tenta d'assassiner le secrétaire d'État américain. [...]

[...] Antonioni. Thomas, un photographe, se promène dans un parc pour prendre quelques clichés, il photographie en catimini un couple mystérieux. Il va s'agir, alors, pour lui de recomposer la scène image par image pour comprendre ce qui perturbe tant cette femme, par ailleurs prête à tout pour lui reprendre la pellicule. La série de clichés qu'il développe lui montre qu'il existe une profonde différence entre ce qu'il croit voir et ce qu'il y a à voir. Il utilise les photos comme un rebus visuel et découvre un homme pointant une arme grâce aux agrandissements des photos, notons que Blow up signifie agrandissement. [...]

[...] L'image de cinéma peut déjà être considérée, avant toute opération du spectateur, comme un détail automatique. La valeur de plan propice au détail est le gros plan (plan de l'analyse psychologique) ou le plan serré (souvent utilisé pour mettre en valeur un détail du décor comme une carte de visite oubliée sur le lieu d'un meurtre). Eisenstein, dans ses mémoires à la suite de l'extrait donné, fait la relation du gros plan avec son ensemble, qui peut en changer la perception ou un détail au 1er plan est pris à une telle échelle qu'il domine toute la profondeur Edgar Poe, regardant par la fenêtre, voit soudain un monstre gigantesque ramper sur les sommets d'une chaîne de montagnes plus loin. [...]

[...] Cet aspect du détail, nous pouvons le rapprocher du détail en peinture selon Daniel Arasse, auteur du livre le détail, qui traite du détail qui nous touche et qui nous affecte. Pour rester sur la photo, nous allons prendre l'exemple d'une photo de Delpierre : Shanghai (doc9). Elle montre un geste anodin d'une jeune femme (semblant se frotter l'œil), avancé au 1er plan. Ce n'est pas Shanghai que l'on voit comme l'indique le titre, mais un simple geste, plus important que la femme en elle-même puisqu'elle est de dos. Il photographie Shanghai selon sa perception. [...]

[...] Cette analyse du détail peut avoir un impact différent selon notre manière de le regarder. III) Ce qu'on appelle détail peut varier d'une personne à l'autre, d'un moment à l'autre et d'une société à l'autre. Ce qui est un détail pour moi n'en est pas nécessairement un pour vous. Le détail est cet élément qui nous préoccupe. La personne devant un tableau s'arrête sur un détail, sur quelque chose qui lui est apparu sur la toile, et que le peintre a ou n'a pas intentionnellement placé. Quelque chose nous point suspendant tout le reste. [...]